Timochenko : un procès discutable

Un rapport rédigé par des avocats américains à la demande du gouvernement ukrainien confirme que les droits de Ioulia Timochenko ont été bafoués lors de son procès en 2011.
Un rapport rédigé par des avocats américains à la demande du gouvernement ukrainien confirme que les droits de Ioulia Timochenko ont été bafoués lors de son procès en 2011. © REUTERS
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Des experts américains confirment que les droits de l’ex-Première ministre ukrainienne ont été bafoués.

Ce rapport l’aidera peut-être à plaider sa cause. Des experts américains engagés par le gouvernement ukrainien ont décortiqué le procès de Ioulia Timochenko, l’ex-Première ministre du pays condamnée à sept ans de prison en 2011 pour abus de pouvoir. Leur verdict est sans appel : les droits de l’ancienne égérie de la Révolution orange ont été bafoués, selon le Washington Post.

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Ioulia Timochenko s’est vue refuser l'aide d'avocats à des "stades critiques" de son procès, peut-on lire dans ce rapport de 300 pages qui date de septembre mais n’a été rendu public que jeudi. Ses conseils ont parfois aussi été empêchés d’appeler à la barre des témoins pourtant pertinents, note l’équipe d’avocats, dirigée par un ancien conseiller de Barack Obama à la Maison-Blanche, Gregory B. Craig.

 

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Quant à sa détention avant même le début de son procès, elle "soulève des questions quant à savoir si elle a été privée de sa liberté de façon appropriée, avant sa condamnation".

Pas de motivation politique

Pour l’ex-chef de gouvernement, ce rapport est une bonne nouvelle et pourrait lui permettre d’appuyer son appel devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Ioulia Timochenko, qui souffre de douleurs au dos et a été transféré dans un hôpital-prison à l’est de l’Ukraine, conteste en effet ce procès qu’elle voit comme une vengeance personnelle de l’actuel président, Victor Ianoukovitch.

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Mais le rapport des avocats américains risque de ne pas la satisfaire entièrement. Ceux-ci ne valident en effet pas sa thèse d’un règlement de comptes au sommet du pouvoir. "Nous n’estimons pas que Timochenko a fourni des preuves spécifiques que son procès lui a été intenté pour des raisons politiques", écrivent en effet les experts.

Les avocats bien payés par le gouvernement

Dans une interview au New York Times, Gregory B. Craig se fait plus évasif. "Nous laissons à d’autres le soin de déterminer si ce procès avait des motivations politiques", assure-t-il auprès du quotidien américain, rappelant que sa mission était "d’examiner les preuve et de déterminer si le procès était équitable".

Reste qu’un léger parfum de scandale flotte autour de ce rapport : les partisans de Ioulia Timochenko affirment que les avocats américains ont perçu une coquette somme pour leurs services. Ce qui expliquerait, selon eux, ces conclusions relativement favorables au pouvoir, malgré le contenu du rapport.