Emmanuelle Cosse : "L'écotaxe sera mise en place en 2014"

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

"Nous tenons à l'écotaxe et je pense qu'elle sera mise en place en 2014", affirme avec conviction la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts

Ses principales déclarations :

 

Hier soir, Jean-Marc Ayrault n'a pas parlé d'écologie... Ça ne vous pose pas de problème ?

"Non ! Il voulait surtout parler des questions d'emploi et de développement pour le pays, donc je ne suis pas choquée. Mais je pense qu'on peut néanmoins, dans l'écologie et notamment dans une nouvelle industrie tournée vers la production des énergies renouvelables, vers la rénovation des logements, trouver des solutions à la question de l'emploi. C'est ce qu'on lui dit."

Visiblement la fiscalité écologique, ça lui passe au-dessus de la tête...

"Pas du tout ! Je l'ai vu il y a deux jours, on en a parlé longuement, sur comment travailler là-dessus sur le début 2014. J'ai l'assurance que nous allons travailler sur ce sujet, et y compris que la remise à plat de la fiscalité, ça veut dire aussi supprimer certaines niches fiscales au profit d'autres systèmes de fiscalité, plus tournés vers l'écologie."

 

Quelles niches fiscales vont être supprimées ?

"C'est justement ça le débat. Il faut trouver ce qu'on peut mettre à plat dans la fiscalité pour aussi taxer les activités polluantes et arrêter de dépenser l'argent notamment sur le diésel..."

On a eu un petit exemple avec l'écotaxe : pas une franche réussite...

"L'écotaxe n'est pas une franche réussite quand on voit comment elle a été construite, notamment par NKM. Mais nous tenons à l'écotaxe, je pense qu'elle sera mise en place en 2014."

 

Vous êtes à peu près les seuls à penser ça, même au gouvernement...

"Non je ne crois pas. En plus, vous ne pouvez pas dire d'un seul coup : on arrête une fiscalité alors que, quand même... Je pense aux gens en Alsace qui subissent les contournements des camions allemands parce qu'il y a l'écotaxe en Allemagne, ils souffrent énormément de cela. Aujourd'hui, il y a besoin de taxer les poids lourds polluants et d'arrêter ce système où l'on délocalise les emplois pour envoyer des poulets être abattus en Allemagne parce que ça coûte moins cher. Il faut dire les choses franchement ! C'est une taxe poids lourd, on en a besoin ! On souffre depuis dix jours d'une alerte pollution en Ile de France, tout le monde est malade à cause de ça. Il faut reconnaître les choses en face. Que le système de l'écotaxe n'ait pas été bien mis en place, qu'il y ait eu des ratés, que peut-être la Bretagne a des difficultés car elle est très éloignée d'un certain nombre de centres économiques, ça doit se poser. Mais il y a une mission d'évaluation : j'espère qu'elle sera mise en place en 2014."

 

On entend le ras le bol fiscal. Vous le partagez ? Ou vous vous dites qu'il faut continuer à augmenter certains impôts, créer des impôts écolos, une TVA sur la pollution ?

"Je pense que beaucoup de gens ne comprennent pas le sens de l'impôt. Ce n'est pas une histoire de ras le bol fiscal mais de savoir à quoi sert l'impôt, pourquoi le paie t-on, ce qu'on a en contrepartie. Quand on a des services inégalés en France : Sécurité Sociale, hôpitaux, écoles, Justice, etc. C'est aussi lié aux impôts que nous payons ! A côté de ça, il y a un certain nombre de niches fiscales incompréhensibles ! La défiscalisation immobilière, investissements en Outre-Mer. Ça sert surtout à construire des logements vides et vacants, je peux vous les montrer ! On peut aussi discuter : ne faut-il pas faire évoluer une fiscalité construite il y a plusieurs décennies, qui n'est plus adaptée à notre monde ?"

Où faut-il faire des économies, selon vous ? La défense ? A t-on raison d'être en Centrafrique et au Mali ?

