Russie : la loi anti-gay qui fâche Obama

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ZOOM - L’adoption par Moscou d’une loi contre la "propagande" gay n’en finit pas de susciter l’indignation.

L’INFO. A Saint-Pétersbourg pour le G20, Barack Obama ne discutera pas avec son homologue Vladimir Poutine en tête-à-tête. Comme un véritable pied de nez à l’homme fort de Moscou, le président américain a en revanche prévu une rencontre avec des militants des droits des gays. Car depuis l’adoption il y a quelques semaines d’une loi très critiquée, les discriminations dont sont victimes les homosexuels en Russie inquiètent les pays occidentaux. Retour sur une controverse qui s’ajoute à la liste déjà longue de ce qui empoisonne les relations entre Washington et Moscou, entre le dossier syrien et l’affaire Snowden.

La "propagande homosexuelle" bannie. En juin, la Russie a promulgué une loi jugée discriminatoire par les défenseurs des droits de l’Homme. Ce texte punit la "propagande" homosexuelle devant des mineurs de peines d’amende et de prison. Les contrevenants risquent une amende allant jusqu’à 100.000 roubles, soit 2.300 euros, et jusqu’à 15 jours de détention. Le concept de "propagande" homosexuelle demeure assez flou, et recouvre notamment les manifestations pour les droits des homosexuels ou encore les campagnes de prévention.

manif contre la loi anti-homo en Russie REUTERS

Des agressions homophobes en hausse. En Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993, les homosexuels sont très mal vus. Mais depuis la promulgation de la loi, les associations de défense des homosexuels ont noté une hausse des agressions homophobes, indique le quotidien britannique The Guardian. Les anti-gays utilisent notamment les réseaux sociaux pour piéger des homosexuels, souvent jeunes, afin de les battre et de les humilier. Avant de poster les vidéos de ces brutalités sur Internet. D’autres vidéos d’agressions ont circulé sur le web, comme celle du militant Kirill Kalugin, malmené le 2 août en plein Saint-Pétersbourg par des parachutistes russes, vue plus d’un million de fois.

La vidéo de Kirill Kalugin :

Des appels à boycotter les JO de Sotchi. Ce climat anti-homo n’est pas passé inaperçu à l’étranger. Des actions de protestation ont été organisées. Fin août, un journaliste américain a poussé un coup de gueule alors qu’il devait s’exprimer sur le verdict du procès Manning, rappelle le Huffington Post. "Je veux parler du contexte terrible d’homophobie qui existe en Russie en ce moment", a-t-il lancé sur la chaîne russe pro-Kremlin Russia Today.

L'intervention du journaliste américain :

Des athlètes étrangers ont en outre profité des Championnats du monde d’athlétisme, organisés à Moscou en août, pour afficher leur soutien à la cause homosexuelle. Et des voix s’élèvent déjà pour réclamer un boycott des JO d’hiver de Sotchi.

Cameron veut évoquer le sujet. Outre Barack Obama, qui a exprimé plusieurs fois son profond désaccord avec la loi votée en juin, le Premier ministre britannique, David Cameron, est lui aussi monté au créneau. Pendant le G20, il a d’ailleurs l’intention d’évoquer le sujet lors d’un entretien bilatéral avec Vladimir Poutine. Le président russe, lui, a assuré mercredi que les JO de Sotchi se dérouleraient sans discrimination contre les homosexuels, avant de poursuivre, lors d’une interview télévisée, que le compositeur Tchaïkovsky était homosexuel, ajoutant : "il est juste de dire que si nous l’aimons, ce n’est pas à cause de cela, mais c’était un grand musicien et nous aimons tous sa musique".