Port d'armes : Newton, la tuerie de trop ?

La tuerie de l'école de Sandy Hook dans le Connecticut vendredi, qui a fait 27 morts dont 20 enfants, poussera-t-il Washington à légiférer sur les armes à feu? Après une année particulièrement sanglante, le débat est réactivé au plus haut niveau.
La tuerie de l'école de Sandy Hook dans le Connecticut vendredi, qui a fait 27 morts dont 20 enfants, poussera-t-il Washington à légiférer sur les armes à feu? Après une année particulièrement sanglante, le débat est réactivé au plus haut niveau. © REUTERS/Larry Downing
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avec AFP , modifié à
Barack Obama a promis des "actions significatives" après la fusillade dans le Connecticut.

La déclaration. "Nous avons subi trop de tragédies. Notre pays a traversé ce genre de choses trop souvent. Il va falloir que nous nous rassemblions et entreprenions des actions significatives pour empêcher de telles tragédies, indépendamment de la politique politicienne", a prévenu vendredi soir le président des États-Unis, Barack Obama, après la terrible fusillade qui a éclaté dans la ville de Newton, tuant une trentaine de personnes, en majorité des enfants. Faut-il comprendre dans cette déclaration une volonté du président de réviser la législation sur le port d'armes ?

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La présidence avait dans un premier temps déclaré que ce n'était "pas le jour" pour engager la discussion, par la voix de son porte-parole. Mais elle a finalement ouvert, après l'intervention de Barack Obama, un débat en ligne, sur le site de la Maison Banche.

Le débat éclate sur la Toile. Quelques instants après le drame, le débat faisait déjà rage. "La seule manière d'honorer ces enfants morts est d'exiger une réglementation stricte des armes. Trop tôt pour dénoncer une nation folle des armes? Non, trop tard. Au moins TRENTE ET UNE tueries dans des écoles depuis Columbine", a ainsi tweeté vers 21h le réalisateur américain Michael Moore.

"Si ce n'est pas le moment d'avoir une discussion sérieuse sur le contrôle des armes, je ne sais pas quand cela arrivera", a également réagi l'élu démocrate, Jerrold Nadler, sur le réseau social. "Je mets le président Obama, le Congrès et le public américain au défi d'agir au-delà du choc, et d'enfin faire quelque chose".

2012, année sanglante. Les médias américains ont eux aussi réactivé une nouvelle fois le débat, comme ils l'avaient déjà fait après la tueries d'Aurora dans le Colorado cet été, celle contre un temple sikh, également cet été, ou encore cette semaine après une fusillade dans un centre commercial de l'Oregon.

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"Ce n'est pas un jour pour faire de la politique", a pour sa part déclaré Susan Page, la chef du bureau de Washington du grand quotidien USA Today, citée par Politico. Mais "est-ce le point de non-retour? Je ne sais pas". "Il faut qu'on voit du changement, qui soit mesurable", a déclaré sur son antenne Alex Wagner, journaliste de la chaîne de gauche MSNBC. "On espère qu'il y aura suffisamment de poids politique pour réformer la façon dont nous traitons les armes et la violence par armes à feu dans ce pays".

La présidence prend le temps... Cet été, la Maison-Blanche avait rappelé que la position du président en la matière restait de s'assurer que ceux qui ne sont pas autorisés à porter des armes ne puissent pas s'en procurer, tout en garantissant aux autres Américains le droit inscrit dans la Constitution à posséder des armes. Elle voulait éviter, selon de nombreux analystes, de réactiver un débat sensible avant la présidentielle américaine.

Ce que dit la loi. Aux États-Unis, le deuxième amendement de la constitution américaine garantit le droit au port d'armes. Il stipule qu'une "milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé." Cet amendement permet donc à tout citoyen américain, exceptés les anciens criminels et les malades mentaux, de détenir librement une ou plusieurs armes, de la semi-automatique au fusil d'assaut. Seules les armes automatiques restent interdites.

Les défenseurs du port d'armes s'y accrochent. Les partisans du deuxième amendement de la Constitution sont rodés. Comme à chaque tuerie, ils confient leur choc et rappellent que la solution n'est pas à chercher du côté de nouvelles restrictions.  "Nous déplorons la mauvaise utilisation des armes à feu", a déclaré à l'AFP Alan Gottlieb, fondateur de la Fondation pour le Second Amendement. "Mais il y a un bon côté aux armes qu'on ne doit pas oublier. Ce qui me reste en travers de la gorge, c'est que tous ces crimes complètement fous se sont déroulés dans des lieux où il est interdit d'avoir des armes", poursuit-il, estimant que les adultes des écoles devraient avoir le droit d'être armés.