Ayrault et la déception antillaise

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et Camille Langlade, à Fort-de-France , modifié à
REPORTAGE E1- Le Premier ministre va se frotter à l’exaspération des Antillais, déçus par l’action de son gouvernement.

L’INFO. Il y a un an, la Martinique votait à 68% pour François Hollande. Aujourd'hui, c'est la désillusion, avec 20% de chômage dans les îles, soit deux fois plus qu’en métropole. C’est dans ce climat troublé que Jean-Marc Ayrault a atterri aux Antilles, mercredi soir, où il est visite pour trois jours.

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© Camille Langlade

Un hommage… "Il y a 5 ans, la France attristée perdait le meilleur des fils de la Martinique", a lancé le Premier ministre devant la mairie de Fort-de-France, à l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance Aimé Césaire. En présence des enfants du poète et de plusieurs ministres, il a dans la foulée inauguré l'"espace muséal" Aimé Césaire, situé dans son ancien bureau de l'hôtel de ville de Fort-de-France. Jean-Marc Ayrault a également rappelé l’œuvre du poète  à la tête de la mairie de Fort-de-France "pendant plus d'un demi siècle", lui qui a notamment  "remplacé les bidonvilles par des centaines de maisons".

… et des critiques. La venue du Premier ministre était attendu. Car personne dans le quartier dans La Batelière ne voit les effets de la politique du gouvernement : produits de base de un à deux euros plus chers qu’en métropole, stations essence en grève, rayons vides… Pour Annick, croisée dans les rayons presque vides d’un supermarché, "la bouffe est chère, tout est cher. Cela ne s’est pas du tout amélioré. J’ai juste acheté le nécessaire. Il n’y a plus de place pour le superflu."

"Je regrette Sarkozy". Même les partisans de François Hollande affichent une immense déception. La fin des aides décidées après les grandes grèves de 2009 a du mal à passer. Coiffure rasta et écouteurs sur les oreilles, Manuel ne touche plus le RSA temporaire, et c’est 100 euros de moins dans son porte-monnaie chaque mois. Ce jeune réalisateur de gauche s’en voudrait presque d’avoir voté Hollande : "j’étais content, cela faisait longtemps depuis Mitterrand. Et là, je regrette Sarkozy, je n’ai pas peur de le dire. C’est tendu, c’est la crise partout. Lorsque tu travailles une heure et que ton heure de travail équivaut à un tube de gel douche, ça ne va pas…"

Mais la goutte d’eau qui fait déborder le vase de la colère antillaise, c’est le mariage pour tous. Ce n’était pas la priorité. "Tout ce qui a changé, c’est qu’une femme peut épouser une femme, et un homme peut épouser un homme. Pour le reste, rien n’a changé…", regrette Thérèse, pour qui cette promesse du candidat Hollande était "loin d’être une priorité".