Cassez : une libération, deux présidents

François Hollande et Nicolas Sarkozy ont eu une gestion diamétralement opposée dans l'affaire Cassez. Discrétion pour l'un, interventionnisme pour l'autre.
François Hollande et Nicolas Sarkozy ont eu une gestion diamétralement opposée dans l'affaire Cassez. Discrétion pour l'un, interventionnisme pour l'autre. © MAXPPP
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Rémi Duchemin, avec agences , modifié à
Le mérite de la libération de la Française est revendiquée par les deux camps. Et le ton monte…

Une affaire de présidents. Florence Cassez a été arrêtée sous Jacques Chirac, emprisonnés sous Nicolas Sarkozy et libérée sous François Hollande. Si le plus ancien des présidents ne s’est jamais vraiment emparé du dossier, ses deux successeurs se sont eux beaucoup plus impliqués. Du coup, à quelques heures de l’arrivée en France de la Française, emprisonnée pendant plus de sept ans, chaque camp revendique, à mots de moins en moins couverts, le mérite de l’événement.

Deux présidents, deux méthodes. Opposés dans leur style, leur comportement, leur appréhension du pouvoir, Nicolas Sarkozy et François Hollande l’ont aussi été dans leur gestion du cas Florence Cassez. L’ancien président avait choisi l’action quand son successeur a prôné la discrétion.

Nicolas Sarkozy s’était donc démené à grand bruit, multipliant les sorties médiatiques mais aussi les prises de contact avec le jeune prisonnière. "A un moment, la voix de la France a porté. Ce sont la justice et le volontarisme qui ont primé", a jugé Luc Chatel, ancien ministre de l’Education, jeudi matin sur France Info. Pourtant, cette stratégie, qui a eu le mérite de sensibiliser l’opinion française au sort de la  jeune femme, a aussi crispé l’ancien président mexicain, Felipe Calderon, devenu peu à peu inflexible sur le sujet.

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A mots couverts, Jean-Pierre Bel a critiqué cette attitude, préférant vanter la méthode de François Hollande. "Il y a eu un moment où on a tapé du poing sur la table, mais on a vu que ça n’aboutissait pas. Il a fallu s’adapter à la situation", a estimé le président du Sénat sur Europe 1. "Ce qui a été très important, c’est la rencontre en octobre entre François Hollande et Enrique Pena Nieto (le nouveau président mexicain, ndlr), qui n’était pas encore investi. Ça s’est extrêmement bien passé, et à partir de là, on savait qu’on était sur de bons rails", a-t-il poursuivi. "Le président Hollande a joué la carte de la discrétion, avec une méthode qui consiste à faire confiance à la justice mexicaine. C’était un pari risqué. Mais ça a payé."

Deux premières dames. En mars 2009, alors que la peine de la française a été ramenée en appel de 96 à 60 ans de prison, les parents de Florence Cassez, à bout, en appellent dans une lettre à Carla Bruni. Une semaine plus tard, le couple présidentiel se rend au Mexique et fait du sujet l’un des points principaux du voyage. Carla Bruni tentera même, en vain, de rencontrer la détenue. A partir de cette date, l’ex-première dame entretient des contacts réguliers avec la prisonnière, qui parfois dérangent les autorités mexicaines.

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De son côté, Valérie Trierweiler a adopté comme son compagnon une stratégie de discrétion. En octobre, l’actuelle première dame envoie pour la première fois un colis à Florence Cassez, contentant des livres, des produits de beauté et des chocolats. L’envoi deviendra régulier. Discrètement aussi, elle s’implique beaucoup auprès du comité de soutien, présidé par Jean-Luc Romero. "Valérie Trierweiler a joué un vrai rôle, avec beaucoup de modestie. Elle a fait ça avec beaucoup de discrétion et si on en parle dans les médias, c'est à notre demande", a-t-il assuré.

La famille ne tranche pas… Entre les deux présidents, la famille refuse pour l’heure de trancher. "Je trouve que Nicolas Sarkozy a très bien réagi et je n'ai pas changé d'avis depuis", a déclaré Charlotte Cassez, mère de Florence, sur iTélé, qui a aussi rendu hommage à l’actuel président. "On a tout de suite eu le soutien de François Hollande, qui nous a encore appelés cette semaine pour nous manifester son soutien, il m'a appelée aussi hier".

…Mais Florence penche pour Sarkozy. Incontestablement, Florence Cassez et Nicolas Sarkozy ont noué un lien particulier pendant plusieurs années. Après son départ de l’Elysée, l’ancien chef de l’Etat a continué d’appeler la détenue. Il l’a aussi eu au téléphone depuis Davos, mercredi soir après l’annonce de sa libération. A cette occasion, selon Charlotte cassez, la mère, Florence "avait demandé à Nicolas Sarkozy d'être présent à son arrivée à Paris et il répondu qu'il serait là". L’ancien président ne sera finalement pas là. "Ils sont convenus tous les deux de se voir très, très vite, de façon privée, mais pas à l'aéroport", a-t-on affirmé dans l’entourage de Nicolas Sarkozy.

Quant à François Hollande, il s’est dit prêt à recevoir Florence Cassez "si elle le souhaite et selon son état de santé", selon un proche du chef de l’Etat.