Russie : "la situation est ingérable"

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Les critiques montent au sein de la population, mais un spécialiste de la Russie modère.

Vols annulés, matériaux nucléaires évacués, des milliers d’hectares ravagés. Les incendies qui sévissent en Russie depuis début juillet sont loin d’être maîtrisés et sèment la pagaille dans tout le pays. Malgré les 180.000 personnes mobilisées, Moscou paraît bien démuni face aux gigantesques feux. "La situation est ingérable", commente Pierre Lorrain, écrivain et spécialiste de la Russie, joint par Europe1, "l’habitat très éparpillé de la campagne russe rend très difficile leur protection face aux flammes".

Les Russes fuient les fumées

A Moscou la situation est également devenue critique. Dimanche, les niveaux de monoxyde de carbone étaient 3,1 fois supérieurs à la normale dans la capitale. Certains habitants de la capitale, n'en pouvant plus, ont quitté la Russie. Des agences de voyages ont vite affiché complet pour des séjours organisés ce week-end en Egypte, au Monténégro ou en Turquie.

Et à l’inquiétude de la population, s’ajoute la colère. Le comportement de certains dirigeants face à cette crise provoque l’incompréhension des habitants. C’est le cas du maire de Moscou, Iouri Loujkov, 73 ans, qui a provoqué la polémique en refusant d'interrompre ses congés, assurant s'être "blessé en faisant du sport". L’homme a finalement cédé et a regagné la capitale dimanche.

Mais pour Pierre Lorrain, l’incapacité à circonscrire les incendies n’est pas à imputer au pouvoir. "Même s’il s’agissait de Mère Térésa ou de Barack Obama, les choses ne seraient pas mieux gérées", ironise l’écrivain, répondant ainsi aux critiques émises par certains, sur la mauvaise gestion de ces feux.

"Poutine, le type qui retrousse ses manches"

Parmi les détracteurs figure le vice-Premier ministre géorgien, Temour Iakobachvili, qui a reproché au président russe, Dmitri Medvedev, de vouloir faire diversion en se rendant en Abkhazie dimanche. "Je pense qu'il serait mieux pour le président russe de se concentrer sur les problèmes intérieurs", a-t-il déclaré.

Si Dmitri Medvedev n’est pas sur le terrain, le Premier ministre, Vladimir Poutine, lui, n’hésite pas à enfiler ses bottes et son treillis pour aller serrer la main des pompiers, face aux caméras et aux photographes. Une répartition des rôles "logique" pour Pierre Lorrain. "Poutine, c’est le type qui retrousse ses manches, pendant que Medvedev continue à faire son travail. Il n’y a pas besoin d’être deux sur le terrain", analyse-t-il.

Le ministre des Situations d'urgence Sergueï Choïgou a exprimé l'espoir que les feux de tourbières seraient maîtrisés "en cinq-sept jours". Les incendies qui ont déjà fait 52 morts en Russie ravageaient dimanche une superficie de 2.000 kilomètres carrés.