Un enfant, trois ADN : Londres y songe

© MAXPPP
  • Copié
AW avec Amandine Alexandre à Londres et agences , modifié à
Le Royaume-Uni pourrait donner son feu vert à ce type de procréation assistée.

L'INFO. Le Royaume-Uni pourrait devenir le premier pays à légaliser une technique de procréation assistée dans laquelle l'ADN de trois "parents" est utilisé pour créer un embryon en bonne santé.

Un recours en cas de maladies génétiques graves. Ce processus innovant est destiné à éviter que des mères ne transmettent à leurs bébés des maladies génétiques graves, telles que certaines myopathies, en remplaçant leur ADN mitochondrial défectueux par de l'ADN sain, provenant d'un "troisième parent". Le débat pour légaliser ce procédé devrait avoir lieu l'année prochaine au parlement.

Le cas qui a ému les Britanniques. Sharon Bernardi a eu sept enfants. Et, à l'exception d'un d'entre eux, aucun n'a survécu au-delà de l'âge de deux ans. Tous étaient atteints d'une même maladie génétique qui touche le système nerveux. Sharon, qui a livré son témoignage à la BBC, a aujourd'hui renoncé à fonder une famille mais si le Royaume-Uni autorise la procréation à partir de trois ADN, comme le souhaite le gouvernement, des Britanniques atteintes de la même mutation génétique que Sharon pourraient donner naissance à des enfants en bonne santé.

Un triple patrimoine génétique. Les maladies de l'ADN mitochondrial, de gravité variable, affectent les structures internes aux cellules qui permettent de produire, stocker et distribuer l'énergie nécessaire à la cellule, pour que le corps puisse s'en servir. Le procédé dit des "trois parents" consiste à enlever de l'ADN mitochondrial chez la mère et de le remplacer par celui d'un troisième "parent" afin de créer un embryon en bonne santé. Il est légal pour la recherche en laboratoire mais les embryons obtenus ne peuvent pas être actuellement utilisés. Au final, le bébé né de cette technique serait porteur du patrimoine génétique de ses parents, à l'exception de l'ADN mitochondrial de sa mère, remplacé par celui de la donneuse, sachant que seule la mère transmet un risque de maladie d'origine mitochondriale.

A qui ressemblera l'enfant ? Le nouveau né ne ressemblerait qu'à ses deux parents, car les caractéristiques humaines sont codées dans l'ADN du noyau de la cellule, et non dans l'ADN mitochondrial. Ce dernier représente moins d'un pour cent de la quantité totale d'ADN contenue dans une cellule humaine.

Des réactions controversées. Certains scientifiques craignent que cette manipulation génétique n'ouvre la voie à un marché "eugéniste de bébés sur mesure". "C'est une excellente nouvelle pour les familles avec des maladies mitochondriales. Celle donnera aux femmes porteuses de ces gènes la possibilité d'avoir des enfants qui ne seront pas atteints de maladies mitochondriales", s'est toutefois réjoui le professeur Doug Turnbull, directeur du Wellcome Trust Center for Mitochondrial Research à l'université de qui a mis au point deux variantes d'une technique de procréation assistée impliquant trois "parents". Le débat s'annonce houleux. Il sera tranché dès l'an prochain par les députés britanniques.