Viol de Delhi : ce qui a changé en Inde

© REUTERS
  • Copié
avec AFP
UN AN APRÈS - La mort en décembre dernier d'une étudiante violée avait choqué l'Inde. Depuis, les mentalités ont évolué, mais le changement demeure limité.

L'INFO. Il y a un an, ce fait divers tragique avait produit une onde de choc dans la société indienne. En décembre 2012, une jeune étudiante sortant d'un cinéma de New Delhi avec son compagnon avait été agressée et violée dans un bus par six hommes. Elle avait succombé à ses blessures treize jours plus tard. Dans tout le pays, des milliers de personnes avaient manifesté pour réclamer plus de droits pour les femmes. Un an après, la loi du silence a-t-elle été brisée ?

Des hommages et des condamnations express. Dimanche, un rassemblement a été organisé à New Delhi en mémoire de la jeune femme de 23 ans. La famille de la victime, originaire de l'Uttar Pradesh, au nord du pays, lui a de son côté rendu hommage suivant le rite hindou, dans l'intimité. Quant aux agresseurs, quatre d'entre eux ont été condamnés à mort en septembre. Un cinquième, mineur, a été condamné à une peine de prison et le sixième homme est mort en prison en mars, après un probable suicide. Bien décidée à éviter toute polémique, la justice indienne avait mené une procédure accélérée.

L'hommage à l'étudiante violée et tuée :

Une loi adoptée au Parlement. En avril 2013, le Parlement indien a adopté une loi aggravant les peines pour les auteurs de violences sexuelles. Les attaques à l'acide, le harcèlement ou encore le voyeurisme sont depuis considérés comme des infractions. En revanche, le viol conjugal n'est toujours pas reconnu, note Amnesty International. Et pour les affaires moins médiatiques que celle de l'étudiante de New Delhi, les tribunaux indiens demeurent d'une lenteur peu compatible avec le rendu de la justice.

inde hommage, REUTERS

Le nombre de plaintes en hausse. En 2013, le nombre de viols enregistré devrait être supérieur à celui de 2012. Ce qui n'est pas forcément un mauvais signe pour certains défenseurs des droits des femmes, pour qui cette hausse indique que les comportements évoluent et que les femmes hésitent moins à porter plainte. D'autant plus que, selon le Guardian, l'attention a tendance à se déplacer, petit à petit, plutôt sur les agresseurs que sur les victimes. Depuis début décembre, deux affaires impliquant des personnages haut placés ont fait les gros titres en Inde. Le fondateur et rédacteur en chef d'un célèbre magazine d'enquête, Tehelka, a été accusé de viol sur une collaboratrice de 28 ans. Une semaine plus tard, c'est un ancien juge de la Cour suprême indienne qui a été accusé d'avoir violé une jeune stagiaire.

Une prise de conscience limitée. Il reste tout de même encore beaucoup de progrès à faire. La prise de conscience demeure largement limitée aux villes et peine à atteindre les campagnes. La députée Miera Kumar a même estimé qu'en Inde, "rien n'avait changé" depuis le drame, souligne India Today. Et le site américain Think Progress de citer le cas d'une jeune femme violée le 24 décembre par deux groupes d'hommes différents à Pondichéry. Dans un premier temps, les policiers avaient refusé d'enregistrer sa plainte et un député local était allé jusqu'à suggérer que la victime était peut-être une prostituée.

sur le même sujet, sujet,

RETOUR SUR - La condamnation à mort de quatre accusés

FOCUS - Les touristes étrangères boudent l'Inde

DÉCRYPTAGE - Quand l'Inde criait sa colère