Qu'est-ce qui pourra arrêter Merkel ?

Angela Merkel.
Angela Merkel. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Chancelière depuis 2005, elle semble assurée d'une victoire aux législatives allemandes. Et sa longévité intrigue.

L'INFO - Mais quel est son secret ? Huit ans après être devenue chancelière, Angela Merkel reste toujours aussi populaire en Allemagne. A trois semaines des législatives allemandes du 22 septembre, sa victoire laisse peu de place au doute. Un unique duel télévisé l'a opposée dimanche à son adversaire, le social-démocrate Peer Steinbrück… que la "Kaiserin" devance de 30 points dans les sondages. L'occasion de passer en revue les secrets de cette longévité que bien des dirigeants européens lui envient.

Elle rassure les Allemands. Consciencieuse, travailleuse… Angela Merkel est perçue comme une femme de devoir. Parfois surnommée "Mutti" ("maman"), elle rassure les Allemands dans la tempête européenne. "Elle est devenue une sorte de mère de la nation", estime le politologue Oskar Niedermayer. "Elle incarne le commun des mortels et défend les intérêts allemands" dans la crise. "Tout ceci la fait apparaître très calme et terre-à-terre et ça plait aux gens". Les sondages sont sans appel : avec environ 60% d'opinions favorables, elle jouit d'une popularité sans équivalent depuis la guerre.

C'est une pragmatique. Ses adversaires lui reprochent une gestion au jour le jour, sans vision politique. Angela Merkel se veut pragmatique. C'est pour cela que les Allemands l'aiment, estiment Gerd Languth, une biographe de Merkel : "elle est extrêmement pragmatique. Ce n'est pas une idéologue, comme la plupart des Allemands en fait." Ainsi, elle ne craint pas les virages à 180 degrés, comme celui, spectaculaire, sur l'énergie nucléaire. En 2010, elle décidait d'allonger la durée d'activité des centrales. Mais quelques mois plus tard, après la catastrophe de Fukushima en mars 2011, elle annonce la sortie de cette technologie d'ici 2022.

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Humble et simple. David McAllister, de la CDU, met le succès d'Angela Merkel sur le compte de sa "normalité". "Elle est directe, les pieds sur terre. Ce que les Allemands aiment c'est la voir un vendredi à Bruxelles avec Hollande, Obama, Cameron et apprendre le jour suivant qu'elle est allée faire ses courses au supermarché", raconte-t-elle. 

Un "sphinx" prudent. Au premier plan depuis des années en Allemagne, Angela Merkal reste néanmoins une énigme pour ses compatriotes. L'un de ses biographes, Gerd Langguth, la présente d'ailleurs comme "un sphinx" qui a appris de ses années sous la dictature est-allemande à dissimuler ses opinions. "Qui est cette personne qui gouverne notre pays?", s'est récemment interrogé le Süddeutsche Magazine.

Le "système M" ? Dans son livre à charge "La marraine", l'ancien conseiller de Helmut Kohl, Gertrud Höhler, décrit ainsi le système Merkel : "pendant des années, la presse s'est demandé si elle gouvernait bien, mal ou même pas du tout… En réalité, Angela Merkel a mis en place un système autoritaire", estime-t-il.  Wolfgang Nowak, ancien conseiller de Gerhard Schröder, estime, lui, que "c'est la première fois dans l'histoire de la politique allemande que le cabinet du chancelier fait autant bloc : rien ne fuite. Angela Merkel ne parle qu'à un petit cercle de confiance".

Plus elle est attaquée à l'étranger, plus les Allemands la soutiennent. Dans les rues de Lisbonne ou de Madrid ont fleuri des portraits d'Angela Merkel affublée d'une moustache à la Hitler. La foule athénienne l'a accusée de vouloir mettre la Grèce à genou pour mieux la spolier. Pas de quoi fragiliser la chancelière, au contraire : "elle a remarqué que plus elle était attaquée à l'extérieur, plus les Allemands la soutenaient", estime Gerd Languth, biographe d'Angela Merkel. "Les Allemands ne savent pas ce qu'elle veut mais leur confiance en elle est inébranlable et si le bateau tangue elle est la seule qu'ils veulent à la barre", ajoute-t-elle.