Ukraine : la tension est à son comble en Crimée

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Alcyone Wemaere, Pauline Hofmann avec agences et Walid Berrissoul en Ukraine , modifié à
RESUME – Le Sénat russe a voté l'envoi de troupes en Crimée. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni. L'armée ukrainienne est en état d'alerte. Revivez les moments clefs de samedi. 

L'ESSENTIEL

- Le Sénat russe a vote l'envoi de troupes armées en Crimée.

- Barack Obama a réuni son conseil de sécurité.

- La marine russe déploie de nouveaux navires en mer Noire.

- Les chancelleries et l'ONU appellent au calme.

LES ÉVÉNEMENTS DE CE SAMEDI

23:00 : Position commune. Le président François Hollande s'est entretenu avec le président américain Barack Obama, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et la chancelière allemande Angela Merkel de la situation "grave et inquiétante que connaît l'Ukraine". "Face aux risques d'escalade liés à la décision du Conseil de la Fédération de Russie d'autoriser l'envoi de troupes russes", François Hollande "a marqué l'importance d'une position commune fondée sur le respect de l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine, le soutien au gouvernement ukrainien chargé de conduire le processus électoral et la reconnaissance des droits des différentes communautés, comme des liens qui lient la Russie à ce pays", indique un communiqué de l'Elysée.

22h50 : L'Otan dans la danse ? Le président polonais, Bronislaw Komorowski a déclaré que son pays se sentait menacé par les actions de Moscou et demande une réunion du Conseil Atlantique Nord (Otan). "La Pologne a demandé à l'OTAN la convocation d'urgence du Conseil de l'Atlantique Nord, en vertu du point IV du traité de Washington (...) car nous pouvons nous sentir menacés par une intervention militaire russe potentielle sur le territoire de l'Ukraine voisine".

22h45 :Téléphone rouge. Vladimir Poutine s'est entretenu avec Barack Obama et lui a dit que la Russie a le droit de protéger ses intérêts, rapporte l'agence Ria Novosti. "Il est temps pour la Russie de mettre fin à son intervention", a lancé l'ambassadrice américaine à l'ONU en marge du Conseil de sécurité. François Hollande a également appelé le président russe à "éviter tout recours à la force" en Ukraine.

22h35 : Chartes des Nations unies. L'Ukraine exhorte le Conseil de sécurité de l'ONU à arrêter l'agression russe. "Nous appelons le Conseil de sécurité à faire tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter l'agression de la Fédération russe en Ukraine. Il y a encore une chance", a déclaré l'ambassadeur ukrainien aux Nations unies.

Manifestants ukrainiens

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21h30 : La tension monte. Le président Barack Obama a réuni son équipe de conseillers pour la sécurité nationale afin d'examiner les évolutions de la situation en Ukraine et discuter des options politiques éventuelles, a dit un haut responsable de l'administration américaine. Pendant ce temps, le chef du Pentagone a parlé au téléphone avec son homologue russe.

Barack Obama

© REUTERS/Jonathan Ernst

21h25 : Violation des accords ? Deux frégates anti-sous-marines russes ont pris position aux larges des côtes de Crimée en violation de l'accord régissant le bail dont bénéficie la Russie pour sa flotte installée dans la base navale de Sébastopol, indique une source militaire ukrainienne citée par l'agence Interfax. Ces deux navires de guerre, précise la même source, font partie de la flotte de la Baltique et ont été signalés dans la baie de Sébastopol.

21h00 :  Ioulia Timochenko ne craint pas Poutine. L'égérie de la Révolution orange a déclaré au Guardian que "la Russie a juste commis un nouvel acte d'intimidation contre l'Ukraine. Elle veut tuer notre indépendance, nous pousser à nous rendre. Si nous acceptons leur ultimatum, nous perdons notre pays." Et d'ajouter : "ils veulent la guerre, un scénario comme en Géorgie ou en Ossétie du Sud", tout en précisant qu'il ne fallait pas céder aux provocations. 

