Zimbabwe : le pire massacre d'éléphants depuis 25 ans

Le bilan des récents empoisonnements d'éléphants par des braconniers au Zimbabwe pourrait dépasser les 300 pachydermes tués.
Le bilan des récents empoisonnements d'éléphants par des braconniers au Zimbabwe pourrait dépasser les 300 pachydermes tués. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
Des braconniers ont empoisonné près de 300 pachydermes au cyanure afin de récupérer leurs défenses.  

L'INFO. C'est le pire massacre d'éléphants dans le sud de l'Afrique depuis 25 ans. Des braconniers ont empoisonné au cyanure près de 300 éléphants au Zimbabwe dans le parc national de Hwange, en l'espace de trois mois, rapporte le quotidien anglais The Telegraph. Une information confirmée par l'ONG Zimbabwe Conservation Task Force (ZCTF) sur place ainsi que plusieurs autres chasseurs avec permis qui ont découvert la scène alors qu'ils survolaient la zone.

"Nous ne pouvions pas en croire nos yeux. Nous pensions qu'ils avaient été abattus. Ils étaient trop nombreux pour être mort de faim ou de soif", raconte un des chasseurs qui a par la suite alerté les 50 rangers qui gardent le parc de 15.000 km², au sud des chutes Victoria. 

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Des lions, des vautours, victimes collatérales.The Telegraph a obtenu des photos particulièrement choquantes de la scène. On peut y avoir, depuis le ciel, le sol jonché de cadavres, la chair en décomposition, avec parfois leur éléphanteau mort à leur côté. Ce massacre montre que cette technique de braconnage, qui avait été découverte en juillet dernier, serait désormais largement employée dans cette zone. En plus des pachydermes, de nombreux autres animaux, essentiellement des carnivores, ont été des victimes collatérales du massacre : des lions, des vautours, des lycaons et des hyènes ont péri après avoir mangé sur les carcasses des éléphants.

La technique est simple : des points d'eau ainsi que des pierres à lécher auraient été imbibés de ce poison mortel. En pleine période de sécheresse, il n'en faut pas moins pour attirer les pachydermes… Un groupe de chasseurs a raconté au Telegraph avoir même croisé un homme en train de creuser des trous et d'y mettre le fameux liquide.

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Les autorités accusées de minimiser les pertes. Quatre braconniers ont déjà été condamnés à des peines d'au moins 15 ans de prison pour ce crime. La semaine dernière, l'administration des parcs nationaux avait fait état d'une centaine d'éléphants empoisonnés. Sauf que ce chiffre serait bien en dessous de la réalité. "Les autorités n'ont commencé à intervenir qu'en septembre, et le nombre de tués avait déjà fortement augmenté. La semaine dernière, on en était à 325 éléphants tués au total", a déploré Johnny Rodrigues, le président de l'ONG qui a alerté les médias de cette tuerie. Aucun porte-parole officiel de ce parc, qui compte près de 80.000 spécimens, n'a confirmé ce chiffre.

Selon le président de ZCTF, les autorités minimisent sciemment les pertes : "on cache beaucoup de choses", a-t-il affirmé. "Ceux qui ont été arrêtés et condamnés sont du menu fretin sacrifiés par les gros et dangereux poissons, qui restent intouchables. Il y a parmi eux des hommes politiques et des hommes d'affaires importants", accuse-t-il sans donner les noms des responsables. En attendant, la police a ordonné aux villageois de la région de remettre aux autorités tout stock de cyanure d'ici à la fin du mois, sous peine d'arrestation. Mais certains chefs traditionnels des villages en bordure du parc ont demandé aux autorités de faire preuve de clémence envers les braconniers condamnés, affirmant que la pauvreté les avait poussés, et non l'unique appât du gain.

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25.000 éléphants abattus en 2012. On estime à 120.000 le nombre d'éléphants vivant dans les parcs du Zimbabwe. Relativement épargnée par le braconnage des éléphants jusqu'à présent, l'Afrique centrale et de l'Est subit un véritable massacre, avec 25.000 éléphants abattus en 2012. L'ivoire récoltée et exportée clandestinement est essentiellement destinée aux marchés asiatiques, et notamment chinois. Les défenses finissent comme objet d'ornement ou de sculptures d'objets d'art. Selon les autorités du Zimbabwe, les villageois vendent les défenses d'éléphants pour environ 350 euros pièce à des vendeurs transfrontaliers qui, eux, empochent le jackpot : la paire de défenses est revendue près de 11.000 euros.