Nobel : la colère de la Chine

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Pékin n’apprécie pas que le prix de la Paix soit attribué à un dissident. Et le fait savoir.

Aux traditionnels concerts de félicitations et de louanges saluant l’attribution du prix Nobel de la Paix s’est ajoutée vendredi une voix forte et puissante, chargée de colère. La Chine a en effet fort peu goûté que Liu Xiaobo, l’un de ses dissidents, emprisonné dans ses geôles, soit ainsi honoré par la Fondation Nobel, basée en Norvège.

"L'attribution du prix de la paix par le comité à cette personne contredit totalement ses objectifs et constitue une obscénité contre le prix de la paix", déclare le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu, dans un communiqué mis en ligne. "Liu Xiaobo a été condamné à la prison parce qu'il a violé la loi chinoise. Ses actions sont diamétralement opposées au prix Nobel. La volonté de Nobel était que ce prix soit remis à une personne ayant favorisé la paix entre les peuples, l'amitié internationale et le désarmement."

La France du bout des lèvres

Pékin a déjà pris plusieurs mesures de rétorsion, en censurant par exemple la diffusion de l’information sur Internet. Par ailleurs, le régime communiste, poids lourd économique, brandit la menace de sanctions. La Chine a ainsi assuré que la distinction nuirait aux relations sino-norvégiennes, alors que les deux pays négocient en ce moment un accord commercial bilatéral. Pékin a d’ailleurs convoqué l’ambassadeur de Norvège pour y entendre une protestation officielle. .

Face à la puissance chinoise, certains pays ont ainsi décidé de ne pas en rajouter dans les félicitations à Liu Xiaobo. C’est par exemple le cas de la France. Nicolas Sarkozy, qui tient à avoir le soutien de Pékin lors de sa future présidence du G20, a laissé Bernard Kouchner se charger de la tâche. "Cette décision incarne la défense des droits de l'homme partout dans le monde", a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué laconique.

"Le comité Nobel a voulu adresser un message fort à tous ceux qui militent pacifiquement pour la promotion et la protection des droits de l'homme". Poursuit le chef de la diplomatie française qui rappelle également que La France a "appelé à sa libération à plusieurs reprises" et qu’elle réitérait cet appel.