Affaire Uderzo : "Je suis devenu l'homme à abattre"

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INTERVIEW E1 - Bernard de Choisy, le gendre du co-créateur d'Astérix, a décidé de raconter la "véritable histoire" dans un livre, La Loi des Seigneurs. 

La "véritable histoire". Une plainte pour abus de faiblesse, une autre pour harcèlement psychologique…Sept ans après le début de "l'affaire Uderzo", le clan se déchire toujours, opposant le couple Bernard de Choisy-Sylvie Uderzo (fille du cocréateur d'Astérix) à Albert Uderzo et son entourage. Le gendre du dessinateur a décidé de raconter la "véritable histoire" dans un livre, La Loi des Seigneurs, à paraître le 17 avril aux éditions Michalon. Sylvie Uderzo en a signé la préface.

L'affaire éclate en 2007. En décembre 2013, Albert Uderzo avait décidé de rompre le silence, et de porter plainte contre sa fille et son gendre pour "violence psychologique". C'était seulement un nouvel épisode dans un conflit familial tout en rebondissements depuis 2007, date à laquelle Sylvie Uderzo et son époux Bernard de Choisy avaient été remerciés par les éditions Albert René, appartenant en partie à Albert Uderzo. Le co-créateur d'Astérix, inquiet de l'influence de son gendre, avait en effet pris la décision d'écarter sa fille de l'Empire Astérix, qui représente un enjeu financier de dizaines de millions d'euros.

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"On est dans l’enfumage complet". Bernard de Choisy revient au micro d'Europe 1 sur l'épisode de décembre, "très violent". Dans trois mois, il devra répondre avec sa femme, Sylvie Uderzo, de violences psychologiques sur Albert et Ada Uderzo, leurs beaux parents. "Le déclencheur de ce livre s’est confirmé ce jour là. On avait dépassé toute réalité, il n'y avait plus de vérité. On est dans l’enfumage complet. Il fallait absolument raconter la véritable histoire, depuis le début," confie Bernard de Choisy. 

"Ce n'est même pas une question d'argent", c'est ce qu'affirme l'auteur de La Loi des Seigneurs. "On a été, Sylvie et moi, des outils pour qu'une opération puisse se réaliser qui était, la cession de la maison d'Astérix créée par Albert, seul, qu'il avait prévu de transmettre à sa fille. Mais les problèmes se sont multipliés parce qu'autour, il y avait un certain nombre de personnages douteux qui se sont dits : c'est le bon moment pour se servir." L'auteur se défend de convoiter le moindre centime de la fortune d'Uderzo aujourd'hui. "On n'a jamais rien demandé de tel !" explique-t-il. 

Uderzo manipulé ? Pour son gendre, Albert Uderzo a été manipulé. "On lui a raconté des histoires", affirme Bernard de Choisy. "On a passé plus de 15 ans avec une vie de famille absolument formidable. On travaillait, on vivait ensemble, tout allait bien. Et puis tout à coup, raconte-t-il, "en 2007, Albert Uderzo a souhaité récupérer ses 24 albums dans sa propre maison. Une hypothèse qui aurait pu déranger le groupe Hachette, qui distribuait. A partir de là, tout s'est compliqué."

Un livre qui n'épargne personne..."Vous imaginez que s'il y avait le moindre début de preuves de tous les mensonges qui ont été avancés, je n'aurais pas écrit un livre", avance Bernard de Choisy en gage de sa bonne foi. Dans son livre, le gendre d'Albert Uderzo n'épargne personne, pas même le juge Courroye. Paranoïaque Bernard de Choisy ? "Pour nous il n'y a pas de complot", affirme-t-il, "il y a juste un réseau d'influence très puissant, qui s'est bien organisé." Jusqu'au procureur dans cette affaire. 

...Et qui vise à recoller les morceaux. L'objectif de l'auteur aujourd'hui est de "défendre sa femme" et lui permettre de "retrouver ses parents" face à ce qu'il considère comme "un tissu de mensonges". Avec ce livre, Bernard de Choisy veut raconter toute la vérité, "à nouveau", devant "beaucoup de faits troublants, devant beaucoup de faits choquants", dit-il. "Moi j'ai une femme, qui a perdu son métier, sa raison de vivre et sa famille. (...) Il était important de "raconter la véritable histoire et d'expliquer que la véritable victime, c'est Albert Uderzo, qui a perdu sa société, son oeuvre et sa famille." Bernard de Choisy et Sylvie Uderzo espèrent aujourd'hui que "la justice ouvre les yeux et qu'elle prenne enfin la bonne décision, celle d'écarter un certain nombre de personnes douteuses, confie le gendre, "pour qu'Albert Uderzo "ait enfin la possibilité de respirer et de reparler à sa fille." Il tient aussi à défendre sa propre réputation. "Je pense que pour Albert et Ada Uderzo, c'est fini. D'un coup d'un seul, j'étais passé du gendre idéal à l'homme à abattre". Il veut tourner la page. "Pour moi, ce livre, c'est la fin de l'histoire."