Jean-Vincent Placé : "Cette réforme fiscale est essentielle"

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Jean-Vincent Placé approuve l'initiative de Jean-Marc Ayrault. Et il ne souhaite pas que la majorité s'arrête à la fiscalité.

Jean-Vincent Placé, sénateur EELV de l’Essonne et président du groupe écologiste au Sénat

Ses principales déclarations :

 

Vous arrivez un pied dans l'opposition, l'autre dans le gouvernement, vous boitez un peu ...

"Je cherche une béquille, c'est ça ? (Rires.)"

Dans ces conditions, comment allez-vous avancer au même pas avec vos alliés socialistes ?

"On avance dans la loyauté, dans l'amitié et aussi dans le débat, c'est ça qui est important. En politique comme dans les familles : ce qui compte, c'est d'être loyal mais se dire les choses. Depuis 18 mois, on se dit les choses et je constate que ça a un certain écho ! Vous allez le dire je crois : le Premier ministre a décidé de lancer une réforme globale sur la fiscalité, c'est notamment un message que je porte depuis 18 mois ! Cette réforme fiscale est essentielle."

Vous avez conseillé à Jean-Marc Ayrault de reprendre en main, de déclencher des réformes, de supprimer le département, de remettre à plat la fiscalité...

"J'ai lu ça dans la presse, j'imagine que je ne suis pas le seul... Il y a quelques semaines, nous avons eu un entretien comme il arrive régulièrement entre le Premier ministre et les présidents de groupes parlementaires dont je fais partie... J'ai dit une chose très simple : quand on fait des réformes, on devient impopulaire. Vu le niveau d'impopularité que nous avons, autant y aller et faire les réformes que nous n'avons pas faites. J'en vois quatre principalement : la réforme des institutions, la réforme de l'Etat, la décentralisation avec la suppression des Conseils généraux, on veut faire des économies donc voilà une bonne idée, et la réforme de la fiscalité. Remettons tout à plat, les propositions du Président de la République, fusion impôt sur le revenu / CSG, impôt à la source dont on parle tout le temps, et fiscalité écologique remise à plat, dans un sens non-punitif et je suis tout à fait d'accord que ça doit être fait à périmètre constant."

La plupart des ministres ont repéré la manœuvre politique de Jean-Marc Ayrault. N'est-elle pas en train de faire pschitt ?

"Non, je ne crois pas. Nous avons eu les auditions la semaine dernière des présidents de groupes parlementaires..."

Donc elle aura lieu ?

"Il faut voir ça avec le Premier ministre. Je ne suis pas le Premier ministre"

 

Vous souhaitez qu'elle ait lieu avant la fin du quinquennat ?

"Il faut qu'elle ait lieu principalement pour le projet de loi de finances de l'année prochaine : fusion IRPP-CSG, impôt à la source dont on parle depuis trente ans, et remise à plat, fiscalité écologique."

 

Soutenez-vous les routiers, qui organisent des barrages filtrants en Ile-de-France, qui réclament l'abandon de l'écotaxe ? Dites-vous : plus d'écotaxe ?

"Non, pas du tout ! Ne serait-ce que pour eux : une partie du produit de l'écotaxe, un peu plus d'un milliard, était prévue pour rénover les infrastructures de transport, en particulier routier."

Vous dites au gouvernement : maintien de l'écotaxe ?

"Oui, oui... Il faut évidemment tenir compte de la donne et de la situation fiscale, et en particulier de la séquence de deux mois que nous subissons depuis le mot fameux du ministre de l'Economie lui-même, le ras-le-bol fiscal, ce n'était vraiment pas à lui de dire cela... Aujourd'hui on arrive à une impasse et à une prophétie auto-réalisatrice, oserais-je dire ! Quand on a les taux de TVA qui augmentent et qu'on arrive ensuite sur l'écotaxe après toutes les bourdes qui ont été commises et dites sur le sujet, aujourd'hui il faut vraiment une vraie remise à plat !"

 

Jean-Paul Bailly remet ce matin à Jean-Marc Ayrault son rapport sur le travail le dimanche... On parle d'un passage de 5 à 12 ouvertures exceptionnelles par an, et des garanties pour les salariés, le tout dans une loi-cadre. Vous la soutiendrez ?

"On va regarder le fond du texte, mais pour ma part je suis très attaché au repos le dimanche, c'est une lutte syndicale d'il y a plus d'un siècle. C'est une lutte qui a permis de réunir la République notamment avec la religion..."

