Budget : le Sénat se rebelle (encore)

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Fabienne Cosnay avec Alexandre Kara et AFP , modifié à
Les élus communistes et UMP se sont alliés pour rejeter la loi de programmation budgétaire.

L'alliance entre sénateurs communistes et sénateurs UMP va-t-elle devenir la norme au Palais du Luxembourg ? Cette nouvelle coalition donne en tout cas du fil à retordre au gouvernement Ayrault. Comme pour le projet de loi sur les tarifs de l'énergie la semaine dernière, les sénateurs UMP, centristes et communistes ont de nouveau uni leurs forces, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour rejeter le projet de loi de programmation budgétaire 2012-2017, par 189 voix contre 152.

Or, cette texte est tout sauf anecdotique. La loi de programmation fixe en effet les objectifs du gouvernement sur la durée de la législature, notamment un déficit limité à 3% du PIB en 2013 et à 0,3% en 2017.

"C'est le retour à la IVe République"

Les sénateurs communistes ont justifié par "le refus de l'austérité" leur opposition à une loi "filleule du traité budgétaire européen". Ils ont aussi tenté de se démarquer de la droite, encore alliée de circonstance. "C'est une tout autre logique anti-libérale que nous portons", a assuré le sénateur Eric Bocquet.

"Ils nous font le coup de la nostalgie", a ironisé de son côté un sénateur socialiste, interrogé par Europe 1. "C’est le retour à la IVe République, l’époque des alliances communistes et gaullistes". Bruno Le Roux, le chef de file des députés PS, a lui aussi vivement réagi à cette nouvelle fronde des sénateurs communistes. "Je constate qu'ils ne sont pas dans la majorité gouvernementale. Ils votent avec nous sur un certain nombre de textes à l'Assemblée, mais c'est grave de ne pas voter le budget", a-t-il déclaré, sur France 2.

"C'est grave de ne pas voter le budget" :

Un bras de fer avec le gouvernement

Ce nouveau rejet au Sénat montre surtout qu'un bras de fer est définitivement entamé entre le gouvernement et les communistes. La gauche, avec ses quatre composantes - PS, écologistes, radicaux de gauche et Front de gauche -, ne dispose aujourd'hui au Sénat que de six voix d'avance. Un seul groupe peut donc suffire à mettre en difficulté le gouvernement.

Le Sénat de gauche risque paradoxalement de se retrouver dans la même situation que la Haute assemblée avait connue sous Lionel Jospin (1997-2002) où elle avait systématiquement torpillé les textes du gouvernement, à ce détail près, qu’à l’époque, le Sénat était à droite.