Une proche de Kadhafi condamnée

Les quatre Tanzaniens étaient présents lors de l'audience en mars, à Bourg-en-Bresse
Les quatre Tanzaniens étaient présents lors de l'audience en mars, à Bourg-en-Bresse © Maxppp
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avec AFP , modifié à
Ses quatre employés tanzaniens travaillaient quasiment 24 heures sur 24, presque sans salaire.

Elle était accusée d'"esclavage domestique". L'épouse de l'ex-chef de cabinet de l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi a été condamnée mercredi à deux ans de prison avec sursis à Bourg-en-Bresse pour avoir employé quatre Tanzaniens "dans des conditions de travail et de vie indignes". Kafa Kachour Bashir, une Franco-libanaise de 56 ans, devra s'acquitter en outre d'une amende de 70.000 euros.

La Franco-libanaise de 56 ans était poursuivie pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", "travail dissimulé" et "aide au séjour irrégulier et emploi d'étrangers démunis de titre de travail".

Lors du procès, mi-mars, les deux soeurs quadragénaires et un couple de trentenaires, embauchés en Libye, avaient raconté leurs conditions de vie et de travail dans la luxueuse villa de Prévessin-Moëns, dans l'Ain.

Les victimes accusées de vouloir "rester en France"

Kafa Kachour Bashir n'a pas assisté à son procès. Son avocat, Me Marcel Ceccaldi, avait de son côté appelé à la "prudence" et au "doute" dans cette affaire. Il avait notamment insinué la possibilité que les quatre Tanzaniens aient accablé sa cliente pour rester en France et y bénéficier des avantages sociaux.

Les deux soeurs se sont vu attribuer chacune 20.000 euros au titre du préjudice moral, alors que les deux membres du couple recevront chacun 1.200 euros. "Mes clients ressentent un immense soulagement. Ils avaient le sentiment à la fin de l'audience de ne pas avoir été crus. Ils sont soulagés qu'on reconnaisse que ce sont des êtres humains et non des menteurs", s'est réjoui leur avocat Me Benbouzid.

Un ancien employé avait confié 16 ans de calvaire

L'affaire avait éclaté à la suite des déclarations d'un autre employé, originaire du Niger, qui avait réussi à s'échapper. Arrêté en 2009 en situation irrégulière, il avait alors raconté aux enquêteurs les conditions de travail à la villa. Les deux soeurs ayant également pris la fuite, seul le couple avait été découvert lors de la perquisition de la villa en mai 2009.