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"Ce qui me plait, c'est l'appropriation et la reproduction de choses de l'ordre de la banalité", déclare Jean-Charles de Castelbajac à propos de l'exposition Roy Lichtenstein.

Les principales déclarations de Jean-Charles de Castelbajac :

"Ce qui me plait, c'est l'appropriation et la reproduction de choses de l'ordre de la banalité. Il est l'un des papes du pop par cette appropriation. Il dit : "Cartoon is the symbol of modern age", il s'approprie cette iconographie populaire dès ses premières toiles pour en faire des œuvres majeures. Aujourd'hui, il reste qu'il nous appartient à tous un peu Lichtenstein : sa fidélité à ses couleurs primaires en font plus qu'un peintre, c'est presque une empreinte, une trace. Comme disait René Char, seules les traces font rêver."

"J'ai vu l'exposition, c'était assez bouleversant. Je tournais "Visite privée" pour Canal+, j'étais seul avec lui dans cette espèce d'immense cathédrale aux couleurs vives, intenses et pas criardes, qui sont le reflet de notre société. Il y a dans le travail de Lichtenstein quelque chose d'extrêmement cultivé, d'intellectuel. Il a une connaissance de l'histoire de l'art tout à fait extraordinaire. Visiter cette exposition, c'est rembobiner l'histoire de l'art et l'appréhender par le prisme d'un œil particulier."

Vous vous êtes inspiré de lui pour des robes...

"Absolument. Moi aussi j'ai toujours utilisé les mêmes couleurs primaires. Le pop-art a été pour moi fondateur : la dimension transversale de Warhol qui disait que tout était art ou celle de Lichtenstein. Je me suis senti très proche de cet art, par cette « immédiaticité », par la force, la présence qui fait partie de notre vie quotidienne, et qui cache aussi tourments et difficultés. Le pop-art, ce n'est pas que des couleurs primaires. La représentation de la femme américaine dans le travail de Lichtenstein, de l'anecdote, notre quotidien, notre solitude, l'appréhension de notre société au travers du prisme de notre Instagram, notre Facebook."

"Lichtenstein et Warhol sont à l'opposé ! Lichtenstein, une espèce de moine soldat qui vit seul dans sa caserne aux portes rouges, qui peint comme dans un cloitre. C’est un ancien GI qui a eu un choc devant la tapisserie de Bayeux, un francophile, il a même inventé un chevalet révolutionnaire qui tourne, il peut envisager son tableau comme une image ou une abstraction. Son point est une empreinte, comme un code ADN de ses toiles. Le fond, la forme, le trait, les couleurs. Warhol, lui, est un vampire de la société moderne, il aime le Velvet Underground, il est une œuvre d'art lui-même, tous les acteurs viennent dans son studio... Tout fait partie de son art, c'est tout a fait paradoxal. L'un est dans une « dévorance » de la modernité, l'autre est dans la réflexion, la réclusion. Lichtenstein s'en défendait : "Je ne fais pas de reproduction, je m'approprie". C'est ce en quoi il reste moderne. A la fin de sa vie, c'est troublant, c'est comme s'il rembobinait le film : des grandes toiles avec des femmes américaines blondes qui ont aussi des cheveux blancs, enfin j'ai vu ça dans ce prisme. 4.500 toiles, c'est un peu comme les témoignages d'un scribe du Moyen-âge qui transmet au travers du prisme de sa simplicité quelque chose d'essentiel, de l'ordre du spirituel."