Qui est "le tueur sadique de Montréal" ?

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Assiya Hamza , modifié à
PORTRAIT - Luka Rocco Magnotta était déjà omniprésent sur le net avant son crime présumé.

Son visage est désormais connu à travers le monde entier. Luka Rocco Magnotta, activement recherché par Interpol pour avoir tué et démembré un homme à Montréal, aimait se présenter comme un être "déviant et torturé". Identités multiples, carrières multiples, sites internet divers et variés... le "tueur sadique de Montréal", comme le surnomment les médias canadiens, cherchait par tous les moyens à être dans la lumière.

Né dans la banlieue de Toronto, le fugitif s'appelait Eric Clinton Newman jusqu'en 2006. Sa mère, Anna Yourkin, aujourd'hui installée à Peterborough, n'a pas souhaité répondre au journal La Presse . Luka Rocco Magnotta avait coupé les ponts avec ses proches depuis plusieurs années, a précisé un porte-parole de la police.

Même ses voisins ignoraient tout de lui. Ou presque."Il était vraiment solitaire, peut-être même anti-social, à la limite", insiste Richard Peyette, un voisin de l'immeuble où il vivait à Montréal. "A chaque fois que je lui disais bonjour, il n'y avait même pas un signe de tête. Comme si je parlais au mur", insiste-t-il.

"Les monstres, les démons et les fantômes existent"

Ce bisexuel de 29 ans vivait de petits boulots : un peu de mannequinat, de strip-tease mais aussi des tournages dans des films pornos.

Personnalité narcissique, Luka Rocco Magnotta est omniprésent sur la Toile. Sites personnels, blogs, présence sur les réseaux sociaux, le jeune homme ne recule devant rien pour faire parler de lui. Et rarement sous un angle flatteur. 

"Les monstres, les démons et les fantômes existent. Ils vivent à l'intérieur de nous et des fois, ils gagnent", raconte cet homme sur Facebook. "Je suis naturellement attiré par les morts. Je n'ai pas honte", poursuit-il. "En 2003, j'ai découvert le corps momifié d'un homme dans une voûte. Je voulais l'amener chez moi", déclare-t-il sur un de ses blogs depuis supprimé.

"Je suis terriblement beau"

En 2007, Luka Rocco Magnotta avait également participé à une émission de téléréalité canadienne CoverGuy. Dans une vidéo reprise sur le site La Presse, le jeune homme, filmé lors de son audition à ce concours de mannequin, explique s'être levé tous les matins à 4h pour courir afin d'avoir une taille de mannequin. "Beaucoup de gens me disent que je suis terriblement beau", dit-il. Mais le candidat ne convainc pas. Il est recalé par le jury.

"Beaucoup de gens me disent que je suis terriblement beau" :



Toujours sur Internet, des rumeurs lui ont aussi prêté une liaison avec l'épouse et la complice du tueur en série Paul Bernardo, le pire qu'ait connu le Canada. Karla Homolka, condamnée pour participation au viol et au meurtre de deux adolescentes et de sa soeur, a été condamnée à la prison à vie. Après 14 ans de détention, elle a été libérée et s'est installée à Montréal. En 2007, Luka Magnotta a démenti la connaître dans une interview sur le Toronto Sun. Une version confirmée par l'avocate de Karla Homolka.

Tueur de chatons...

En décembre 2010, des internautes l'identifient encore comme étant l'auteur d'une vidéo postée sur YouTube dans laquelle il tue des chatons. Sur les images, on aperçoit un homme en train de filmer deux petits chats placés dans un sac dont il aspire l'oxygène avec un aspirateur. Dans un autre clip, le "tueur sadique de Montréal" offre encore un bébé félin à un python.

...  et nécrophile

Luka Rocco Magnotta a atteint le comble de l'horreur avec la vidéo 1 Lunatic 1 Ice Pick. Postée le 25 mai sur un site spécialisé, soit deux jours après la découverte d'un buste dans un tas d'ordures à Montréal, elle montre le meurtre d'un homme nu, ligoté sur un lit. Tué à l'aide d'un pic à glace, on le voit démembrer son corps et pratiquer la nécrophilie sur le cadavre ensanglanté.

"Ça peut être un grave psychopathe, un sadique mais ça peut être aussi une grave structure perverse", analyse Hubert Van Gijseghem, psychologue et expert psycholégal sur le site TVANouvelles. Pour le psychiatre Gilles Chamberland, de l'hôpital du Sacré Coeur à Montréal, le suspect doit être "fier de ce qu'il a fait" et risque de récidiver.

Rocco Luka Magnotta, Eric Clinton Newman ou Vladimir Romanov, le suspect est désormais activement recherché en France. Selon le Toronto Sun, il pourrait tout aussi bien avoir pris les traits d'une femme.