20h40 : Le Conseil de sécurité a commencé. Les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé des consultations à huis clos à New York sur la situation en Ukraine et en Crimée. Cette réunion, la deuxième convoquée en urgence en deux jours sur ce dossier, avait été demandée par le Royaume-Uni après la menace d'intervention militaire russe brandie par Moscou. "Nous sommes très inquiets de la situation, en particulier des événements des dernières 24 heures", a expliqué l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, à son entrée au Conseil. "C'est pour cela que nous avons demandé cette session d'urgence pour essayer de savoir quelle justification la Russie affirme avoir pour les mesures qu'elle a prises", a-t-il ajouté.

20h30 : Mobilisation. L'armée ukrainienne a été mise en état d'alerte, a annoncé le président par intérim Olexandre Tourtchinov, peu après le vote par le Parlement russe autorisant un "recours aux forces armées" en Ukraine. Le président ukrainien par intérim s'exprimait à l'issue d'une réunion du conseil de sécurité nationale et de défense, alors que la situation se dégradait rapidement en Crimée, péninsule russophone de l'Ukraine en proie à des tensions séparatistes. Le président a annoncé dans le même temps le renforcement de la protection des centrales nucléaires et autres sites stratégiques. Pour sa part, le Premier ministre ukrainien ne croit pas en une intervention russe qui signifierait "la guerre".

20h05 : Les diplomates entrent en jeu. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé à la Russie de renoncer à envoyer des troupes en Ukraine et à respecter les lois internationales. "Je déplore la décision de la Russie d'utiliser des forces armées en Ukraine", a indiqué Mme Ashton dans une déclaration tout en appelant Moscou à "promouvoir ses vues par des moyens pacifiques". Le Premier ministre britannique David Cameron a lancé : "Il ne peut y avoir de justification à une intervention militaire extérieure en Ukraine, comme je l'ai dit au président Poutine avec lequel j'ai parlé hier". De son côté, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies appelle au calme immédiat dans la crise en Ukraine.

20h00 : Fuite vers la Russie. Environ 143.000 personnes ont quitté l'Ukraine pour la Russie depuis les récents événements qui secouent l'ancienne république soviétique, ont indiqué des responsables russes. "Selon les données du service des gardes-frontières, 143.000 personnes ont quitté l'Ukraine pour la Russie depuis le début des événements" dans ce pays, a déclaré le sénateur Evgueni Bouchmine, soulignant que les deux pays avaient une frontière sur près de 2.000 km. Une responsable du Service fédéral russe des migrations, Valentina Kazakova, a avancé le même chiffre.

19h45 : François Hollande cherche une voie diplomatique. "Tout doit être fait pour éviter une intervention extérieure" en Ukraine a déclaré le président de la République dans un communiqué. François Hollande met également en garde contre des "menaces réelles sur l'intégrité territoriale et la souveraineté" de l'Ukraine.Le président s'est aussi entretenu avec le Premier ministre polonais, Donald Tusk, à ce sujet, a annoncé la présidence française.

18h20 : Première réaction internationale. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a convoqué l'ambassadeur russe à Londres. Il a également rappelé sur Twitter que la Grande-Bretagne soutient la demande du gouvernement ukrainien concernant une réunion d'urgence sur le Mémorandum de Budapest. La Russie, l'Ukraine, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont signé un accord de respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

18h15 : Distribution de passeports. Plusieurs témoins attestent de la distribution de passeports russes à des habitants de Crimée. Des membres de la milice dissoute Berkout auraient pu en profiter.

Crimée Passeport russe

17h48 : Drôle d'ambiance à Kiev et euphorie à Simféropol. "Russie, Russie". Les manifestants de l'esplanade de Simféropol scandent ce slogan, raconte l'envoyé spécial d'Europe 1 à Simféropol, Walid Berrissoul. Le drapeau russe est toujours hissé devant le siège du gouvernement local. Un manifestant témoigne : "Ils sont de retour à la maison. C'est comme en mai 45, c'était le jour de la victoire. Aujourd'hui, c'est notre jour de victoire. On en est très fiers."

