Martin Schulz : "Plus de dialogue sur les intérêts communs"

11:06
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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Martin Schulz, le président du Parlement européen, évoque la situation de l'Union européenne et plus largement du continent européen.

Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Martin Schulz, président du Parlement européen.

 

Ses principales déclarations :

 

France-Allemagne ce soir. Pour les Bleus ou pour la Mannschaft ?

"Je suis pour la Mannschaft ! Mais si les Bleus gagnent, c'est aussi juste qu'ils sont les meilleurs !"

USA et Russie éliminés, Chine absente, reste l'Europe et l'Amérique Latine... Un symbole pour le monde ?

"Ça montre que le monde change ! Les équipes africaines aussi... Ce n'est pas seulement l'Europe ou les USA qui dominent le monde..."

En cette année d'anniversaires de conflits, 14-18, 39-45... La mémoire va nous rapprocher une fois de plus...

"Oui, je suis profondément touché par ces dates de mémoire. Le 1er septembre, ça fera 75 ans que l'Allemagne a envahi la Pologne : Président d'un Parlement où des polonais sont à côté des allemands, c'est impressionnant ! Une raison de plus de se rappeler du passé européen."

 

Pour éviter que le continent soit à nouveau touché par des affrontements sanglants...

"Mais il est touché, permettez-moi de le dire ! Avec l'Ukraine ! Ce qui manque actuellement, c'est le dialogue : si on approfondit les intérêts communs, on peut toujours trouver les chemins pour sortir de ces blocages que nous avons actuellement."

Déjà à l'intérieur de l'Ukraine entre ukrainiens...

"Entre ukrainiens d'un côté, mais aussi entre l'Union Européenne et la Fédération Russe !"

Juncker va se représenter dans quelques jours devant le Parlement : allez-vous l'aider à avoir ou obtenir une majorité confortable ?

 

"Oui, pour deux raisons : j'ai lutté moi-même pour un résultat, que celui qui est à la tête devienne, après les élections, président de la Commission et pas après un deal entre 28 chefs de gouvernements. C'est un objectif, j'espère qu'on va convaincre la majorité de mes collègues de voter pour ce principe démocratique ! Et Juncker doit présenter un programme, surtout pour gagner les votes de la gauche, de lutte contre le chômage des jeunes, pour plus de croissance, de flexibilité... Donc je crois que si Juncker répond à ces défis avec des propositions efficaces, il va gagner une majorité."

Vous attendez de lui plus de souplesse, de la discipline mais moins d'austérité pour que l'Europe créé une dynamique de croissance et d'emploi...

"François Hollande et Matteo Renzi ont introduit lors de la dernière séance du Conseil Européen un programme qui a amené à un compromis entre les gouvernements européens. Les conclusions des derniers sommets européens vont dans la bonne direction."

 

Les 3% de déficit vont aux oubliettes ?

 

(Rires.) "Non, impossible, ils sont dans les traités, il faut les respecter ! Mais nous avons assez d'instruments pour réfléchir à quelles sont les flexibilités nécessaires aux Etats membres en stagnation économique pour la relance économique."

Donc plus de temps pour y arriver ?

"Si c'est nécessaire... On a besoin des investissements ! La relance économique dépend de la politique de la BCE."

Mario Draghi multiplie les mesures classiques ou exceptionnelles pour doper la croissance européenne. Vous lui donnez raison ?

"Oui absolument ! Il faut je crois surtout discuter que l'argent en Europe aujourd'hui est très bon marché ; les banques prêtent, ils empruntent à 0,15% mais ils ne garantissent en même temps, pas suffisamment, l'accès pour les PME au crédit, ça c'est un des plus grands problèmes pour la relance économique."

Matteo Renzi a dit hier : si l'UE faisait un selfie, quel visage verrait-on ? Celui de la fatigue et la résignation. Avec vous, Juncker, la volonté d'un certain nombre de pays, on verra d'autre chose ?

"Il a tout à fait raison ! Avec moi, je garantis un autre visage, un visage qui prend par exemple en considération le sort de simples citoyens, des chômeurs depuis des années..."

Vous avez été reçu par François Hollande : êtes-vous sur la même ligne en matière d'Europe ?

