DSK, nouvelle cible de l’UMP

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le parti multiplie les saillies à son encontre et veut le faire passer pour le "candidat des riches".

Jusqu’ici, DSK était plutôt épargné par les critiques de la droite. A l’UMP, on s’attachait au contraire à multiplier les compliments à l’égard du directeur du FMI pour souligner la qualité de son travail. Objectif ? Le pousser à entamer un deuxième mandat à la tête de l’institution financière, pour mieux l’éloigner de 2012.

Mais le bal des spéculations autour de la candidature de Dominique Strauss-Kahn a été relancé mercredi par une petite phrase d'Anne Sinclair, qui a déclaré au Point qu'elle ne souhaitait pas que son époux fasse un deuxième mandat à la tête du FMI. Des propos qui ont poussé l’UMP à revoir sa stratégie face à DSK.

"C'est quand même la gauche ultra-caviar"

Au sein du parti majoritaire, les critiques ont fusé tout le week-end. Avec un objectif : faire passer le directeur du FMI pour "le candidat des riches" alors que la majorité est confrontée aux polémiques sur les vacances de Michèle Alliot-Marie et de François Fillon. Premier à ouvrir le bal des attaques : le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche, s’interrogeant sur la capacité de Dominique Strauss-Kahn à rassembler la gauche. "C'est un bon candidat mais en même temps est-ce qu'il rassemble son propre camp ? Parce que c'est quand même la gauche ultra-caviar", a-t-il lancé. Avant d'insister : "Beaucoup de gens de gauche que je connais considèrent qu'il est de droite et pas de gauche".

Un credo repris par le patron des députés UMP Christian Jacob, jugeant que le directeur du FMI représentait "plutôt bien" les bobos, les électeurs "bourgeois-bohème". Et l’ancien agriculteur de conclure : "Ce n'est pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché".

"Tu seras mon paratonnerre"

L’entreprise visant à décrédibiliser la candidature de DSK avant même l’annonce de sa candidature aux primaires socialistes serait réfléchie depuis plusieurs mois à l’Elysée, selon une enquête du Nouvel Observateur. Le message à véhiculer est ultra-simple : le directeur du FMI est "bling-bling", beaucoup plus que ce qu’on a pu dire du président. Lors de leur dernière rencontre à l’Elysée, le 17 novembre, pour préparer la présidence française du G20, Nicolas Sarkozy aurait lancé à son plus sérieux concurrent dans les sondages, "Tu seras mon paratonnerre" (Dans une étude TNS-Sofres pour Le Nouvel observateur du 23 novembre, le directeur général du Fonds monétaire international était crédité de 62% des intentions de vote contre 38% pour le chef de l'Etat).

Une manière de signifier à DSK que l’image de "candidat des riches" lui sera entièrement dévolue lors de la prochaine campagne. Surtout, le directeur du FMI présenterait un gros avantage : il gommerait l’étiquette qui a poursuivi Nicolas Sarkozy au début de son mandat, de la nuit au Fouquet’s aux vacances sur le yacht de Bolloré. "Maintenant on ouvre une séquence et on tape sur la gauche" aurait aussi confié Jean-François Copé, la semaine dernière, lors d'une réunion UMP.

Officiellement, du côté du gouvernement, on continue à en appeler à la responsabilité de DSK, l’incitant à aller au bout de son mandat - qui court jusqu’en novembre 2012 - ce qui l’empêcherait de facto d’être candidat à la présidentielle. "Je trouve que c'est très bien qu'un Français soit à la tête d'une grande institution internationale. C'est mieux pour l'image de la France que ce Français conserve son mandat jusqu'au bout. Puisqu'il a pris un engagement qu'il le respecte", a déclaré, dimanche, le porte-parole du gouvernement François Baroin.

"Une rhétorique de l'extrême droite"

Les attaques de Jacob et Lellouche ont en tout cas déclenché l’ire du PS, qu’ils soient strauss-khaniens ou pas. "Dire que 'DSK' n'est pas à l'image de la France, c'est sous-entendre qu'il est un étranger, un apatride, membre du 'parti de l'étranger', voire malheureusement bien autre chose", a riposté Jean-Christophe Cambadélis dans un communiqué. Le porte-parole du PS Benoît Hamon a de son côté dénoncé "les relents très moisis" de la déclaration du chef de file des députés UMP. "Je trouve ces attaques profondément malsaines dans leur thématique. Cela ressemble un peu à une rhétorique de l'extrême droite de l'entre-deux-guerres", avait estimé un peu plus tôt Pierre Moscovici.

Copé enfonce le clou

Face aux réactions outrées des strauss-khaniens, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé ne s’est pas privé d’en rajouter, lundi matin, jugeant que DSK avait comme "énorme faille", celle de ne pas être en France "depuis de nombreuses années". "On ne peut pas construire comme ça, ex-nihilo, un projet pour la France sans avoir passé le temps nécessaire avec les Français pour comprendre les grands sujets (...)", a-t-il ajouté. La campagne ne fait que commencer…