Un scandale de pédophilie choque l'Irlande

Les appels se sont multipliés pour demander la démission du cardinal Sean Brady.
Les appels se sont multipliés pour demander la démission du cardinal Sean Brady. © REUTERS
  • Copié
avec agences
Le chef de l'Eglise d'Irlande est accusé d'avoir caché des actes commis par un prêtre.

La très catholique Irlande est une nouvelle fois ébranlée par un scandale de pédophilie au sein de l'Eglise. De nombreuses voix se sont élevées jeudi pour réclamer la démission du cardinal Sean Brady, chef de l'Eglise d'Irlande. D'après un documentaire de la BBC diffusé mardi, il aurait tu des actes pédophiles commis par un prêtre, dont il aurait été informé dès 1975.

Eamon Gilmore, vice-Premier ministre irlandais, a appelé le cardinal à quitter ses fonctions, voyant dans cette affaire une "nouvelle illustration de l'incapacité des membres éminents de l'Eglise catholique à protéger les enfants".

Des noms et adresses de victimes

Même son de cloche de l'autre côté de la frontière, en Irlande du Nord, où son homologue Martin McGuinness s'est dit "consterné" et a lui aussi estimé que le cardinal Brady devait songer à abandonner son poste.

La BBC affirme qu'en 1975, un adolescent de 14 ans, agressé sexuellement par le père Brendan Smyth, avait donné à Sean Brady, alors prêtre et chargé de l'enquête au sein de l'Eglise, les noms et les adresses d'autres enfants victimes. Sean Brady n'avait alors prévenu ni la police, ni les parents des enfants, et aurait fait jurer au jeune garçon de se taire. Brendan Smyth avait de son côté continué à agresser des enfants ailleurs en Irlande, en Ecosse et aux Etats-Unis, après la révélation des faits, note The Irish Independent

Le cardinal se dit "trahi"

Le cardinal assure de son côté avoir confié ses notes à sa hiérarchie et estime que le documentaire de la BBC exagère son rôle. Il dit se sentir "trahi", car "ceux qui avaient le pouvoir au sein de l'Eglise d'arrêter les agissements de Brendan Smyth n'ont pas agi sur la base des éléments que je leur ai fournis". 

Ce n'est pas la première fois que le cardinal Brady se retrouve dans la tourmente : en 2010, déjà, il avait été l'objet d'appels à la démission, cette fois pour avoir fait promettre à deux victimes de garder le silence. Quant à Brendan Smyth, il a fini par être jugé d'abord en Irlande du Nord, puis en Irlande, au terme d'un long processus judiciaire, rappelle le New York Times. Il est mort en prison en 1998, à l'âge de 70 ans.