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SAISON 2013 - 2014, modifié à

"Il faut que la fiscalité écologique avance" affirme Cécile Duflot sans pour autant critiquer le report de l'écotaxe dans une gymnastique dialectique.

Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement.
 
 Ses principales déclarations :
 
 Les otages libérés, un peu d'air dans l'actualité chargée pour le gouvernement...
 
 "Ce n'est pas une question d'air dans l'actualité ! C'est d'abord une question de grand bonheur pour leurs familles, pour eux, de satisfaction pour ceux qui ont œuvré à cette libération, et ça renforce la détermination d'aboutir à la libération des autres otages."
 
 Jean-Yves Le Drian dit qu'aucune rançon n'a été versée, vous le croyez ?
 
 "Je n'ai aucune raison de douter de la parole du ministre de la Défense, on lui a posé une question, il a répondu très clairement."
 
 Le gouvernement a reculé sur l'écotaxe. Vous, ministre écolo, ce matin, pouvez-vous nous dire, oui, je soutiens cette décision ?
 
 "Il faut d'abord comprendre ce qu'est la fiscalité écologique ! Elle existe dans d'autres pays européens, notamment en matière de transports, ça permet de faire en sorte d'éviter de transporter des marchandises inutiles, de faire évoluer le modèle, d'améliorer nos routes, de développer le fret, c'est son utilité. Je le dis : la fiscalité écologique est pertinente et utile quand elle permet de faire évoluer les pratiques. Ce n'est pas et ça ne doit pas être quelque chose de punitif et de supplémentaire. Qu'est-ce qui s'est passé avec la taxe poids lourds telle qu'elle a été décidée ? Vous faites référence à mon étiquette politique, à l'époque les écologistes s'en sont inquiétés..."
 
 Vous êtes toujours écolo ?
 
 "Bien sûr ! Je pense d'ailleurs que si on veut répondre à l'inquiétude de notre pays, à la crise sociale d'aujourd'hui, c'est par cette évolution du modèle ! En disant qu'on va réussir à produire mieux, consommer à proximité, éviter que des marchandises traversent toute l'Europe avec des conséquences sur la santé, qu'on va apporter des réponses aux gens qui ont besoin de travailler..."
 
 Soutenez-vous oui ou non le report de l'écotaxe ?
 
 "Je suis en train de vous répondre, mais vous me posez la question de mon engagement... Je le dis parce que nous sommes dans un pays fracturé, inquiet : il faut dire, comme on a pu le constater dans un certain nombre de secteurs, que l'écologie apporte des réponses notamment en matière d'emploi."
 
 "L'écotaxe : les modalités étaient visiblement inadaptées, elles ont rencontré une inquiétude forte qu'il faut entendre. Je crois que c'est toujours nécessaire et utile, et c'est la responsabilité des politiques d'être à l'écoute et pas droits dans leurs bottes. Je pense que c'est une bonne décision que le gouvernement soit à l'écoute de ce qui se passe dans le pays."
 
 Ce report lamentable pour France Nature Environnement, minable pour Bové, Mamère se dit atterré... Ce report est acceptable pour Cécile Duflot...
 
 "Ce que je dis c'est que d'abord il faut absolument avancer vers la fiscalité écologique, nous l'avons fait avec la contribution climat énergie. Le Premier ministre l'a dit très clairement : ce n'est pas un abandon, c'est une suspension pour travailler sur les modalités."
 
 On en connait, des projets qui ont été reportés et jamais appliqués...
 
 "Ça existe dans beaucoup de pays, dont l'Allemagne. Ça permet de dégager des milliards d'euros pour investir sur les infrastructures et notamment les infrastructures ferroviaires, donc on en a besoin. Ça a permis que les transporteurs ait de meilleures pratiques, avec des camions mieux chargés. Ce n'est une satisfaction pour personne de voir des camions traverser l'Europe, emmener des crevettes de la Mer du Nord, décoquillées au Maroc, et retraverser l'Europe dans l'autre sens. C'est ça l'utilité de la taxe poids lourds ! Ce n'est pas en revanche de poser des problèmes à ceux qui veulent travailler sur leur région ! L'objectif, c'est éviter qu'il y ait des licenciements en Bretagne dans la filière des abattoirs et que les porcs partent en camion dans les abattoirs européens comme en Allemagne !"
 
 Jean-Vincent Placé disait lundi matin : "Si le gouvernement cède, qu'il ne s'étonne pas de ne plus avoir d'autorité sur rien après"...
 
 "Il y a deux choses : la question de tout voir selon le rapport de force ! Il faut être capable de sentir le pays : aujourd'hui notre pays se sent de temps en temps brutalisé, inquiet, il a été beaucoup secoué."
 
 Il se sent surtout pas très bien tenu... La taxe sur l'épargne, l'écotaxe...
 
 "La question de la taxation des PEL : quand une situation est envisagée et qu'elle ne parait pas bonne, ne pas la prendre c'est plutôt un signe d'intelligence, c'est certain. Sur cette question de fiscalité écologique, le gouvernement a décidé d'en prendre le chemin ! Le Premier ministre l'a confirmé : c'est ce qui s'est fait avec la contribution climat énergie, c'est ce qui se fait avec la taxe poids lourds. Je le dis : c'est une fiscalité de substitution, on remplace des impôts qui ne permettent pas d'aller vers des comportement vertueux par d'autres. Simplement, quand la situation est très tendue, il ne s'agit pas de mettre de l'huile sur le feu. Là, la situation était très tendue."
 
