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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Il faut faire attention et écouter la détresse de l'industrie agro-alimentaire bretonne car "de la violence peut naitre tous les débordements", alarme Pierrick Massiot.

Pierrick Massiot, président du Conseil régional de Bretagne

Ses principales déclarations :

 

Dans Ouest-France, Jean-Marc Ayrault explique que l'écotaxe est indispensable pour le pays, Bretagne comprise. La région va accepter l'écotaxe telle qu'elle est ?

"Non. Nous nous sommes exprimés la semaine dernière en séance plénière du conseil régional : nous demandons un moratoire s'il permet d'ajuster le dispositif. L'écotaxe doit être réformée pour ne pas peser sur les industriels, notamment de l'agroalimentaire qui, autour de la Bretagne et dans la Bretagne, ont du mal à investir."

Uniquement l'agroalimentaire ?

"Toutes les industries en profiteraient, si on obtenait le report de cet impact de l'écotaxe sur la distribution."

L'écotaxe poids lourd devient un impôt sur l'emploi ?

"Il y a une nécessite d'obtenir des financements pour désenclaver la Bretagne, l'écotaxe a ce but. Je ne peux être schizophrène : dire à la fois que je suis contre et demander que l'Etat finance les infrastructures..."

 

Demandez-vous des dérogations ?

"Il y en a déjà, sur la collecte laitière. Ce qu'il faut trouver, ce sont des exonérations généralisables, pas seulement sur la Bretagne."

 

La situation peut être explosive en Bretagne...

"Il faut faire attention. De la violence peut naître absolument tous les débordements. On sait en Bretagne, depuis les années 1960, que cette violence-là est parfois incontrôlable..."

Elle s'exprime entre les salariés de GAD, d'autres abattoirs, même entre salariés... Ils résistent aux propositions qui leur sont faites, vous les soutenez ?

 

"Que les salariés de GAD qui ont de grandes difficultés à imaginer leur avenir demandent à leurs employeurs de leur consentir des primes de licenciements à la hauteur des difficultés qu'ils vont rencontrer me paraît tout à fait normal."

Grand rassemblement breton le 7 novembre à Quimper. Vous y serez ?

"Je pense qu'il faut regarder quels seront les mots d'ordre."

Que réclame la Bretagne au Premier ministre ?

"L'aménagement de l'écotaxe pour la rendre supportable et ne pas empêcher les investissements des industriels, et nous demandons l'application du pacte d'avenir pour la Bretagne !"

 

Vous demandez une écotaxe aménagée ajustée pour la Bretagne ou tout le territoire ?

"Je crois qu'il n'est pas raisonnable de demander de nouvelles dérogations bretonnes : cela susciterait normalement les revendications d'autres régions. Je pense qu'il faut trouver un mécanisme national, celui que j'ai proposé à Matignon était le fait de reporter sur la distribution ce que le ministère des Transports lui-même reconnaît être une augmentation sur le produit fini de l'ordre de 0,1 à 0,4%."

 

Qui aurait à payer ? Encore le consommateur ?

"Si c'est une augmentation des produits de 0,1 à 0,4%, que ceci permet effectivement de dégager des moyens pour désenclaver la Bretagne, je pense que c'est logique."

Pourquoi visez-vous la grande distribution ? Qu'attendez-vous d'elle ?

"Dans les discussions que nous avons en permanence avec les industriels de l'agroalimentaire, nous savons que les négociations entre industriels et grande distribution aboutissent toujours à  un étranglement complémentaire et successif des industriels ! Il faut arrêter ! Si l'on demande aux industriels de se moderniser, il faut aussi qu'ils aient des marges !"

La grande distribution bénéficie d'une certaine façon du CICE, 3 milliards / an.

"Le comité de suivi du CICE a fléché les 3 milliards qui iraient sur le commerce. Je ne vois pas en quoi le commerce est vraiment marqué aujourd'hui par la concurrence internationale..."

 

Michel-Edouard Leclerc encourage à manifester contre l'écotaxe...

 

"Il y a beaucoup d'hypocrisie dans ce comportement ! En amont de tout cela, la grande distribution a largement contribué aux difficultés actuelles de l'agroalimentaire, notamment en Bretagne.  Je considère que les difficultés actuelles des comptes d'exploitation de beaucoup d'industries en agroalimentaire de première transformation, juste après l'abattoir, viennent des faibles marges que leur consent la grande distribution."

 

Il faudrait réorienter le CICE ?

"Je le demande. Le Premier ministre estime à 10 milliards en 2013 ou 2014... Dans le comité de suivi, il est fait mention de 20 milliards annuels, je suis convaincu qu'il est possible de récupérer un bon paquet de milliards pour réorienter le contrat de plan état-région sur les programmes d'investissements d'avenir et éventuellement sur l'appui aux collectivités qui investissent."

Automobile, électronique, abattoirs... Quels ont été les erreurs de la Bretagne ?

"Je crois que ce modèle de la relation entre agriculture, abattoir et première transformation doit être réformé. Par contre, il existe en Bretagne beaucoup d'industriels qui s'en sortent bien ! J'ai rencontré le patron des Gavottes de Dinan : il va investir énormément d'argent pour se développer, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain."

Vous comptez pour 2014-2020 sur la glaz économie...

"La glaz est un mot breton : le bleu, le vert et le gris. Le bleu, ce qui peut être en Bretagne l'axe d'un développement maritime, pêche, réparation navale, énergies marines renouvelables. Le vert, conjonction entre la transition écologique et la couleur des champs. Le gris, la matière grise, l'intelligence et les séniors !"

Les bretons risquent-ils de devenir anti-européens ?

"Je pense qu'effectivement les mots d'ordre qui circulent dans l'extrême-droite peuvent atteindre quelques personnes en Bretagne. Mais je sais que fondamentalement la Bretagne est très pro-européenne."

La peur de l'avenir et les violences peuvent-elles conduire vers l'extrême droite ?

"C'est la responsabilité des hommes politiques en Bretagne de faire attention à ces glissements possibles, il faut lutter contre cela, à nous d'être responsables."

 

Les bretons ne voteront pas Marine Le Pen ?

"Non, j'en suis convaincu."