Affaire Leonarda : Hollande ne satisfait (presque) personne

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RÉACTIONS - L'extrême-gauche juge sa décision ignoble, le centre ne la comprend pas... et le PS alimente la cacophonie.
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L'INFO. François Hollande a tenté de satisfaire tout le monde dans le dossier Leonarda, cette collégienne interpellée pendant une sortie scolaire pour être ensuite expulsée. Le président de la République a repris samedi les éléments du rapport d'enquête, qui précise que cette expulsion a été "conforme" au droit, tout en donnant un gage à son aile gauche en proposant à Leonarda de revenir en France "seule". Mais en tentant de satisfaire tout le monde, le président s'est attiré une avalanche de critiques politiques. Un seul élément fait consensus parmi la classe politique : il faut raccourcir les délais de demande de droit d'asile.

L'extrême gauche dénonce une décision "ignoble". En pointe dans la mobilisation en faveur de Leonarda Dibrani, le parti de gauche et le parti communiste ont qualifié la main tendue par François Hollande d'acte de "cruauté abjecte". "La jeune collégienne est sommée par le Président de la République de choisir entre vivre en famille ou revenir seule en France poursuivre ses études. C'est d'une cruauté abjecte", a déclaré Danielle Simonnet, secrétaire nationale du Parti de gauche.

Selon le PG, cette position du président de la République est "contraire aux droits de l'Enfant consacrés par la convention du même nom, ratifiée par la France en 1990". "Qu'on arrête de nous bassiner avec le respect de la loi. Il faut la changer cette loi, elle est l'héritage de Sarkozy ! On l'a battu dans les urnes pour cela", a-t-elle ajouté. Un message relayé par le parti communiste, pour qui François Hollande a commis une "grave faute politique et morale" en demandant "à une enfant de 15 ans de choisir entre la France et sa famille".

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Harlem Désir en veut plus. Le parti socialiste a un peu plus brouillé le message présidentiel en réclamant un effort supplémentaire à François Hollande. En effet, le premier secrétaire Harlem Désir "souhaite que tous les enfants de la famille de Leonarda puissent finir leurs études en France accompagnés de leur mère". Ce dernier a néanmoins salué la "décision d'humanité" du chef de l'Etat et s'est réjoui "d'une instruction qui clarifie la sanctuarisation de l'école et des activités scolaires. L'école et les valeurs de la République en sortent renforcées".

"Incompréhensible" pour les centristes . La position de François Hollande est "incompréhensible tant en terme du respect de la loi que du respect de l'unité d'une famille", a réagi le président de l'UDI Jean-Louis Borloo. Et le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, d'ajouter : "une nouvelle fois, François Hollande ne se comporte pas en arbitre comme doit l'être un chef de l'Etat. Le sort de Leonarda, par cette proposition choquante, a été sacrifié sur l'autel des petits arrangements entre Manuel Valls et la majorité".

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L'extrême-droite redoute un appel d'air. Le Front national n'a, lui, pas insisté sur les risques de séparer une fille de sa famille, préférant rappeler "qu'il est évident que la famille kosovare tout entière doit rester au Kosovo, et que l'Etat doit empêcher son retour", selon le vice-président du FN, Florian Philippot. "Quelle est la légalité d'un tel retour, et cette décision fera-t-elle jurisprudence ? Comment envisager que cette fille vive seule en France sans un soutien public ? Cette décision sera en tout cas un signal extrêmement négatif qui va encourager l'immigration clandestine et compliquer les expulsions", a-t-il ajouté.

L'UMP s'y met aussi. La formation de droite s'est d'abord montré discrète. Laurent Wauquiez a dénoncé samedi "le degré zéro du sens de l'Etat. Le Président réussit le prodige de mépriser à la fois les lois de la République et de la famille. Comment peut-il croire un instant que Leonarda va revenir en France en laissant sa famille derrière elle ?" Jean-Ffrançois Copé lui a emboité le pas dimanche, estimant que "tout cela, cela fait monter le Front national et je ne laisserai pas faire ça". Et le président de l'UMP d'ajouter qu'il "faut réécrire complètement la politique de l'immigration en France".

Les Verts concluent le bal. Alors que François Hollande tentait de leur donner des gages, les écologistes ont finalement dénoncé à leur tour la décision du président de la République. Fustigeant des "propos inhumains et incompréhensibles", "EELV s'étonne que le droit à vivre en famille soit nié à ce point, au mépris des conventions internationales et demande que Leonarda et sa famille puissent revenir sur le territoire au plus vite".

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