Pédophilie : L’ONU peut-elle contraindre le Vatican à agir ?

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avec Virginie Riva et AFP
MISE AU POINT - Sévèrement dénoncé par l'ONU pour sa politique face aux abus sexuels du clergé, le Vatican parle d’ingérence.

L’INFO. L'ONU reproche au Vatican de ne pas avoir coopéré par le passé avec les autorités civiles sur les affaires de pédophilie. Elle juge également que le Saint-Siège a fait obstacle à la justice. Les Nations Unies réclament maintenant que le Vatican remette à la justice tout prêtre coupable de pédophilie.

>> Mais l’ONU peut-elle contraindre le Vatican à agir ?

Non, le Vatican peut faire la sourde oreille. L’ONU ne peut pas obliger le Vatican à rompre la loi du silence et à livrer à la justice les prêtres responsables d’actes de pédophilie. Si c’est la première fois que le Saint-Siège se retrouve sévèrement mis en cause par un organe de l'ONU, le Comité des Nations unies sur les droits de l'enfant, qui fait autorité dans son domaine, ses recommandations n'ont cependant pas un caractère obligatoire.

Le Vatican a son propre droit, avec ses propres tribunaux. Le Saint-Siège n’est d’ailleurs pas tenu de communiquer en la matière. Et le Vatican ne fait pas partie des états membres de l’ONU.

Le Vatican parle d’ingérence.  Dans sa première réaction, le Saint-Siège a "pris acte" des vifs reproches de l'ONU à son égard concernant les sévices pédophiles, mais a rejeté "une tentative d'ingérence" dans les positions de l'Église sur l'avortement, également évoquée dans le rapport. Puis l’observateur du Vatican, auprès de l'ONU à Genève, a accusé les Nations unies de "déformer" les faits dans un rapport "préparé à l'avance".

L’Eglise ne reste pas sans rien faire, mais... Si le Vatican ne peut être contraint par l’ONU, cela ne signifie pas que rien ne sera fait par le Saint-Siège.  Benoît XVI avait, d’ailleurs, en son temps "recommandé" que le Vatican collabore avec la justice civile. Il avait également demandé pardon aux victimes.

Du point de vue législatif, "des choses ont été faites. Sur la dénonciation aux autorités civiles, l'Eglise dit que les épiscopats doivent agir selon les normes en vigueur dans leur pays", rappelle Andrea Tornielli, vaticaniste de La Stampa et coordinateur du site Vatican Insider. Et de son côté, le Pape François a parlé de "honte" et a mis en place une commission en décembre dernier spécialement chargée du dossier. Malheureusement, l’organisation et le travail de cette commission demeurent très opaques.  

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