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Hugues Moutouh nous dévoile les dessous de l'opération menée par le Raid pour interpeller Mohamed Merah.

Hugues Moutouh, auteur de « 168 heures chrono – La traque de Mohamed Merah » et ancien conseiller de Claude Guéant en charge de la sécurité nationale.

Ses principales déclarations :

 

Vous étiez sur place à Toulouse... Vous avez vu le film des tueries de Merah, il a fait vaciller le ministre de l'Intérieur...

"On voit ça à l'hôtel de Police de Toulouse avec Claude Guéant. Pas le film de la caméra GoPro mais celui des caméras de surveillance de l'école juive... Il a vacillé. En sortant, il était assez choqué, très ému, il a dit qu'il n'aurait pas dû regarder ces images"

Au départ du siège de Merah, les hommes du RAID pensaient que tout serait réglé en 15 minutes...

"Neuf fois sur dix, les interpellations notamment la nuit, du RAID et des unités d'élite, ça fonctionne ! Seulement, quand on arrive à 3h10 devant l'appartement, Merah ne dort pas ! On avait prévu d'attaquer à 3h pour l'interpeller, il devait se livrer à sa première prière à 4h. Il était dans son sofa, en train de regarder la télévision. Il entend des bruits de l'autre côté du couloir, voit que la lumière n'est pas allumée, il se dit : "Ce sont les flics qui viennent me chercher !" Il tire à travers la porte."

L'assaut ressemble à une scène de guerre...

"Il avait un gilet pare-balles sous sa djellaba. Il s'est retranché dans son appartement, une vraie zone de guerre de 38m² ! Une dizaine de personnes étaient là, et cinq snipers dans la rue pour couvrir en cas de problème. Il résiste : c'est d'autant plus simple pour lui que les forces de police ont mission de l'appréhender, l'interpeller, pas de tuer."

On lit que les choses auraient pu tourner au carnage : les armes de plusieurs policiers s'enrayent...

"Pendant l'assaut, à peu près 1/3 des hommes du RAID a vu son arme s'enrayer. Une question de calibre, un peu technique. Les hommes du RAID s'entrainent avec du 5.56 Otan, qui coûte beaucoup moins cher que les 5.56 Colt, il y a un effet de surcompensation avec le gaz, qui fait qu'un homme sur trois voit son arme s'enrayer. En intervention, on met des balles plus chères pour éviter de faire des dégâts, de tuer. On est dans le cadre d'une opération civile de police, pas militaire. L'objectif n'était pas de détruire l'adversaire."

"Ils sont montés à l'assaut, je rends hommage aux forces du RAID, à la police judiciaire, aux services de renseignement. Ils montent à l'assaut, on leur dit d'utiliser des pistolets avec des balles en caoutchouc pour maîtriser quelqu'un qui a tué 7 personnes dont 3 enfants"

 

Merah est mis hors d'état de nuire par un tireur d'élite...

"Dans le jardin avec un scar"

Vous êtes avec Claude Guéant, vous essayez d'approcher de l'appartement...

"Frédéric Péchenard, directeur général de la Police, nous dit de ne pas passer, que Merah a sans doute une ceinture d'explosif sur lui. Il avait une petite pochette qui contenait en fait des munitions. On s'approche et on voit son corps en bas de l'immeuble..."

Toute la crème de la police Française était là. Et Merah a pu sortir pour passer un coup de fil... Comment est-ce possible ?

"Les filatures, les surveillances, sont des opérations humaines ! Terriblement humaines, trop humaines sans doute ! Avec des failles, des défaillances, c'est la seule erreur dans cette affaire, qui est considérable, qui aurait pu être catastrophe, qui ne l'a pas été. Il faut le dire : c'est un succès pour la Police Française ! Ca ne se dit pas, ça ne se sait pas, c'est pour ça que j'ai ressenti le besoin de témoigner."