«Les prisons sont devenues aujourd’hui une part de marché pour la criminalité» : un réseau de livraison par drones démantelé à Nantes
Les drones dans les prisons françaises représentent un casse-tête pour les autorités. Presque deux semaines après l’évasion de deux détenus de la prison de Dijon, qui avaient scié les barreaux de leurs cellules grâce à du matériel très probablement livré par drone depuis l’extérieur, un vaste réseau de livraison par drones aux prisonniers a été démantelé la semaine dernière à Nantes.
Les drones, nouvelle épine dans le pied des autorités. La semaine dernière, un immense réseau de livraison par drones a été démantelé à Nantes, deux hommes et une femme ont été placés en détention provisoire. Ils sont suspectés d’être impliqués dans au moins 400 commandes directement livrées par voie aérienne dans les prison de l’ouest de la France.
Des drones pilotés depuis les abords de la prison
Il suffisait de passer commande sur les réseaux sociaux : un simple message sur Snapchat permettait de convenir d'une livraison express. Portables, couteaux, lames de scie ou stupéfiants, les livraisons avaient lieu de jour comme de nuit.
Les drones peuvent porter jusqu’à 1 kilo et les narcotrafiquants n'avaient qu'à se rendre discrètement à quelques centaines de mètres du centre pénitentiaire pour téléguider les appareils. Pour Wilfried Fonck, surveillant pénitentiaire du syndicat UFAP UNSA, les prisons sont devenues des marchés à ciel ouvert pour les narcotrafiquants.
"Ces établissements sont aujourd’hui une part de marché pour la criminalité, qu’elle soit organisée ou non. On voit bien que ces livraisons par drones permettent d’obtenir non seulement des objets illicites comme les téléphones portables, mais surtout de pouvoir entretenir les trafics de stupéfiants à l’intérieur même des prisons françaises", a-t-il fustigé.
Un système pénitentiaire dépassé
Il dénonce un système pénitentiaire dépassé, qui traduit "le manque d’anticipation de l’administration pénitentiaire dans les menaces". "Cela fait une bonne vingtaine d’années qu’on est au courant que ces objets ont la capacité de pouvoir survoler nos établissements et qu’ils allaient représenter à terme une menace", a-t-il expliqué.
"Malheureusement ça n’a pas été anticipé et aujourd'hui nous n'avons pas la technologie et les moyens nécessaires pour pouvoir endiguer cela", a ajouté Wilfried Fonck. En effet, sur les 187 prisons françaises, à peine un tiers sont aujourd’hui dotés de brouilleurs anti-drone.