Expulsion de Leonarda : Valls, un homme bien seul

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Fabienne Cosnay avec agences , modifié à
Le ministre a été contraint d'ouvrir une enquête interne. Le gouvernement prend ses distances.

Valls assume en solo. C'est contraint et forcé que Manuel Valls a dû se résoudre à lancer une enquête administrative pour éclaircir les conditions dans lesquelles Leonarda a été interpellée juste avant son expulsion, le 9 octobre. Mardi soir, le ministre de l'Intérieur avait assuré appliquer "avec fermeté les décisions d'éloignement tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des étrangers qui font l'objet d'une mesure d'éloignement". Mercredi matin, après les réactions indignées d'une grande partie de la gauche, le locataire de la place Beauvau a laissé Matignon annoncer l'ouverture d'une enquête sur les "conditions d'éloignement" de la collégienne Kosovare.

Mais alors que l'exécutif prend ses distances en attendant les résultats de cette enquête, Manuel Valls entend s'en servir pour clore la polémique. "Je comprends toutes les émotions" suscitées par cette action, mais "cette reconduite à la frontière s'est déroulée dans le respect du droit, dans le respect des personnes", a répété mercredi le ministre en marge d'un déplacement à Lorient.

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Peillon prend ses distances. A la sortie du Conseil des ministres, mercredi matin, Vincent Peillon a reconnu avoir été choqué par les conditions d'interpellation de Leoanarda. "Il y a des règles de droit et puis il y a des principes qui sont ceux de la France. La sortie scolaire, c'est de la scolarité", a rappelé le ministre de l'Education."Je demande donc qu'on sanctuarise l'école, qu'on garde nos principes de droits et nos principes d'humanité à l'avenir", a insisté Vincent Peillon. "Je souhaite que ce genre de situation ne se renouvelle pas", a-t-il conclu. "Bien sûr, ce n'est pas anodin qu'un véhicule de la police aux frontières vienne chercher une collégienne devant des élèves, mais il n'y a eu aucun usage de la coercition, ce n'était pas une course poursuite ni une arrestation", s'est défendu son collègue à l'Intérieur.

Hollande temporise. François Hollande, lui, demande le temps de la réflexion avant de s'exprimer sur l'affaire. Précisant que "l'affaire n'avait pas été évoquée" en Conseil des ministres mais lors d'une conversation entre le président, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et elle-même, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a relevé qu'il "y a des divergences d'appréciation sur la façon dont les choses se sont réellement passées" et qu'une enquête devait faire la lumière sur le déroulement des faits. "Il nous appartient d'y voir plus clair avant de commenter les faits", a conclu François Hollande.

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Ayrault contredit Valls. Alors que Manuel Valls ne cesse de répéter depuis mardi que le droit a été respecté dans cette affaire, Jean-Marc Ayrault semble visiblement beaucoup moins convaincu. A l'Assemblée, le Premier ministre a pris soin de souligner que les enfants devaient être protégés "au sein de l'enceinte scolaire", ce qui inclut les sorties scolaires. Pour la première fois, Jean-Marc Ayrault a aussi évoqué l'hypothèse d'une possible faute. "En fonction des résultats de l'enquête (...), je prendrai toutes les responsabilités qui s'imposeront le moment venu", a déclaré le chef du gouvernement. "S'il y a eu faute, l'arrêté de reconduite à la frontière sera annulé, cette famille reviendra pour que sa situation soit réexaminée en fonction de notre droit, de nos principes et de nos valeurs", a-t-il ajouté. Réponse dans 48 heures.