Pédophilie : l’Eglise belge accablée

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Europe1.fr (avec agences)
L’enquête sur les cas de pédophilie a pris des airs de "dossier Dutroux de l'Eglise".

 

L'Eglise catholique de Belgique, secouée par des scandales de pédophilie, a entamé une difficile opération vérité, mais elle ne s’attendait certainement pas à de tels résultats. La commission chargée de faire la lumière sur les cas de pédophilie a annoncé vendredi avoir récolté environ 500 témoignages de victimes, et recensé 13 suicides de victimes.

 

La "Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale" a été mise sur pied par l'Eglise mais elle est dirigée par un pédopsychiatre indépendant, Peter Adriaenssens. Le rapport qu'elle a rédigé est consultable en ligne.

 

Près de 500 témoignages en seulement 6 mois

 

Un déluge de plaintes, 475 entre janvier et juin 2010, a déferlé sur la commission après le dernier scandale en date outre-quiévrain. L'évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, a reconnu avoir abusé sexuellement de son neveu mineur entre 1973 et 1986, et a été poussé à la démission le 23 avril.

 

"C'est le dossier Dutroux de l'Eglise", a déclaré le professeur Adriaenssens, comparant l'impact que devrait avoir son rapport sur la société belge avec le choc causé par la révélation des crimes du pédophile meurtrier Marc Dutroux au milieu des années 1990.

 

Des statistiques embarrassantes

 

La plupart des témoignages concernent des faits commis entre les années 50 et les années 80 par des ecclésiastiques, mais aussi des professeurs de religion ou des accompagnateurs de mouvements de jeunesse. Deux tiers des témoignages proviennent d'hommes, pour un tiers de femmes, en moyenne âgés de 50 à 60 ans aujourd'hui.

 

Le calvaire des victimes a commencé lorsqu'ils avaient en moyenne 12 ans. Pour certains, les faits ont débuté alors qu'ils n'étaient âgés que de deux ou cinq ans. La commission a établi "qu'aucune congrégation n'échappe à l'abus sexuel de mineurs par un ou plusieurs de ses membres", disent les auteurs.

 

"On était tout à fait mal informé"

 

"On se rend compte qu'on était tout à fait mal informé et que l'on ne savait pas la gravité des choses et le fait que ces victimes étaient blessées à vie", a réagi l'évêque de Tournai, Guy Harpigny.

 

"Certaines ont commis des suicides. C'est extrêmement grave. La mentalité est en train de changer et je crois que les autorités dans l'Eglise sont prêtes aussi à agir dans ce changement", a espéré l'évêque, chargé de la question de la pédophilie au sein de l'Eglise belge.

L'ancien primat de Belgique, le cardinal Godfried Danneels, a néanmoins été forcé de démissionner début 2010 pour avoir tenté d'étouffer plusieurs de ses affaires dans le but de protéger l'image de son institution.