Affaire Leonarda : "Hollande n'a satisfait personne"

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Fabienne Cosnay , modifié à
REVUE DE PRESSE - Une fois de plus, c'est la méthode Hollande, l'homme de la synthèse qui pose question. 

"Naufrage", "séquence dévastatrice", "amateurisme". Les quotidiens nationaux reviennent tous lundi matin sur la prise de parole de François Hollande depuis l'Elysée samedi pour commenter ce qui est devenu en cinq jours "l'affaire Leoanarda". Et les commentaires des éditorialistes, qu'ils soient de droite ou de gauche, sont féroces.

"La gauche paye ses fractures". "Pour le président et sa majorité, la séquence est dévastatrice", estime Eric Decouty dans Libération. "L'affaire Léonarda, attisée par une frange du bureau national du PS, amplifiée par les querelles gouvernementales et agitée dans la rue par les lycéens, a mis au jour les divisions profondes qui traversent la gauche sur la question de l'immigration. Car, plus que l'histoire de la jeune Kosovare et de sa famille - au dossier administratif accablant-, et plus que la guerre froide entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, c'est l'impensé socialiste devant un sujet de société majeur qui frappe aujourd'hui. Et l'éditorialiste de conclure, cinglant : "ce sont des années de carence et de lâcheté politique que François Hollande paye aujourd'hui. Entre une droite tirée sur son extrême et une gauche radicalisée, le prix pourrait être élevé", prévient-il.

L'éternelle "synthèse" Hollande. "L’histoire de France retiendra peut-être qu’un samedi d’octobre 2013, le président de la République est sorti de sa réserve pour prononcer un petit discours en même temps qu’un jugement de Salomon, à propos de l’expulsion de la jeune Kosovare Leonarda, permettant à celle-ci de revenir en France, mais sans sa famille. Elle retiendra surtout qu’une gamine de 15 ans a, depuis la ville kosovare de Mitrovica, envoyé sur les roses ledit président de la République", écrit Bruno Dive dans Sud-Ouest. Au delà de la séquence télé-réalité, c'est une fois de plus l'autorité du président Hollande qui pose question. "Ce genre de situation ne se règle pas comme une motion de synthèse au parti socialiste", poursuit-il. "A vouloir contenter tout le monde, François Hollande n'a satisfait personne" et cette affaire "a fait apparaître, dans un climat hystérique presque effrayant, l'état de déliquescence dans lequel se trouve la majorité", estime t-il.

"Un chantage inhumain". Avec ce titre, "Ta famille ou tes études", l'Humanité fustige "le chantage inhumain" de François Hollande. Le chef de l'Etat "voulait piéger l'enfant en lui donnant à choisir entre la France et sa famille ; c'est apparu comme une violation de la Convention internationale des droits de l'enfant dont la France est signataire et comme une inhumanité supplémentaire", écrit Patrick Apel-Muller.

"Naufrage". "Le Fiasco" titre Le Figaro. Dans un édito au vitriol, Alexis Brézet n'hésite pas à parler de "naufrage". "Dix-huit mois après l'élection de François Hollande, il nous aura donc été donné d'assister à ce naufrage", écrit-il, parlant de "l'échec cinglant d'une intervention présidentielle 'solennelle', motivée au départ par le souci d'enrayer la colère d'une poignée de lycéens et qui, à l'arrivée, n'aura pas même réussi à convaincre le premier secrétaire du Parti socialiste". Une référence aux propos d'Harlem Désir qui, samedi, a demandé "que tous les enfants de la famille de Leonarda puissent finir leurs études en France accompagnés de leur mère", ajoutant un peu plus de cacophonie dans la majorité présidentielle.

"Mi-chèvre, mi-chou". Enfin, Dominique Quinio dans La Croix estime que "l'affaire Leonarda donne une bien piètre image de la décision politique" (…) "La décision présidentielle, mi-chèvre, mi-chou, d'ailleurs rejetée par l'intéressée, frôle l'amateurisme", écrit l'éditorialiste, faisant référence à la proposition faite par François Hollande que Leoanarda revienne seule sur le territoire français.