 On pouvait le sentir en amont et ne pas réagir après coup...
 
 "Je le dis, un sujet m'inquiète : imaginer que dans notre pays des régions se montent les unes contre les autres. Je veux un pays uni. Le risque, c'est qu'on soit dans un pays qui se fracture, avec deux France qui ne se sentent pas écoutées, qui ont l'impression que certains sont décrochés. Je pense qu'il faut retisser des liens et apporter des réponses : des réponses à la fois écologiques et sociales, c'est ainsi que l'on construit l'avenir."
 
 Placé cogne comme un sourd contre le gouvernement depuis plusieurs mois, vous avalez toutes les couleuvres. Vous tenez plus à votre portefeuille de ministre qu'à vos convictions ? Même chez les Verts on se pose la question...
 
 "Non ! Je vous dis les choses : ce sont ceux qui ont le moins envie de voir des écologistes au gouvernement qui donnent cet argument, je le note, et ils n'ont qu'une envie, que les écologistes s'en aillent. La présence des écologistes au gouvernement n'est donc pas inutile et dérange certains ! Ca ne me gêne pas de déranger certains !"
 
 Vous avez l'impression de faire avancer vos dossiers ?
 
 "Oui ! La contribution climat énergie, la rénovation thermique, et ce rendez-vous essentiel devant nous : celui de la transition énergétique."
 
 Ecotaxe, diesel, on recule sur des sujets très importants...
 
 "Sur le diesel, je ne fais pas partie de ceux qui pensent que c'est uniquement en augmentant le prix du diesel qu'on résoudra ce problème ! C'est un problème de santé publique avec des conséquences sur la santé des enfants, avec l'augmentation des maladies respiratoires des enfants. Il faut prendre ce problème à bras le corps, mais aussi se rendre compte qu'un certain nombre de Français ont été conduits, poussés, à acheter diesel et qu'on ne peut pas dire du jour au lendemain qu'on va les empêcher. Je suis une écologiste qui veut engager la transition de ce pays, pas brutaliser les uns ou les autres."
 
 Vous ne vous posez à aucun moment la question de votre place au gouvernement ?
 
 "Bien sûr oui ! Il est légitime que la question se pose, mais le problème essentiel c'est l'action. Je reviens sur la transition énergétique : le Président a annoncé pendant la conférence environnementale qu'à l'horizon 2050 notre objectif est la division par 2 de notre consommation énergétique, objectif extrêmement important, il faut le traduire dans les actes, en économisant par exemple les énergies qui coûtent cher, le chauffage, agir pied à pied sur ces sujets est déterminant. Je suis écologiste depuis très longtemps, j'ai dirigé un parti écologiste pendant dix ans, ce n'est plus le cas maintenant, je préfère les moyens d'action aux moyens d'expression."
 
 Si l'écotaxe n'est pas mise en place dans 6 mois, un an, vous partirez ?
 
 "Ma culture n'est pas celle du chantage ou de l'ultimatum, mais celle de l'action, pied à pied. Faire baisser les loyers, encadrer les loyers : si nous y arrivons, si la loi est votée, assez rapidement à l'échéance de la rentrée prochaine, j'aurai le sentiment d'être bien plus utile qu'en critiquant, qu'en étant peut-être personnellement dans une situation plus confortable mais politiquement bien moins utile."
 
 François Hollande a t-il un problème d'autorité ?
 
 "Je ne suis pas de ceux qui considèrent que la politique est une façon d'exprimer une autorité virile ou que sais-je. Je crois que la capacité d'écoute, d'entendre, de trouver les moyens de faire avancer une société bloquée et inquiète, c'est déterminant dans l'exercice des responsabilités aujourd'hui."
 
 Comme Jean-Vincent Placé, vous appelez les lycéens... (Interrompu.)
 
 "Si vous voulez entendre Jean-Vincent Placé je vous propose de l'inviter."
 
 Vous êtes de la même famille politique...
 
 "Nous n'exerçons pas les mêmes responsabilités."
 
 Comme Placé, vous appelez les lycéens à défiler dans la rue lundi prochain pour le retour de Leonarda et sa famille ?
 
 "Je pense que la place des responsables politiques n'est pas d'appeler les lycéens à descendre dans la rue, c'est de respecter la jeunesse et de travailler à leur avenir. Je peux vous dire qu'en travaillant à la transition énergétique, en apportant des réponses à des questions qui vont être centrales pour les générations futures, j'espère être utile aux lycéens d'aujourd'hui qui seront les responsables politiques..."
 
 Vous ramenez tout à la transition énergétique...
 
 "C'est pas pratique, c'est l'essentiel ! La petite actualité qui chasse l'autre en 48h ne doit pas nous empêcher de réfléchir à l'avenir, à la suite. L'écotaxe : je trouve que c'est un concours de lâcheté et d'inélégance des responsables de l'UMP qui ont mis en place ce dispositif et aujourd'hui s'en lavent les mains ! Il faut de la constance et de la franchise en politique, ça implique d'être cohérent, constant, dans la durée, ne pas suréagir aux petits événements de la journée."
 
 Les tweets de votre compagnon, ça vous a gêné ?
 
 "J'ai déjà eu l'occasion de dire que peu de gens se posent la question de ce que pensent les compagnons des uns et des autres. Pour ce qui me concerne, je suis comptable de ce que je dis, ce que je fais, et moi seulement."