"Ne mélangeons pas deux questions. A t-on raison d'avoir une intervention militaire dans des pays en crise où la France a une histoire importante ? Là-dessus, même si nous ne partageons pas des positions très guerrières et militaires, nous pensons qu'il est important de répondre à un désastre humain. Ce n'est pas lié aux histoires d'économies. Après, excusez-moi mais on peut aussi se poser la question : pourquoi toujours faire des économies et ne pas s'occuper des recettes ? On a une vision très libérale de l'économie, qui n'est que sur les économies et jamais sur les recettes. On peut notamment travailler sur comment recréer de l'emploi dans  des secteurs en difficulté, recréer de l'emploi industriel, comment se lancer dans des secteurs d'avenir que sont les énergies renouvelables ou même la chimie. On parle tout le temps de l'Allemagne : il faut regarder ce qu'elle a fait sur des secteurs en pointe aujourd'hui, ou les Pays-Bas ou le Portugal sur des sujets que la France ne veut pas voir ! Sur les économies, on peut arrêter un certain nombre de projets inutiles comme l'aéroport Notre-Dame des Landes ou le Lyon-Turin !"

Ca ne va pas régler les problèmes d'économie du pays...

"Vous savez bien compte Notre-Dame des Landes ? 15 milliards."

Pour l'instant ça ne se fait pas, tout ça.

"Ca ne se fait pas mais c'est dans les budgets de la France !"

A propos de la circulation alternée. Faut-il aller plus loin ? Interdire les voitures dans les villes, créer les péages urbains ?

"Il y a plusieurs sujets. Sur la circulation alternée, je pense qu'elle est intéressante mais, là où ça ne va pas, c'est que des gens ont des véhicules non-polluants, les véhicules électriques. Il n'y en a pas encore beaucoup mais si vous voulez que les gens aillent vers ces véhicules, il faut aussi les y inciter, en pouvant rouler les jours de pics de pollution, montrer qu'il y a d'autres solutions aux véhicules très polluants."

 

"Sur les péages urbains, je suis assez dubitative : ce n'est pas ça qui va permettre de régler la question de la pollution, on va juste la déporter."

Comment on la règle, cette question ? Axel de Tarlé disait qu'en 2015 le charbon deviendrait la première des énergies...

"C'est un choix de facilité que font un certain nombre de pays, la Chine, l'Allemagne. Sur la pollution : c'est les véhicules diesel. On n'interdit pas : ils sont là. Comment diminuer le parc de diesel et donner aux propriétaires de véhicules diesel une aide avec des subventions et des crédits à des taux intéressants pour changer leur véhicule pour du moins polluant."

 

Le budget a été voté hier à l'Assemblée. Au Sénat, les Verts se sont abstenus. S'abstenir, c'est compliqué : est-on vraiment dans la majorité ?

"On est vraiment dans la majorité. Même si le vote a été différent, l'analyse de nos groupes à l'Assemblée et au Sénat a été très claire : c'est un budget qui marque des évolutions notamment en matière de fiscalité écologique, avec une contribution climat-énergie pour la première fois, l'évolution sur la rénovation. Sur d'autres sujets, ça ne va pas."

Ayrault pourrait se froisser...

"Il sait comme moi que les majorités au Sénat, y compris son groupe socialiste, ne votent pas toujours les projets de lois présentés. Nous sommes des partenaires loyaux. Nous sommes dans la majorité aujourd'hui ; nous jugerons à l'aune des réalisations 2014 si nous y resterons."

Votre porte-parole Julien Bayou prône une alliance avec le Front de Gauche, et une sortie du gouvernement. Le message n'est pas extrêmement clair...

"Il est porte-parole du parti, comme moi je suis secrétaire nationale, il défend les positions du parti."

 

Il a mis un chapeau sur ses convictions...

"Je ne pense pas ! Il peut avoir des opinions sur des alliances et appeler à une refondation de la gauche sauf qu'aujourd'hui il représente le parti comme je représente le parti. On a d'autres missions."

Vous avez une voiture de fonction ?

"Quand je me déplace loin, ouais."

A propos des PV de Jean-Vincent Placé, ça vous inspire quoi ?

"D'une part, il les a payés, relisez les dépêches AFP. Il les a payés en 2010 et c'est à lui d'y répondre. Par ailleurs, je lui ai toujours dit qu'il devait payer ses amendes et que c'était même inadmissible qu'il en ait eu. Je lui ai dit en tant qu'amie, pas en terme d'exemplarité."