C’était le staff de DSK pour 2012

Selon un livre à paraître jeudi, DSK avait déjà planifié la composition de son équipe de campagne pour 2012
Selon un livre à paraître jeudi, DSK avait déjà planifié la composition de son équipe de campagne pour 2012 © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
- Fabius aurait dû être son directeur de campagne, révèle Le choc, à paraître jeudi.

"Ne jamais être là où les journalistes l’attendaient". Avant d’être arrêté, le 14 mai à New York pour agression sexuelle, Dominique Strauss-Kahn avait prévu une campagne discrète, "au-dessus de la mêlée". Mais le socialiste avait tout planifié, de l’annonce de sa candidature le 28 juin à la composition de son équipe de campagne chapeautée par Laurent Fabius, dévoilent David Revault d’Allonnes, journaliste à Europe 1, et Fabrice Rousselot, correspondant à New York pour Libération dans Le Choc New-York - Solférino, le feuilleton DSK, en librairie jeudi. Révélations.

SON ENTREE EN CAMPAGNE

LE moment - Selon les auteurs du livre, l’entrée en campagne de Dominique Strauss-Kahn était bien planifiée pour le 28 juin dernier, date officielle de l’ouverture des candidatures de la primaire. Après avoir démissionné quelques jours auparavant de son poste de directeur général du FMI, DSK aurait alors adressé une lettre à la première secrétaire Martine Aubry, dévoilant ses intentions. Dans la soirée, "le 20 heures de TF1 était évidemment envisagé par son équipe", écrivent les auteurs. L’annonce officielle de sa candidature se serait faite le lendemain, le 29 juin, certainement à Sarcelles, son fief. A noter qu’Aurélie Filipetti, députée de Moselle, lui avait proposé - en vain - de venir faire cette annonce à Gandrange,"ville emblématique des promesses non tenues du sarkozysme".

Une entrée en campagne, type "blitzkrieg" - L'agence de communication Euro-RSCG prévoyait ensuite, selon l’ouvrage, un départ en campagne éclair. Il s’agissait "d’avoir le maximum d’impact sur les quinze derniers jours de juin. Il tuait le match. François Hollande courait derrière", rapporte un des stratèges de l’équipe de DSK, cité dans le livre. Puis le candidat Strauss-Kahn en aurait fait un minimum pendant l’été, ne prévoyant que quelques apparitions et ne se rendant aux universités d’été de La Rochelle que le dernier jour. "L’idée, c’était de surprendre (…).Une campagne très pointilliste, comme les peintres, avec plein de petites touches", avait imaginé un cadre d’Euro-RSCG. 

SA DREAM TEAM

Son équipe de campagne - A la mi-mai, DSK avait évidemment déjà une idée précise de ce qu’allait être son équipe de campagne. Le livre révèle que le poste de directeur du staff strauss-kahnien était réservé à l’ancien Premier ministre Laurent Fabius qui aurait mis à disposition du candidat les réseaux Joxe et Quilès, anciens ministres de l’Intérieur. Laurent Fabius aurait également joué le rôle de charnière entre DSK et la première secrétaire du parti Martine Aubry. Cette dernière aurait, elle, eu le rôle de "co-animatrice de la campagne", selon les mots du député Jean-Jacques Urvoas.

De leur côté, François Lamy, lieutenant de Martine Aubry et Christophe Borgel, le secrétaire national aux élections et aux fédérations - "deux redoutables spécialistes de la manœuvre solférinienne, qui ont notamment été la cheville ouvrière de la conquête du parti pour Martine Aubry, en 2008" - avaient été choisis pour gérer "l’organisation, la logistique et l’opérationnel, notamment pendant la phase des primaires".

Très proche de DSK, Gilles Finchelstein, fondation Jean-Jaurès, aurait piloté "la partie intellectuelle du travail" et Guillaume Bachelay aurait été la plume du candidat. Autre fidèle du clan strauss-kahnien, Pierre Moscovici aurait été le porte-parole de la campagne. Et surprise : Benoît Hamon, représentant de l’aile gauche du PS et pourtant connu pour son opposition à DSK "était également dans le viseur du staff de DSK, qui appréciait son image et l’aurait volontiers mis en avant", écrivent les auteurs de Le Choc qui assurent que cet organigramme avait été discuté le samedi 7 mai, une semaine avant l’arrestation de DSK, dans un salon du Pavillon de la Reine, un hôtel de la place des Vosges. Durant deux heures trente, Dominique Strauss-Kahn, son ami Gilles Finchelstein et son lieutenant Christophe Borgel d’un côté, et Laurent Fabius et sa plume Guillaume Bachelay de l’autre, avaient alors réglé les détails de leur deal.

LE PROGRAMME DE SA CAMPAGNE

Se construire l’image de… "Roosevelt français" - "On devait proposer une nouvelle France. Le New Deal", explique un cadre de l’agence de communication Euro-RSGC, en référence à la politique interventionniste américaine lors de la Grande Dépression. En somme, selon les auteurs du livre, DSK s’apprêtait à faire une "campagne tout en paillettes", "destinée à vendre une sorte de Roosevelt français du XXIe siècle". Pour cela, Dominique Strauss-Kahn devait se placer au-dessus de la mêlée, "de ne pas tirer vers le bas par la polémique, n’avoir que des mots gentils pour François", rapporte un de ses amis politiques.

DSK à la ferme - Pour la campagne, le député Claude Bartolone, récemment devenu un de ses plus fervents supporters, avait conseillé à DSK "une campagne à éclipses". Ce que l’agence Euro-RSCG avait approuvé, rapporte l’ouvrage. Pour l’été, le député de Seine-Saint-Denis lui avait ainsi proposé  la formule : " ‘Il court, il court, le furet’ (…).Tu es là, mais personne ne te voit. Mais ce sont des témoins qui parlent de toi". Et Claude Bartolone avait assorti son concept d’exemples. Dont celui-ci : Dominique Strauss-Kahn passe "deux jours dans une ferme, chez un agriculteur de haute montagne. Personne ne le sait. Et le matin où il part, le mec va voir la presse et raconte comment il a reçu quarante-huit heures DSK chez lui !". Imaginez que l’agriculteur et son entourage aient attendu son départ pour aller "voir  la presse" sans dégainer son Smartphone est au demeurant aussi pittoresque que ce concept du candidat à la ferme.