Mali : l’intervention militaire se précise

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Solène Cordier avec agences , modifié à
Alors que les islamistes avancent, la France prône une intervention, sans s'afficher en 1ère ligne.

L’idée d’une intervention au Mali fait son chemin. Alors que Laurent Fabius évoquait jeudi l’usage probable de la force "à un moment ou à un autre" au nord du pays, Jean-Yves Le Drian a déclaré pour sa part vendredi qu’il n’était pas favorable à ce que la France soit "en première ligne sur ce sujet".

Mais à 24 heures d’intervalle, le ministre des Affaires étrangères et celui de la Défense ont tous les deux fait part de leur inquiétude devant l'évolution de la situation dans ce pays de l'ouest de l'Afrique. Depuis plusieurs semaines, les islamistes qui ont pris le contrôle du nord procèdent au saccage de Tombouctou, considérée comme un joyau de la civilisation africaine.

carte mali afrique

"Eradiquer les mouvements difficiles"

"Ma principale préoccupation aujourd'hui, c'est la situation au Sahel, non seulement pour les populations du Sahel, mais aussi pour notre propre sécurité", a déclaré Jean-Yves Le Drian sur Europe 1.

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"Il importe d'éradiquer les mouvements difficiles qui se produisent en ce moment, avec des troupes de rebelles islamistes qui ont pris Tombouctou, Gao, et une situation au Mali qui fait qu'il n'y a pas de gouvernement constitué", a soutenu le ministre de la Défense.

Pas d’intervention française

Il a toutefois exclu une intervention à l'initiative de la France dans la région. "Si la question est de savoir si nous pouvons être les gardiens de la paix dans le monde entier : non !", a déclaré Jean-Yves Le Drian.

"Par contre, s'il y a des demandes d'interventions, à condition qu'elles soient internationales et validées par le Conseil de sécurité de l'Onu, nous nous prêtons à des opérations de maintien de la paix dans plusieurs endroits du monde et nous continuerons à le faire", a-t-il ajouté.

Jeudi, le quotidien Libération titrait déjà en Une "Mali : faut-il intervenir ?".

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Le même jour, Laurent Fabius a estimé qu’"à partir du moment où la légalité sera rétablie au Sud, il faut s'intéresser au Nord, c'est-à-dire qu'à un moment ou à un autre, il est probable qu'il y aura utilisation de la force".

Une telle intervention serait menée par des Africains avec un soutien international, a précisé le ministre des Affaires étrangères.

"La France pour des raisons évidentes ne peut pas être en première ligne" de cette éventuelle intervention, a-t-il précisé, faisant valoir "le risque d'une réaction contre le colonisateur" français.

Les islamistes seuls maîtres au nord

A la faveur d'un coup d'Etat à Bamako, le nord du Mali est tombé fin mars aux mains des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), et surtout des groupes islamistes Ansar Dine et Mouvement pour l'unicité ainsi que le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), et de leur allié Aqmi.

Les islamistes ont chassé mercredi le MNLA de son dernier bastion et sont désormais les maîtres de toutes les grandes villes du nord du pays.

Attente d’une résolution de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU a, dans une résolution adoptée la semaine dernière, appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali qui s'allieraient à Al-Qaïda.

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest  (Cédéao) prépare depuis des semaines l'envoi éventuel d'une force au Mali, dont l'effectif est fixé à 3.300 hommes. Ses dirigeants ont appelé le Conseil de sécurité à "accélérer" l'adoption d'une résolution autorisant son déploiement.