De Charette : un "débat politicien" sur l’islam

Pour Hervé de Charette, "les musulmans ne démandent rien"
Pour Hervé de Charette, "les musulmans ne démandent rien" © Europe1
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Assiya Hamza , modifié à
L’ancien chef de la diplomatie prône la voie du consensus comme sur la question du voile.

Hervé de Charette ne cache pas sa "franche hostilité" au débat sur la laïcité. C’est le moins que l’on puisse dire. L’ancien ministre des Affaires étrangères, désormais député du Nouveau Centre, a martelé mardi sur Europe 1 que le débat voulu par Nicolas Sarkozy était "une très mauvaise idée ".

"Il peut y avoir des problèmes mais on ne peut quand même pas ouvrir un débat sur la place de l’islam en France dans une période électorale avec l’idée d’une espèce de manipulation politique dont on espère qu’elle va convaincre des électeurs d’extrême droite de voter pour vous ", a déploré le député du Nouveau Centre.

"Les musulmans ne demandent rien"

Parmi les arguments avancés par l’ancien chef de la diplomatie française, le contexte international, déjà mis en avant par le député-maire de Nice Christian Estrosi vendredi au micro d’Europe 1. "Faire tout ça au moment où précisément les pays du sud de la Méditerranée sont engagés dans un chemin vers la démocratie" poursuit Hervé de Charrette n’est pas une bonne idée. "Ils attendent davantage qu’on les comprenne, qu’on leur tende la main".

Pour le président de la chambre de commerce franco-arabe, la question de la religion musulmane en France est une non question. "Après tout, les musulmans ne nous demandent rien. On ne voit pas de signes que la pratique musulmane en France crée de problèmes ", argumente Hervé de Charette. " C’est plutôt les musulmans qui en ont. Ils en ont parce qu’ils n’ont pas de lieu de prière, parce qu’ils n’ont pas de religieux pour s’occuper d’eux", développe-t-il. "Plutôt que de faire un débat politicien, si on veut en parler alors faisons comme on a fait pour le voile. Tachons de travailler pour trouver les voies d’un consensus droite gauche, de l’ensemble des forces, de mener une réflexion. Je comprends que c’est difficile en période électorale. Dans ce cas-là, faisons le en dehors de la période électorale", a t-il proposé.

Un débat polémique au sein même de l'UMP

Lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale mardi après-midi, le député Hervé de Charette, a interpellé François Fillon sur ce même thème.

"Il est nécessaire que nos concitoyens d’origine musulmane puissent vivre leur foi librement et dignement", lui avait rétorqué François Fillon dans l’hémicycle. "Et chacun sait ici que ça n’est pas toujours le cas et que ça n’est pas partout le cas sur le territoire de la République. La question des lieux de cultes est une question légitime. Nous avons le devoir d’aider nos concitoyens d’origine musulmane à résoudre".

Mais ce débat divise aussi au sein même de l’UMP. Certains trouve le débat inapproprié, d’autres le trouvent trop frileux. "Je crois comprendre qu’au sein de l’UMP, il y a pas mal de tensions entre les uns et les autres", constate Hervé de Charette. "Finalement, j’ai bon espoir, pour tout vous dire, que devant la pression des gens comme moi, des gens raisonnables qui essayent de dire que ce n’est pas la bonne solution de mener ce débat politicien dans ces circonstances, j’ai bon espoir que nous finissions par l’emporter. J’ai les meilleures espérances que finalement la sagesse l’emporte. C’est l’intérêt du pays".