Simféropol continue à vivre dans une ambiance de camp retranché, avec des militants exaltés autour des bâtiments officiels. Mais les rues commerçantes de Simféropol sont vides, raconte l'envoyé spécial d'Europe 1.

A Kiev, le journaliste de BuzzFeed décrite une "drôle d'atmosphère sur Maïdan après l'annonce de troupes russes".

17h25 : Le Kremlin n'a pas encore pris de décision définitive. Le Kremlin a précisé que Vladimir Poutine n'a pas encore pris sa décision définitive sur l'envoi de troupes en Ukraine. Le président russe n'est pas obligé de suivre le vote du Sénat qui ne fait qu'autoriser l'intervention armée.

 Le Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie est un membre permanent, va se réunir en urgence sur la situation en Ukraine. La Grande-Bretagne est à l'origine de cette convocation des ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité.

17h03 : Violence à Donetsk. Dans cette ville de Crimée, plusieurs partisans du nouveau régime ukrainien ont été battus par des habitants pro-russes du fief de Viktor Ianoukovtich, rapporte Reuters. L'ancien président ukrainien a été gouverneur de Donetsk jusqu'à 2002.

01.03-ClashUkraine

© Reuters

16h59 : Silence général. Aucun pays n'a pour l'instant réagit à l'envoi de troupes russes en Ukraine.

16h49 : La Russie va-t-elle rappeler son ambassadeur aux Etats-Unis ? Le sénat russe entend demander à Vladimir Poutine le retour de l'ambassadeur russe aux Etats-Unis. Mais Mark Sleboda, un spécialiste des relations internationales interrogé par la chaîne pro-russe Russia Today, estime que le rappel de l'ambassadeur est "improbable à l'heure actuelle".

16h38 : Vitali Klitschko appelle à une "mobilisation générale". L'un des leaders du mouvement de la place de l'Indépendance à Kiev a appelé le Parlement ukrainien à proclamer une "mobilisation générale" face à "l'agression russe". "Le Parlement doit demander au commandant en chef des armées de déclarer une mobilisation générale", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Le recours à l'armée russe en ukraine a été approuvé par le Conseil de la Fédération, le Sénat russe. Les parlementaires ont voté à l'unanimité la décision qui prend effet immédiatement.

16h08 : Réunion des chefs de la sécurité ukrainienne. Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov convoque les principaux responsables de la sécurité dans le pays

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne attendent lundi pour organiser une réunion sur l'envoi de troupes russes en Ukraine.

15h45 : La Russie violerait un traité de 1994. Dans le Mémorandum de Budapest, adopté en 1994, la Russie, aux côtés des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, s'était engagée à respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

15h35 : Le Parlement russe débat. Dans la foulée de la déclaration du président russe, le Conseil de la Fédération s'est réuni et est entrain de voter l'envoi de troupes en Ukraine.

15h20 : Appel à l'aide. Le mouvement Maïdan de la place de l'Indépendance de Kiev, à l'origine de la chute de Ianoukovitch, appelle "le monde" à l'aide.

Le président russe demande au Conseil de la Fédération, le Sénat russe, d'autoriser l'envoi de troupes en Crimée. "En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes, des forces armées russes déployées en Ukraine", Vladimir Poutine a demandé au Conseil de la Fédération d'autoriser "le recours aux forces armées russes sur le territoire de l'Ukraine, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays", a déclaré le Kremlin.

14h29 : Des blessés dans une manifestation pro-russe. A Kharkiv, une dizaine de personnes ont été blessées en marge d'une manifestation.

13h09 : Les frontières maritimes vacillent. Le siège des gardes-côtes de Sébastopol, qui obéit à Kiev, a été pris d'assaut par des 300 hommes qui disent agir sous les ordres du ministre russe de la Défense. "Une tentative est en cours pour occuper le siège des gardes-côtes à Sébastopol. Tous les navires sont en alerte", déclare le service des gardes-frontières ukrainiens.

