Cinéma : Le Figaro privé de projections presse

La société Gaumont interdirait ses projections presse à certains journalistes (photo d'illustration).
La société Gaumont interdirait ses projections presse à certains journalistes (photo d'illustration). © MAXPPP
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POLÉMIQUE - Les journalistes du quotidien ne sont plus invités à voir les films des distributeurs Gaumont et Pathé, en raison de leur trop grande sévérité.

Un boycott. "Pas de tomates pour les navets", titre ironiquement un article publié ce week-end dans Le Figaro. Le sujet : l'interdiction faite aux journalistes du quotidien d'assister aux projections presse de certains distributeurs de cinéma. La faute à des critiques trop négatives à l'égard de leurs films.

Bannis par Gaumont et Pathé. "Plus un critique de notre journal n'est convié aux projections de presse de leurs films", écrit ainsi Le Figaro à propos du distributeur Pathé. Les dirigeants de la firme n'auraient pas apprécié le peu d'enthousiasme du journal pour Supercondriaque, la nouvelle comédie de Dany Boon. Même traitement de la part de Gaumont qui, n'aurait pas aimé que Le Figaro illustre un dossier sur la faiblesse des scénarios du cinéma français avec des photos du film Mea Culpa, que l'entreprise a distribué, ou encore la critique de La Belle et la Bête, raillé par le journal.

La Belle et la Bête 930x620

"Nous n'étions pas les bienvenus". L'interdiction des projections presse, "une sanction à laquelle sont confrontés beaucoup de nos confrères", assure Le Figaro, qui souligne que certains journalistes participant à l'émission cinéma de Canal+ Le Cercle sont eux aussi privés de projection. "Cela s'est produit lorsque nous avons sollicité Gaumont et Pathé pour assister à des projections presse récentes, comme celles de Diplomatie et de Palo Alto. On nous a répondu que nous n'étions pas les bienvenus", explique François Aubel, rédacteur en chef culture au Figaro, contacté par Europe1.fr.

Mais les sanctions ne se limitent pas à l'interdiction des projections presse. Elles sont également financières. "Pathé nous a supprimé une publicité de La Belle et la Bête parce que nous n'en avions pas dit du bien. Et chez Gaumont comme chez Pathé, les demandes de partenariats sont au point mort", précise François Aubel.

Gaumont veut des "articles argumentés". Sollicités par Europe1.fr, les porte-paroles de Gaumont et Pathé n'étaient pas disponibles mardi matin pour vérification. Le Figaro a cependant interrogé la directrice générale de Gaumont, Sidonie Dumas, qui a dénoncé le comportement trop négatif des critiques. "Le cinéma français est malmené depuis plusieurs mois. À tort", se défend-elle, estimant que "le cinéma est un bouc émissaire". Si elle souligne que "Gaumont ne s'opposera jamais à des critiques négatives", Sidonie Dumas estime qu'"il faut que les articles soient argumentés". Pour elle, "beaucoup de critiques décrètent "c'est nul" avant même d'avoir vu le film".

"Ce qui manque aujourd'hui, chez les critiques, c'est un élan positif", déplore la directrice de Gaumont. "Chaque film est un prototype qui demande beaucoup de travail, d'argent et d'enthousiasme. Les rouages sont très fragiles et les attaques sont systématiques. Cela devient lassant". Sidonie Dumas évoque même une remise en cause du principe même des projections en avant-première dédiées à la presse. "Les critiques vont voir les films entre eux dans des conditions extrêmement privilégiées : projections privées et sans jamais payer leur place", rappelle-t-elle. "Peut-être faudrait-il qu'ils fassent comme les critiques de théâtre et aillent voir les films au milieu d'un vrai public ?"

"On nous reproche de vouloir la mort du cinéma français, ce qui est totalement faux", réplique le rédacteur en chef culture au Figaro. "Nous avons simplement envie de faire notre travail correctement, et notre travail, ce n'est pas d'envoyer nos lecteurs voir un film lorsque ça ne vaut pas le coup".