Rien ne va plus chez France Télévisions

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
ZOOM - Il n'y a pas que les mauvaises audiences qui plombent l'ambiance au sein du groupe public. Les motifs d'inquiétude s'accumulent.

C'est la pagaille à France Télévisions. Et pas seulement à cause des mauvaises audiences de la nouvelle émission de Sophia Aram sur France 2. Les tuiles économiques et sociales s'accumulent pour le groupe audiovisuel public. Revue de détails.

• Une fusion très coûteuse.Le Canard enchaîné révèle mercredi que le regroupement des différentes sociétés qui formaient France Télévisions pour former une "entreprise unique", un projet lancé en 2009, a coûté plus de 100 millions d'euros. Et certaines dépenses ont de quoi surprendre. Ainsi, un cabinet de conseil a touché 660.000 euros pour le "suivi de la réforme". La "mise en place du nouveau système de paie" a coûté 607.000 euros. L'ouverture du capital de la régie publicitaire se chiffre à 1,1 million d'euro… alors que ce chantier n'a finalement pas abouti ! Et pour le recrutement de "deux spécialistes en risques psychosociaux", France TV a déboursé 536.000 euros, écrit le Canard. Tout cela pour des économies réduites à peau de chagrin. Pire, selon un rapport parlementaire du 25 septembre, la mise en place de l'entreprise unique, "à ce stade, semble générer plus de "surcoûts" que d'économies".

16/10/2013 Sophia Aram capture France 2

© Capture France 2

• Des problèmes d'audience endémiques chez France 2. Autre polémique, qui ne s'éteint pas depuis la rentrée : les difficultés d'audience rencontrées par France 2, particulièrement sur la tranche d'avant-soirée (ou access prime time). Jusqu'ici tout va bien, la nouvelle émission de Sophia Aram (photo), qui plafonne à 4% de part d'audience, concentre les critiques. Mais comme le confie un cadre du groupe, "c'est facile de tomber sur la seule Sophia Aram, alors que cet access ne va pas bien depuis plusieurs années. De manière générale, les après-midi de France 2 sont à repenser intégralement". Pour l'instant, seul un ajustement a eu lieu sur l'access : l'émission culinaire Dans la peau d'un chef, elle aussi victime de mauvaises audiences, a été remplacée à 17h40 par des rediffusions d'On n'demande qu'à en rire.

• Mécontentement et inquiétude sur le management en interne. Certains animateurs n'ont pas hésité à attribuer publiquement les difficultés de France 2 aux décisions prises par la direction de la chaîne. On a ainsi vu Frédéric Lopez et Stéphane Bern se plaindre des choix de programmation de leurs émissions. Mais en coulisses, et dans l'ensemble du groupe, les critiques sont encore plus vives. "On entend ici et là des animateurs-producteurs se plaindre de la baisse de leurs émissions",  a raconté Gaëlle Placek, chef des infos à Télé-Loisirs, invitée mercredi du Grand Direct des médias sur Europe 1. "On a tous eu des appels de directeurs d'unités faisant part de leurs inquiétudes, mais également au sein de la base de France Télévisions, parmi les journalistes".

>> Regardez le débat du Grand Direct des médias sur les difficultés de France Télévisions :

• Une tension sociale forte. Autre grogne à laquelle la direction du groupe est confrontée, celle des syndicats. L'annonce d'un plan de départs volontaires portant sur 361 postes a aggravé le climat social, traditionnellement agité chez France Télévisions. Ce plan devait être présenté mardi lors d'un comité central d'entreprise, mais dès l'ouverture de celui-ci, les représentants des salariés ont quitté la salle, demandant le retrait du projet. Ambiance…

Boursier.com - "La question de la publicité sur France Télé doit de nouveau se poser", estime Rémy Pflimlin

• Qui pour affronter la crise ? Conséquence de cette accumulation de tuiles, les informations contradictoires se multiplient autour des réponses envisagées par Rémy Pflimlin, le PDG de France Télévisions (photo). Thierry Langlois, directeur des programmes de France 3, aurait ainsi été approché pour remplacer son homologue de France 2, Philippe Vilamitjana, mais aurait finalement refusé, selon La Lettre de l'audiovisuel.

Des rumeurs circulent aussi autour d'une reprise en main du groupe par son actionnaire, l'Etat, et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Selon Renaud Revel, rédacteur en chef médias à L'Express, invité du Grand Direct, "il a été décidé par Olivier Schrameck, président du CSA, de convoquer tous les 15 jours un responsable de France Télévisions pour mettre en place un comité de suivi". "Il se dit même que le CSA aurait rendez-vous avec François Hollande d'ici à la fin de la semaine", ajoute Gaëlle Placek, de Télé-Loisirs. Contacté par Europe1.fr, le CSA dément cependant la tenue d'un tel rendez-vous. Il n'empêche, les pouvoirs publics ont des raisons de s'inquiéter pour une entreprise qui devrait, selon BFM Business, perdre 133 millions d'euros sur l'année 2013.