Trayvon Martin : où en est l'enquête ?

© Reuters
  • Copié
Assiya Hamza , modifié à
Le meurtrier présumé saura le 10 avril si des charges sont retenues contre lui par le grand jury.

La colère n'est toujours pas retombée. Un mois après la mort de Trayvon Martin, un jeune noir de 17 ans tué par le responsable blanc d'une patrouille privée de surveillance dans un quartier de Sanford en Floride, l'ouverture d'une enquête indépendante ne parvient pas à calmer les esprits. Europe1.fr fait le point sur l'enquête.

Les faits remontent au 26 février. Trayvon Martin achète des sucreries dans une épicerie du quartier résidentiel de Sanford. Sur le chemin du retour, il appelle sa petite amie pour lui dire qu'un "type est train de le suivre". George Zimmerman, un hispanique de 28 ans qui effectue des rondes de surveillance, l'a pris en filature. Il signale sa présence en appelant le 911, les urgences de la police. Quelques instants plus tard, le chef autoproclamé de la milice tire sur l'adolescent. Trayvon Martin meurt sur le coup. A leur arrivée sur place, les policiers trouvent l’adolescent au sol, une bouteille de thé glacé et des bonbons non loin de lui. Mais sans arme, précise ABC. George Zimmerman est brièvement arrêté puis relâché après l'invocation de la légitime défense.

Y-a-il eu légitime défense ?

Le père de George Zimmerman, Robert Zimmerman, est sorti de son silence jeudi pour tenter d'expliquer le geste de son fils. "J'ai compris que Trayvon Martin s'est jeté sur lui et a commencé à le frapper", a raconté le visage flouté l'homme de 64 ans à la chaîne My Fox Orlando. "Trayvon a continué à le battre alors George a sorti son arme et fait ce qu'il a fait", a ajouté le père du tueur présumé en précisant que sa famille avait reçu plusieurs menaces de mort.

EXCLUSIVE: Robert Zimmerman interview: MyFoxORLANDO.com

Or, George Zimmerman ne présentait aucune blessures si l'on en juge une vidéo de surveillance diffusée sur ABC News. Sur les images, on voit le suspect menotté descendre de  la voiture de police après le drame pour rejoindre le commissariat.

video platformvideo managementvideo solutionsvideo player

"Nous avons entendu un sifflement plaintif"

Mary Cutcher était dans sa cuisine, fenêtres ouvertes, le soir des faits. La jeune femme prenait un café avec sa colocataire Selma Mora Lamilla lorsqu'elle a entendu d'étranges bruits venant de l'extérieur. "Nous avons entendu un sifflement plaintif. Pas comme un cri mais une sorte de pleurnicherie d'une personne en détresse, puis le coup de feu," raconte Mary Cutcher sur CNN. Après s'être précipitées dehors, toutes deux ont vu "Zimmerman était debout, au dessus du corps. Il n'avait pas l'air d'essayer de l'aider et je n'ai pas entendu de bagarre avant le coup de feu. J'ai l'impression que c'était Trayvon Martin qui pleurnichait juste avant parce qu'après le tir le bruit a cessé", a conclu Mary Cutcher

"Nous n'aurions rien pu faire plus tôt"

Selon un rapport publié mercredi par le quotidien Miami Herald, la police de Sanford s'est adressée au parquet afin de présenter des charges contre George Zimmerman. En vain. Le parquet a refusé de délivrer un mandat, dans l'attente de plus amples informations sur les circonstances de la mort de Trayvon Martin. Chargée de l'affaire par le gouverneur de Floride, le procureur Angela Corey s'est défendue de toute inertie. "Nous n'aurions rien pu faire plus tôt", a t-elle déclaré en précisant qu'un grand jury débattra des faits le 10 avril.

Alors que des manifestations ont lieu quotidiennement pour dénoncer ce nouvel exemple de profilage racial, le mouvement se propage dans d'autres régions du pays. Sur internet, une pétition demandant l'inculpation du tireur a désormais dépassé les 2,2 millions de signataires.