Cantines : Marine le Pen veut "interdire l'interdiction" du porc

Steve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, et Marine le Pen.
Steve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, et Marine le Pen. © MAXPPP
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La patronne du Front national s'est offerte sa première polémique post-municipales, vendredi.

Une semaine après le second tour des municipales et l'élection de 11 maires FN, Marine le Pen s'est offerte une première polémique. Le sujet : la présence de porc dans les menus des cantines, sur lesquels les maires ont la main.

La phrase polémique. "Nous n'accepterons aucune exigence religieuse dans les menus des écoles", a déclaré la présidente du Front national sur RTL, alors que des auditeurs l'interrogeaient sur les mesures que comptait mettre en place le FN dans les villes qu'il a gagnées. Les maires frontistes rétabliront-ils des menus avec porc s'ils ont été supprimés dans les cantines ? "Exactement", a répondu l'eurodéputée. "Il n'y a absolument aucune raison pour que le religieux entre dans la sphère publique, c'est la loi".

La levée de boucliers. Il n'en fallait pas moins pour entraîner une levée boucliers, de nombreux commentateurs ayant compris que la patronne du FN souhaitait supprimer les menus de substitution sans porc. "Marine Le Pen fait de la laïcité à l'envers", a ainsi réagi le PCF dans un communiqué, dénonçant "une offensive anti-musulmans à peine masquée". "Edicter cette règle, c'est priver des enfants de repas pour faire exercer un odieux chantage contre leurs parents", a renchéri le responsable communiste en charge de la laïcité, Pierre Dharréville.

Interdire l'interdiction. Mais la patronne frontiste s'est empressée de réagir, sur Twitter : "Polémique artificielle : il s'agit d'interdire l'interdiction du porc dans les cantines", argue-t-elle, parlant encore de "polémique inutile car il y a toujours deux menus !" En clair, Marine le Pen ne souhaite pas interdire tous les menus sans porc. Mais elle refuse que les menus avec porc soient prohibés.

Cela est-il vraiment déjà arrivé ? Si la pratique est peu courante, certaines municipalités semblent limiter drastiquement la présence de porc dans les assiettes des écoliers. "À Lille (Nord), en septembre, pas un gramme de porc n'est entré dans la composition des menus. Même chose, sur la même période, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), et à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). À Marseille (Bouches-du-Rhône), aussi, le porc ne tient plus le haut de l'assiette. Sur six semaines, il n'apparaît que deux fois", écrivait, en octobre dernier, Le Télégramme, dans une enquête intitulée "le porc déserte les assiettes".

Mais le communautarisme n'en est pas forcément la raison. Les communes agissent en effet, souvent par soucis d'économie et de gestion : proposer deux menus aux élèves, ça coûte plus cher, et demande deux fois plus de travail en cuisine.