NSA : des diplomates français espionnés

Les révélations d'Edward Snowden n'en finissent pas de destabiliser les relations diplomatiques de son pays.
Les révélations d'Edward Snowden n'en finissent pas de destabiliser les relations diplomatiques de son pays. © MAXPPP
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Selon Der Spiegel, l'agence nationale de sécurité américaine a également écouté la chaîne Al-Jazeera.

Les nouvelles révélations du Spiegel intéressent particulièrement la France. Dimanche, l'hebdomadaire allemand déjà auteur de plusieurs révélations sur le scandale des écoutes orchestrées par l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) a affirmé que des diplomates français ont été espionnés aux Etats-Unis. Le magazine révèle que la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera a également été écoutée par les renseignements américains.

Une "réussite". Le Spiegel s'appuie sur un document interne de l'agence datant de 2010 et classé "très secret". Ce dernier a permis à l'hebdomadaire allemand d'affirmer que la NSA avait concentré une partie de ses efforts sur des représentations diplomatiques françaises à New York et Washington. L'agence s'est en particulier intéressée au réseau privé virtuel (VPN) reliant les ordinateurs des ambassades, des consulats et du siège parisien du ministère français des Affaires étrangères, selon l'hebdo. Dans le document consulté par Der Spiegel, cette action est qualifiée de "réussite". La NSA a en outre installé des micros au sein des Nations Unies et rassemblé des captures d'écran provenant de sa succursale de New York pour surveiller son allié français.

La com' interne d'Al-Jazeera étudiée. L'agence de sécurité américaine a également espionné la communication interne, particulièrement protégée, de la chaîne qatarie Al-Jazeera. Pour cette seconde affirmation, l'hebdomadaire allemand se base sur un rapport du centre d'analyse des réseaux de la NSA de mars 2006, issu des documents obtenus par Edward Snowden, l'ex-informaticien de la CIA qui a décidé de sortir de sa réserve pour alerter l'opinion mondiale début juin. La NSA serait parvenue à lire des documents protégés provenant de "cibles intéressantes" de la chaîne de langue arabe.

Révélations en cascades. Engagé dans la lutte pour la transparence, Der Spiegel avait déjà révélé que la NSA avait pénétré dans le système de l'ONU pendant l'été 2012. Fin juin, le magazine avait par ailleurs affirmé en se fondant sur des documents fournis par Edward Snowden que la NSA avait pris pour cibles les bureaux de l'Union européenne à Bruxelles et la mission diplomatique de l'UE à Washington et aux Nations unies.

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D'autres révélations à suivre ? Et il pourrait y avoir encore des révélations concernant le programme Prism, le vaste système d'écoutes et de surveillance mis en place par la NSA. Mi-juillet, le whitesblower Snowden exilé à Moscou et qui se dérobe toujours à la justice américaine, a assuré qu'il détenait encore "une quantité énorme de documents". "Snowden a suffisamment d'informations pour causer en une minute plus de dommages qu'aucune autre personne n'a jamais pu le faire dans l'histoire des Etats-Unis", affirme le journaliste américain Glenn Greenwald. Ce journaliste avait été choisi par Snowden pour effectuer les premières révélations fracassantes de cette affaire qui n'en finit pas d'éclabousser la diplomatie internationale.

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Le mea culpa des Etats-Unis. Acculé, le gouvernement américain a fini par faire son mea culpa, dans cette gigantesque affaire d'écoutes. Mi-août, la Maison-Blanche a (enfin) reconnu que la NSA avait violé la loi sur la surveillance entre 2008 et 2011. Pour tenter d'apaiser les tensions diplomatiques, la NSA aurait décidé de "détruire" ces éléments collectés "par inadvertance" et de renforcer ses procédures de contrôle.