Russie : scrutin ouvert, médias fermés

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avec agences , modifié à
Les Russes élisent leurs députés dans un contexte tendu, ONG et médias sont sous pression.

C’est jour d’élections en Russie. Quelque 110 millions de personnes sont appelées à désigner les 450 députés de la chambre basse du Parlement, la Douma. Le scrutin a débuté dimanche matin mais aucune surprise n’est à attendre, tant le pouvoir à multiplié les coups de pression et les irrégularités.

Poutine reprend la main après 4 ans de "pause"

Le scrutin est à la dimension de la Russie et s'étend sur neuf fuseaux horaires. Le parti au pouvoir, Russie unie, devrait largement survoler les débats face à trois autres formations que sont le Parti communiste, le Parti libéral-démocrate et Russie juste, de centre gauche.

Dans un paysage politique totalement verrouillé, le parti Russie unie du duo Poutine - Medvedev devrait arriver en tête à l'issue d'une campagne marquée par des irrégularités et des pressions sans précédent. Le seul suspens porte donc sur l’ampleur de la victoire du parti de Vladimir Poutine, qui aspire à redevenir président.

Les Russes commencent à se lasser

L’hégémonie de Russie unie, qui domine la scène politique depuis une décennie, commence néanmoins à s’effriter. Selon le dernier sondage de l'institut indépendant Levada, le parti était crédité de 56% des intentions de vote en novembre, après avoir perdu 12 points en un mois.

Face à cette situation, les autorités ont cherché à mobiliser les électeurs par tous les moyens : les pressions et consignes de vote se sont multipliées dans les administrations et les entreprises. C'est ce qu'accusent l'opposition et plusieurs ONG russes. En retour, le pouvoir a décidé de rendre moins audible la voix des opposants et des médias.

Etranges attaques informatiques contre les médias

Les principales télévisions étant sous contrôle, l'Internet est devenu le principal espace de liberté d'expression en Russie, où sites et blogs se livrent à une critique féroce du pouvoir. C’est pourquoi au moins cinq sites indépendants russes étaient ainsi inaccessibles dimanche matin, victimes de cyberattaques, dont L’Echo de Moscou, New Times, Kommersant, tout comme la plate-forme de blog LiveJournal.

Autre incident, le rédacteur en chef du site d'informations Gazeta.ru a été convoqué par le service fédéral des médias et un de ses adjoints a démissionné jeudi pour dénoncer des pressions "sans précédent".

Les ONG comparées à "Judas"

L'ONG Golos, qui recense les fraudes électorales sur une carte, a également vu l’accès à son site Internet bloqué et dénonce une "campagne de harcèlement par le pouvoir".

Sa dirigeante a été retenue samedi à la douane d'un aéroport de Moscou pendant douze heures et a vu son ordinateur confisqué. La veille, l’ONG avait été condamnée par la justice pour "violation de la loi électorale". Fin novembre, Vladimir Poutine avait annoncé la couleur, comparant ces ONG à "Judas".