>> Quel scénario pour la Crimée ? Les réponses de la chercheuse Alexandra Goujon

13h08 : La France et l'Allemagne demandent des explications.  Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, ainsi qu'Angela Merkel, la chancelière allemande, ont demandé des explications à la Russie, concernant la montée des tensions en Crimée. 

Barack Obama, de son côté, a mis la Russie en garde vendredi contre toute intervention militaire en Ukraine, alors que la tension monte dans la péninsule de Crimée, où Moscou est accusée d'invasion par les nouveaux dirigeants de Kiev.

13h00 : La Russie prête à envoyer des soldats. La président du Sénat russe a déclaré que "pour répondre à la demande du gouvernement de Crimée, il est même possible, dans cette situation, d'envoyer un contingent limité (de troupes) pour garantir la sécurité de la flotte de la mer Noire et des citoyens russes qui vivent en Crimée." Le Parlement a lui-même demandé à Vladimir Poutine de prendre des mesures pour stabiliser la situation et protéger la population en Crimée, annonce l'agence russe Interfax. Le président de la Douma, Sergueï Narichkine, a déclaré que le Parlement demander "d'user de tous les moyens possibles pour protéger le peuple de Crimée de la tyrannie et de la violence".

12h45 : Des Berkout à Simféropol. Les forces spéciales dissoutes par Kiev ont fait leur grand retour dans la capitale de Crimée, rapporte Walid Berrissoul, l'envoyé spécial d'Europe 1 à Simféropol. Ils sont revenus en uniforme dans le bâtiment du ministère de l'Intérieur local, sous les applaudissements de manifestants. Un de leurs représentants explique à la presse qu'ils sont opérationnels en Crimée et qu'ils seront payés par le gouvernement local pro-russe de Simféropol.

L'ACTU - Les forces anti-émeutes Berkout dissoutes

Les forces spéciales anti-émeute Berkout, particulièrement haïes et redoutées des manifestants.

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Les Berkout à Kiev avant leur dissolution.

A Simféropol toujours, l'aéroport international a annoncé samedi la fermeture de l'espace aérien de la région. Tous les vols au départ et à l'arrivé de la capitale de la région sont également suspendus. La veille, des hommes armés avait pris le contrôle de l'infrastructure, sans pour autant empêcher le décollage ou l'atterrissage des avions.

12h11 : Des dizaines de milliers de manifestants à Donetsk. Depuis le début de la journée, près de 10.000 Ukrainiens pro-russes se sont également rassemblés dans la ville de Donetsk, pour manifester contre le nouveau pouvoir en place à Kiev. La ville de Crimée est le berceau politique de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, qui en a été le gouverneur jusqu'en 2002.

11h45 : Hâte sur le référendum. Les autorités locales de Crimée ont décidé d'avancer le référendum prévu au 30 mars. Les habitants de la péninsule devront s'exprimer pour un statut octroyant encore plus d'autonomie à cette région au statut déjà particulier. A l'origine, le référendum devait se tenir le 25 mai, en même temps que les élections présidentielles devant désigner le successeur de Viktor Ianoukovitch. Le Premier ministre ukrainien a déclaré ne pas reconnaître le chef du gouvernement local de Crimée, qui a pris la décision d'organiser ce vote.

La seule question de ce référendum sera : "Etes-vous pour la souveraineté étatique de la Crimée au sein de l'Ukraine ?". Il n'est donc pour l'instant pas question de faire totalement sécession.

>> Tout comprendre sur le statut de la Crimée

10h05 : Y'a-t-il des soldats russes en plus en Ukraine ? Moscou est accusée d'envoyer 6.000 hommes en renforts par le ministre ukrainien de la Défense. L'armée ukrainienne a été placée en état d'alerte renforcé dans la région autonome.

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