 

"Oui ! François Hollande lors du dernier sommet européen, avec Renzi et avec le soutien de beaucoup de Premiers ministres toutes tendances, a à mes yeux ouvert un nouveau chapitre du débat économique en Europe. Plus de démocratie, de transparence, de justice sociale : ce sont les trois choses pour lesquelles nous luttons ensemble !"

 

Vous avez été réélu avec une large majorité. Les eurosceptiques et europhobes ont tourné le dos pendant L'hymne européen à la joie. Vous continuerez à leur faire entendre cet hymne qu'ils le veuillent ou non ?

"Oui certainement ! L'hymne européen est notre hymne et tourner le dos ça veut dire prendre la direction de la sortie. C'est la bonne direction pour eux !"

Comment pouvez-vous paralyser la montée de l'extrême droite en Europe ?

"En montrant aux citoyens en Europe que ces eurosceptiques sont divisés entre eux, et au-delà, montrer que ces gens ne participent jamais au travail législatif au Parlement européen."

Vous ne calez pas Marine Le Pen avec ses 24 députés, elle qui dit vouloir détruire de l'intérieur le Parlement. Elle peut l'user, l'affaiblir...

"Et cela serait payé avec une indemnité considérable... Non, on ne va pas permettre à Marine Le Pen de détruire le Parlement européen de l'intérieur : elle reste ce qu'elle était, une force marginale au Parlement."

Parviendrez-vous à empêcher le Front National de former un groupe ?

 

"L'internationale des ultranationalistes, ça ne fonctionne pas ! Prenez l'antisémitisme permanant de Jean-Marie Le Pen d'un côté, et la politique pro-israélienne de Geert Wilders aux Pays-Bas... Ca ne fonctionne jamais !"

 

David Cameron a menacé de quitter l'UE. Ce serait une tragédie si le Royaume-Uni partait ?

"Ce serait dommage ! L'Europe est plus forte avec le Royaume-Uni, mais le Royaume-Uni doit comprendre qu'il est aussi plus fort avec l'Europe !"

 

Vous demandez à M. Cameron de bien choisir ?

 

"Oui ! S'il y a un référendum... S’il y a un vrai débat en Grande-Bretagne, pas ce débat idéologique de la presse M. Murdoch, mais s'il y a un vrai débat sur les avantages et désavantages, une large majorité des britanniques va voter pour rester dans l'UE."

 

Merkel a soutenu le SPD. Vous, avez un certain nombre de députés allemands, entendez-vous la crainte à Strasbourg d'une Europe allemande ?

"Ça n'existe pas l'Europe allemande ! La République Fédérale est un pays, un pays fort : si Angela Merkel me soutient comme socialiste à la tête du Parlement Européen, pour une fois elle a pris une bonne décision..."

Avec des écarts de puissance entre les uns et les autres, n'y a-t-il pas le risque de domination de l'Allemagne sur l'Europe ?

"Il y a toujours ce risque. Moi j'appartiens à ces allemands qui disent toujours : une Allemagne intégrée dans l'UE n'y est pas dominante. Ça c'est la solution pour l'Allemagne et l'Europe."

La Commission négocie avec les USA le vaste traité entre l'Europe et les Etats-Unis. Quel rôle aurez-vous à Strasbourg ? Rôle de contrôle, d'initiative, pour défendre les intérêts de tous les européens et nationaux de tous les européens ?

 

"La globalisation a besoin de règles : mais si elles mènent à une diminution de nos standards environnementaux, des consommateurs, de notre système juridique, je ne crois pas qu'il y aura une majorité pour le ratifier..."

Vous aimeriez bien un gouvernement européen...

"Nous avons un gouvernement européen mais il ne s'appelle pas comme ça ! C'est la Commission mais il faut que ce soit à 100% lié au Parlement Européen, contrôlé par le Parlement..."

 

La Commission dépend des gouvernement, des Etats...

"Exactement le contraire ! Vous m'avez posé la question sur Juncker : il ne peut pas devenir Président de la Commission sans l'aval du Parlement européen et le grand changement c'est que les chefs de gouvernement ont accepté la proposition du Parlement et pas l'inverse !"

 

A partir du 15 juillet, le chef du gouvernement européen sera Juncker...

"Exactement !"

Ce soir vous regarderez le match...

"Oui en famille, et je peux l'avouer : il y a vraiment deux cœurs qui battent chez moi. Si la France gagne je serais heureux aussi, mais tout d'abord je suis pour l'Allemagne..."