Stéphane Bern se sent "désavoué"

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Les licenciements de Didier Porte et Stéphane Guillon suscitent une vague de réactions indignées.

De Stéphane Bern, qui a appris l'éviction de son chroniqueur en direct, aux anciens humoristes de la station en passant par la gauche, les réactions se sont multipliées mercredi. Les licenciements de Stéphane Guillon, qui officiait pendant la matinale, et de Didier Porte, qui faisait grincer des dents au Fou du Roi et dans la matinale, passent mal.

Démission de Bern ?

C'est en direct, pendant son émission Le Fou du roi, que Stéphane Bern a appris l'éviction de son chroniqueur Didier Porte. "Nous vivons des moments pénibles. (...) Je vous soutiens", a-t-il immédiatement réagi à l'antenne. "Je croyais avoir obtenu de la direction de France Inter qu'il serait reconduit à la rentrée. Or j'ai appris (le licenciement de Didier Porte) pendant mon émission, c'est très violent. Ca me met dans une situation embarrassante. Quelles conclusions je dois en tirer ?", s'interroge Stéphane Bern. Selon le site Ozap, l'animateur serait prêt à démissioner. "Je le vis comme un désaveu personnel et je veux rediscuter avec ma direction pour savoir s'il est utile que je poursuive Le Fou du Roi à la rentrée", a-t-il expliqué au site Ozap.

"Nous ne sommes pas l'équipe de France"

Le SNJ de Radio France dénonce "l'autodestruction" du service public. "Politique de la terre brûlée, irrespect des auditeurs, entreprise d'autodestruction... Jusqu’où cette direction veut-elle aller ? Nous ne sommes pas l’équipe de France. Nous n’attendrons pas d’avoir touché le fond pour réagir", écrit le syndicat dans un communiqué.

Pour Guy Bedos, Jean-Luc Hees "a changé" depuis sa nomination par Nicolas Sarkozy à la tête de Radio France. "Je suis très peiné car j'aime bien Jean-Luc et j'ai de très bons souvenirs de liberté avec lui, mais il a changé", dit l'humoriste, qui se considère comme le "parrain" de Stéphane Guillon. "C'est un procès fait à l'humour politique. Ils (Jean-Luc Hees et Philippe Val, directeur de France Inter, NDLR) perdent la tête", ajoute Guy Bedos.

"La radio des années 1950"

"Virer un humoriste impertinent d'une tranche du matin pendant le pic d'audience, c'est toujours suspect", estime pour sa part Guy Carlier, qui a travaillé sur France Inter jusqu'en 2007. "Ca n'est pas sain de dire qu'il ne faut pas d'humoristes à telle ou telle heure. Ou alors on remet de l'inoffensif politiquement correct et faussement audacieux et c'est la radio des années 1950!", s'est-il insurgé.

La classe politique de gauche n'est pas en reste. "Le grand ménage pré-électoral a commencé", jugent les porte-parole des Verts, Jean-Louis Roumégas et Djamila Sonzogni, dans un communiqué. "Le rythme des abus de pouvoir s'accélère à mesure que la date butoir de 2012 se rapproche. La berlusconisation du paysage médiatique français n'est hélas plus une lointaine menace mais bel et bien une réalité".

Pour le NPA, ces deux licenciements témoignent "d'une remise au pas d'une station où apparemment la direction part en guerre contre la liberté de ton, de point de vue, d'expression au risque de tomber dans le soporifisme et le conventionnel." "Les moins de trente ans découvrent avec effroi ce qu'était le temps de l'ORTF où le président de la République se réserve le droit des nominations", ajoute le Mouvement des jeunes socialistes.