Bayrou : "nous sommes en guerre"

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et Alexandre Kara , modifié à
Le président du MoDem demande à Hollande de clarifier l’action de sa majorité.

Il était le plus alarmiste des candidats à la présidentielle. Le plus réaliste aussi, diront ses soutiens. Et sa parole est rare. Deux bonnes raisons d’interroger François Bayrou. Vendredi matin, invité d’Europe1, le président du MoDem est notamment revenu sur la dégradation de la situation économique.

La hausse du chômage. Jeudi, comme attendu, le ministère du Travail a annoncé une énième mauvaise nouvelle sur le front de l’emploi : le nombre de demandeurs d'emploi en novembre a augmenté de 29.300. "Ce qui est frappant, c’est que depuis 19 mois, les chiffres sont les mêmes et on s’habitue à les entendre. On fera ce qu’il faut lorsqu’il y aura une mobilisation nationale autour de la question de la production dans notre pays : industriel, agricole, de recherche, artistique et. C’est la seule chose qui peut créer de l’emploi", a estimé le président du MoDem, avant d’être plus alarmiste encore : "la situation est plus grave que ne le disent les chiffres car il y a aussi un chômage dissimulé et en prenant en compte cela, on arrive à au moins 8 millions de personnes en difficulté."

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La visite de François Hollande à Rungis. Jeudi matin, le chef de l’Etat s’est rendu dès l’aube au marché de Rungis pour saluer "la France qui se lève tôt." Le même François Hollande qui, sur Europe 1, critiquait avec force Nicolas Sarkozy quand ce dernier en faisait de même, en 2008…. "Je ne dis pas que c’est une erreur, c’est de la communication, comme d’habitude. On met en place des caméras et on crée l’image qui va occuper le 20h. C’est sympathique d’aller saluer ceux qui se lèvent tôt mais ce que je crains c’est que cela ait un air de déjà vu. Et j’ai peur que cela ne décourage les Français. Il ne faut pas en abuser", a analysé François Bayrou.

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L’action du gouvernement. Le chômage augmente, les prévisionnistes annoncent tous une croissance atone et le gouvernement peine à convaincre les Français de son efficacité. Au point que tous les ministres ont été invités à mettre entre parenthèse le concept de "vacances de Noël". Le constat de François Bayrou  est acide : "il y a une chose à faire : que l’ensemble du pays soutienne ceux qui créent en son nom : les entreprises, les créateurs d’entreprises, ceux qui déposent des brevets etc. Je suis persuadé que François Hollande a ça à l’esprit, il se rend bien compte de ce qu’il se passe."

Mais il y a un mais : "on manque d’une clarification de la ligne au sein du gouvernement. Il y a deux lignes qui s’affrontent (…) On n’y voit pas très clair et les membres du gouvernement tirent chacun dans leur sens. Ceci n’est pas favorable alors que nous sommes dans une guerre contre notre effondrement économique et contre l’explosion du chômage. Cette guerre ne fait pas de morts sanglants mais elle fait beaucoup de morts moraux dans les familles, les couples", a estimé le centriste.

Florange. C’est l’un des symboles des erreurs de communication du gouvernement, avec un Arnaud Montebourg désavoué publiquement par son Premier ministre. Et un syndicaliste emblématique, Edouard Martin, qui a écrit une lettre ouverte à François Hollande pour pointer les "mensonges, absurdités et vérités" dans ce dossier où, selon François Bayrou, "il y a eu beaucoup d’illusion. On a fait croire que des solutions existaient alors que de l’aveu même du  Premier ministre elles n’existaient pas."