Dernier round avant le remaniement

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avec Jérôme Chapuis et agences , modifié à
Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont vus samedi. Les consultations se poursuivent.

Le président Nicolas Sarkozy a ouvert samedi en fin de matinée les consultations en vue du remaniement du gouvernement prévu lundi. Il a reçu son Premier ministre, François Fillon, en fin de matinée pendant 1h30. L'hypothèse de sa reconduction semble désormais acquise.

D'autres ministres ont également été reçus. Jean-Louis Borloo s'est entretenu avec le président de la République dans l'après-midi. Le ministre de l'Ecologie avait déjà vu François Fillon vendredi.

D'après le Figaro de samedi, Christine Lagarde serait maintenue à l'Economie, Brice Hortefeux à l'Intérieur, Luc Chatel à l'Education, François Baroin au Budget et Bruno le Maire à l'Agriculture.

"Si je peux être utile je le serai"

La fébrilité gagne la droite. Alain Juppé, l'actuel maire de Bordeaux et ancien Premier ministre, laisse entendre samedi qu'il pourrait entrer au gouvernement. "Je reconnais avoir dit le contraire il y a quelques années. Mais je pense qu'aujourd'hui nous sommes dans des circonstances politiques qui font que si je peux être utile je le serai", indique-t-il sur Europe 1, précisant par ailleurs qu'il ne compte pas démissionner de son fauteuil de maire : "il y a des maires de grandes villes qui sont également ministres."

Un remaniement pour le début de la semaine

Le remodelage devrait intervenir lundi, selon plusieurs sources au gouvernement et à l'UMP. Le président devrait s'exprimer dans la foulée, jeudi, à la télévision pour expliquer ses choix et exposer les derniers grands chantiers de son quinquennat. Pour l'interviewer : "Claire Chazal, David Pujadas et Michel Denisot", croit savoir le Figaro.

Raffarin fait entendre sa petite musique

Dans l'esprit de nombreux ministres et responsables de la majorité, l'issue de la course à Matignon devrait se solder par la victoire de François Fillon, qui a fait publiquement acte de candidature à un nouveau "mandat". Son principal concurrent et numéro 2 du gouvernement Jean-Louis Borloo a semblé jeter l'éponge mardi. "Il (Nicolas Sarkozy) m'a fait comprendre que ce ne serait pas moi (pour Matignon) mais jusqu'au bout, je veux y croire", a-t-il confié devant ses troupes, cité par plusieurs élus anonymes.

Il peut en tout cas compter sur le soutien appuyé de Jean-Pierre Raffarin. Dans un entretien au Monde publié samedi, l’ancien Premier ministre plaide pour un remaniement gouvernemental de rupture en France et se dit hostile au maintien de François Fillon à Matignon."J'apprécie la personne (de François Fillon). Il revendique la continuité, c'est légitime, mais cette ligne politique ne correspond plus à celle qu'il nous faut" indique t-il. Dans ce contexte, il considère que Jean-Louis Borloo serait le mieux placé pour incarner cette nouvelle phase. "Il en a toutes les qualités", assure Jean-Pierre Raffarin.

"Tout ça pour ça"

Malgré ce flou, ministres et patrons de la majorité se réjouissent de la fin annoncée de ce long épisode du remaniement, qualifié en coulisses au mieux "d'erreur" et au pire de "connerie" et qui n'en finit pas d'agiter leurs rangs. Mais à l'heure où la cote du chef de l'Etat reste au plus bas, certains redoutent déjà que ce changement ne fasse "pschitt".

De son côté, l'opposition dispose d'un boulevard pour critiquer ce remaniement : "Si nous en restons où nous en sommes, c'est à dire l'arrivée programmée de François Fillon, c'est une sorte de coup d'Etat !", s'est par exemple étonné Jean-Marie Le Guen, député PS, dans les couloirs de l'Assemblée. "C'est le Premier ministre qui s'impose au président de la République. C'est quand même quelque chose de relativement inouï sous la Ve République et qui montre la faiblesse de ce soi-disant hyperprésident", a poursuivi l'élu de Paris.