Canicule de 2003 : Mattéi se pose en "bouc émissaire"

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Fabienne Cosnay , modifié à
EXCLU - L'ancien ministre de la Santé estime avoir été sous-informé pendant la crise. Et injustement sanctionné.

INTERVIEW E1 - L'ancien ministre de la Santé Jean-François Mattéi est revenu jeudi sur Europe 1 sur la gestion de la canicule en 2003. Dix ans après, et alors que les critiques ont pointé une communication totalement ratée du ministre, quels souvenirs en gardent- t-ils ? "Il y a eu un double sentiment, à la fois d'incompréhension et d'injustice", s'est remémoré Jean-François Mattéi. "Au cœur de la crise, j'étais totalement inaudible. Il était impossible de dire quoique ce soit, il fallait un responsable, il fallait un bouc-émissaire et c'est moi qui ait joué ce rôle", a analysé le professeur de pédiatrie.

Pour rappel, Jean-François Mattéi payera cette gestion jugée ratée. Il sera remercié du premier gouvernement Raffarin, lors d’un remaniement ministériel. "J'étais plusieurs fois par jour en liaison avec mes administrations, il n'y avait rien qui remontait", a assuré l'ancien ministre de la Santé sur Europe 1.

Dans un livre paru en 2011, Les étés meurtriers. Les politiques ne prennent jamais de vacances, les journalistes politiques Jérôme Chapuis et Yaël Goosz estiment que la gestion politique de la canicule a marqué un tournant dans les vacances des ministres. L'interview de Jean-François Mattéi, le 11 août 2003, répondant aux questions de TF1 depuis sa résidence dans le Var en duplex, vêtu d'un polo noir décontracté, restera "l’une des plus grosses erreurs dans les annales de la communication politique", écrivent les deux auteurs. " On parle de personnes âgées en souffrance, de pic de mortalité, et qui voit-on au journal de 20 heures ? Un ministre bronzé, apparemment sous-informé, qui se contente d’annoncer la création d’un numéro vert sur la canicule", relataient-ils dans leur livre. Interrogé sur cette interview, Jean-François Mattéi a recunnu sur Europe 1 "une erreur de communication".