Pussy Riot : un verdict "disproportionné"

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C.B avec AFP , modifié à
REACTIONS - La communauté internationale dénonce la condamnation des chanteuses russes.

"Disproportionnée". C'est le terme qui revient en boucle au sein de la communauté internationale pour évoquer la condamnation à deux ans de camp des Pussy Riot. Les jeunes femmes du groupe de rock russe ont en été condamnée, vendredi pour "hooliganisme" après avoir chanté une prière punk anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou le 21 février dernier.

"Un verdict d'un autre âge"

Une sentence vivement critiquée par les Etats-Unis et les membres de l'Union européenne et notamment la France. Interrogée par Europe 1, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, s'est dite consternée. "Je considère que cette sentence est absolument disproportionnée. C'est un verdict d'un autre âge pour une Russie que l'on croyait sur le chemin d'une évolution démocratique", déplore la ministre.

Aurélie Filippetti appelle donc les pays à défendre la liberté artistique. "La liberté artistique a toujours été liée à cet esprit de rébellion contre l'ordre établi, ça peut être l'ordre politique, mais aussi l'ordre religieux. Tout grand pays qui aspire à rejoindre le camp de la démocratie se doit de protéger la liberté des artistes même quand elle dérange les autorités en place", a-t-elle estimé.

De son côté, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, "regrette profondément la décision rendue" par la justice russe. "A travers cette sentence, c'est la liberté de création et la liberté d'expression qui se trouvent remises en cause. Tout en espérant que les voies d'appel permettront de revenir sur cette sanction", a déclaré la porte-parole du gouvernement.

A l'encontre des valeurs européennes

Outre-Rhin, la chancelière allemande Angela Merkel a critiqué une peine de prison "démesurée" qui "n'est pas en harmonie avec les valeurs européennes d'Etat de droit et de démocratie pour lesquelles la Russie s'est prononcée en tant que membre du Conseil de l'Europe". "Une société civile dynamique et des citoyens engagés politiquement sont une condition nécessaire à la modernisation de la Russie et pas une menace pour ce pays", a ajouté la chancelière, ancienne citoyenne de l'ex-RDA communiste.

Auparavant, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton s'était déclarée "profondément déçue" par le verdict qu'elle avait jugé "disproportionné". Cette affaire "est contraire aux obligations internationales de la Russie en matière de respect de la liberté d'expression", a estimé la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères dans un communiqué.

Demande de révision du procès

Pour sa part, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) redoute une tendance dans plusieurs pays à limiter la liberté d'expression. "Les charges de hooliganisme et de haine religieuse ne doivent pas être utilisées pour limiter la liberté d'expression. Des déclarations, aussi provocantes, satiriques ou sensibles soient-elles, ne doivent pas être restreintes ou supprimées et, dans aucune circonstance, elles ne devraient amener à la prison", a estimé la représentante pour la liberté de la presse à l'OSCE, la Bosnienne Dunja Mijatovic.

Outre-Atlantique, le département d'Etat américain a dénoncé un verdict "disproportionné" et s'est dit "préoccupé" par "l'impact négatif sur la liberté d'expression en Russie". "Nous pressons les autorités russes de réviser ce procès et de faire en sorte que la liberté d'expression soit maintenue", a poursuivi le département d'Etat, rejoignant des dénonciations exprimées par l'Union européenne, Paris ou Berlin. Le mari de l'une des membres du groupe estime, de son côté, que seule une révolution pourra sauver les chanteuses. Et de prévenir : "c'est ce qu'il va y avoir".