Twitter bloque un compte néo-nazi

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Charles Carrasco avec agences
Le site de micro-blogging américain s'est plié à une législation allemande sur la liberté d'expression.

C'est une première pour la firme californienne. Twitter a bloqué jeudi en Allemagne le compte personnel d'un groupe néo-nazi interdit, à la demande des autorités nationales qui voulaient ainsi faire respecter leur législation en matière de liberté d'expression.

"Nous avions annoncé en janvier notre capacité à bloquer des contenus. Nous en faisons pour la première fois usage au sujet d'un groupe jugé illégal en Allemagne", a écrit le conseiller juridique de Twitter, Alex Macgillivray, dans un message sur son compte. Pour justifier cette décision, il a également publié un lien vers une copie du courrier adressé par la police de Hanovre à la compagnie californienne, lui demandant de bloquer le compte de "Besseres Hannover" ("Un meilleur Hanovre").

Une vidéo menaçante envoyée à une ministre

Le compte incriminé, qui se présente comme "le portail national d'information de Hanovre", reste visible sous le nom de "@hannoverticker". Mais, lorsqu'on le consulte depuis l'Allemagne, les messages publiés depuis l'interdiction du groupe le 25 septembre par les autorités allemandes ne s'affichent plus. Ils restent en revanche consultables depuis l'étranger. Sur son compte Twitter, le groupe d'extrême-droite en profite donc pour dénoncer "une censure".

Une vingtaine de membres de "Besseres Hannover" sont actuellement visés par une enquête du parquet de Hanovre pour incitation à la haine raciale et constitution d'une organisation criminelle. Le groupuscule est notamment soupçonné d'avoir envoyé une vidéo menaçante à la ministre régionale des Affaires sociales d'origine turque, Aygül Özkan. Le responsable de la police de Hanovre, Axel Brockmann, qui a pris ses fonctions le mois dernier, s'était juré d'"écraser ce groupe de néo-nazis et d'activistes d'extrême droite".

Des législations locales

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Twitter a rappelé qu'en relayant chaque jour des centaines de millions de messages, sa vocation est certes de "respecter" les opinions de ses utilisateurs, mais qu'il lui faut "tenir compte des législations qui s'appliquent localement".

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Comme le moteur de recherche Google, qui a commencé il y a plusieurs années à supprimer de ses résultats des pages jugées litigieuses, Twitter se réserve dorénavant le droit de retirer "certains contenus" dans un pays donné. Mais à condition que la demande émane "d'autorités compétentes" et qu'elles soient "bien ciblées". Depuis cette année, le réseau social dispose d'un filtre de censure par pays ("Country Withheld Content"), afin de pouvoir adapter les contenus en fonction des lois de chaque pays.

Un autre compte en "deux minutes"

Le blocage de ce compte sera-t-il suffisant ? Markus Kompa, avocat spécialiste des questions de liberté d'expression et membre du Parti pirate, en doute. Selon lui, il aurait été "intéressant de connaître la portée de ce type de vitrine" d'extrême droite avant de la bloquer. Il juge cette démarche "ridicule", d'autant plus que "l'organisation visée peut se recréer un nouveau compte en deux minutes".