 

Quand les salariés seront volontaires, qu'est-ce qu'on fait ?

"Oui mais on n'est jamais volontaire dans des situations de crise comme la nôtre ! Quand on me dit que ça va permettre la consommation car on fait le dimanche, ce n'est pas vraiment vrai... Quand on les gens n'ont pas d'argent pour consommer, qu'on soit samedi ou dimanche... La réalité, c'est qu'on passe à une société du tout-consommation, du tout-production, et moi je préfère la société du mieux-vivre, y compris du mieux-vivre en famille..."

Acceptez-vous un peu de souplesse ?

"Sur les zones touristiques et certains produits ça existe déjà, donc revenir encore là-dessus pour recréer un conflit et nuire au rassemblement du pays, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée."

Pour Martine Aubry, les règles actuelles sont "une digue qui ne doit pas reculer".

"Je me retrouve plutôt dans ce sentiment."

Elle crée un think-tank, "Renaissance." Pourquoi ? Etes-vous tellement proche du gouvernement que vous êtes associé au déclin de la France ? On a besoin d'une renaissance ?

"Oh, je ne suis pas sûr qu'il faille mettre des termes de façon aussi antinomique et en contradiction. En plus, je ne suis pas un déclinologue. En revanche, depuis 5 ou 6 ans, on a du mal à apprécier la mondialisation et à apporter un souffle au pays. Je pense que c'est ça, le propos de Martine Aubry."

 

Voyez-vous une éclaircie dans le ciel de François Hollande ? Le Président a t-il traversé le pire ?

 

"Ça c'est difficile à dire. Tout avoir mis sur la fameuse inversion de la courbe du chômage... Je ne suis pas sûr que c'était ça... C'est bien sûr la priorité, mais tout concentrer sur ce sujet... Au niveau des réformes, Etat, institution, fiscalité, décentralisation, il y a encore beaucoup de choses à faire. Sur les thèmes politiques que nous portons, on ne parle plus beaucoup d'éducation, de recherche, de culture... En plus, il y a une très bonne action de Vincent Peillon, d'Aurélie Filippetti... Voyez, je dis du bien des ministres du gouvernement ! C'est dommage qu'on se soit fixé sur cet objectif stricto sensu, ce qui fait qu'on ne parle plus que de cela, et la politique c'est bien sûr priorité à l'emploi mais aussi préparer l'avenir. Recherche, culture, éducation, écologie bien sûr... J'espère qu'il n'y aura pas seulement une éclaircie mais une nouvelle dynamique, un nouveau volontarisme pour cette deuxième partie du quinquennat !"

A propos des mauvais sondages de Cécile Duflot. Y'a t-il une part d'injustice ?

 

"Oui, oui, je pense que c'est injuste. C'est une excellente ministre, elle fait un boulot remarquable. La loi sur l'encadrement des loyers, sur la garantie universelle..."

Que devrait-elle corriger ?

"Je pense qu'elle subit, si j'ose dire, l'impopularité générale du gouvernement. Si on regarde, elle est encore nettement au-dessus du sentiment que les Français ont pour le Président lui-même. Donc ce n'est pas encore une telle impopularité... Mais c'est vrai que globalement les ministres les plus en vue sont peut-être, à part Manuel Valls allez-vous me dire, assez impopulaires..."

Et vous : vous êtes le moins populaire des principaux dirigeants Verts. Derrière Eva Joly...

 

"Et bien ça laisse une bonne marge de progression ! (Rires.)"

Qu'allez-vous changer ?

"Je n'ai pas de problème avec ça ! Les images se cristallisent, vous vous souvenez qu'on a demandé à François Mitterrand s'il n'était pas dérangé d'être l'homme le plus détesté de France. Il a répondu : "Ça me donne un jour l'espoir d'être le plus aimé !"

Emmanuelle Cosse est élue à la tête des Verts. Elle était votre candidate, on parle d'une Duflot-Placé bis...

 

"C'est désobligeant à son égard. C'est une femme autonome, responsable, de grande qualité. Vous verrez très rapidement que c'est une écologiste sincère, de conviction. Si nous l'avons soutenue, c'est parce qu'elle va mettre de l'ordre, de la cohésion dans le mouvement."

La toute récente naissance de votre fille va calmer son papa ?

"Je suis très calmé car je me suis réveillé à 4h45 et ça me fait très plaisir de vous parler de ma fille."