Que se passe-t-il au Kirghizstan ?

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Karine Lambin (avec agences) , modifié à
La flambée de violence repose sur des tensions ethniques dans un pays instable.

Les violences entre Kirghizes et Ouzbeks dans le sud du Kirghizstan ont fait plus de 170 morts, 1.700 blessés et 100.000 réfugiés en Ouzbékistan depuis jeudi soir. Tout aurait commencé par un conflit interethnique, qui s'est propagée dans la journée de jeudi. Cette étincelle a mis le feu aux poudres.

Des tensions ethniques. A l’origine des violences ? Une rumeur qui a circulé jeudi, accusant des Ouzbeks d’avoir violé une Kirghize. La situation a dégénéré dans le sud du pays et notamment à Och, la deuxième ville du pays. L’état d’urgence a été décrété vendredi et de nombreux Kirghizes ont fui. Les tensions entre Ouzbeks et Kirghizes couvent depuis la fin de l’Union soviétique et l’indépendance du pays en 1991. Si les Ouzbeks ne représentent que 14,5% des 5,3 millions d'habitants du Kirghizstan, ils composent près de la moitié de la population installée dans le sud du pays où les violences ont éclaté. Et ils dominent l'agriculture et le commerce local, favorisant l'émergence de ressentiments.

Un pays instable. Depuis le renversement du président Kourmanbek Bakiev, en avril, le pays est fragile, instable, et dirigé par un gouvernement provisoire débordé. Les habitants sont nombreux à voir dans les émeutes la main de l'ancien président déchu, qui attiserait les violences dans l'espoir d'empêcher le gouvernement intérimaire d'organiser le 27 juin un référendum sur l'adoption d'une nouvelle constitution. Le sud du Kirghizstan est en effet le fief de l'ancien président. Cette région est par ailleurs confrontée à une forte criminalité organisée, spécialisée dans le trafic de drogue.

Des bases militaires. Ce petit pays d'Asie centrale est enclavé entre la Chine, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. L'instabilité de la région préoccupe les Etats-Unis et la Russie, qui disposent de bases aériennes au Kirghizstan. La base américaine de Manas, au nord du pays, ouverte en 2001, au lendemain des attentats du 11-Septembre, est le point de transit des forces de l'Otan et du matériel militaire vers l'Afghanistan. Elle voit passer 35.000 soldats occidentaux chaque mois.