Londres : qui sont les émeutiers ?

Un prévenu essaie de préserver son anonymat, jeudi. Les médias britanniques ont presque systématiquement publié la photo de son visage à découvert.
Un prévenu essaie de préserver son anonymat, jeudi. Les médias britanniques ont presque systématiquement publié la photo de son visage à découvert. © Reuters
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Nicolas Gauduin et Amandine Alexandre
Les premiers interpellés ont comparu devant les tribunaux britanniques. Une succession presque ininterrompue depuis mercredi soir.

Pour faire face aux arrestations massives en Angleterre, dépassant les 1.200 jeudi matin, les tribunaux britanniques travaillent sans relâche. A Manchester, dans la région de Birmingham et à Londres, certains tribunaux sont même restés ouverts toute la nuit de mercredi à jeudi pour décider du sort des suspects interpellés au cours des heures précédentes.

D'après la Metropolitan police, moins d'une semaine après le début des émeutes, un tiers des suspects arrêtés à Londres était passé mercredi soir devant un juge. Devant les tribunaux, les camions défilent. A leur bord, des dizaines de suspects placés jusqu'à présent en garde-à-vue.

Un garçon de 11 ans parmi les émeutiers

Au fil des audiences, les Londoniens ont découvert, effarés, le profil des émeutiers. Parfois très atypique : un garçon de 11 ans, un maître nageur, un postier… Petit florilège, parmi les exemples piochés dans la presse britannique jeudi matin.

Un auxiliaire d'éducation de 31 ans, qui gagne l'équivalent de 1.135 euros par mois.Il a participé au pillage d'un magasin de hi-fi, lundi soir, dans le sud de Londres, et s'est rendu à la police avant d'avoir pu emporter quoi que ce soit. L'homme vit avec ses parents et travaille chaque jour dans une école du quartier de Stockwell.

Ses amis le décrivent comme quelqu'un de "placide", qui n'a jamais eu de problème avec la police et qui s'est "laissé emporter" dans la folie des émeutes. A un journaliste du Sunday Times, il a confié être soulagé que sa mère ne soit pas présente au tribunal. "Elle ne mérite pas tout cela", a-t-il dit.

Un garçon de 11 ans. Il est le plus jeune prévenu à être comparu pour l'instant. Littéralement traîné devant le juge par sa mère, manifestement furieuse, il a plaidé coupable pour le vol… d'une corbeille à 50 livres (57 euros), dans des circonstances indéterminées. Il a raconté aux policiers qu'il l'avait prise "pour l'un de ses amis".

En liberté surveillée, le garçon devra être accompagné par un tiers lors de la moindre de ses sorties, jusqu'à son jugement qui interviendra d'ici la fin du mois.

Un maître-nageur de 30 ans, qui s'est mêlé à des pilleurs dans la mise à sac d'un magasin. Il a versé quelques larmes durant l'audience, pendant que l'avocat expliquait que son client avait "retenu la leçon" après deux nuits passées en détention.

"Il est absolument, absolument désolé de ce qu'il a fait. Il se dégoûte lui-même", a poursuivi l'avocat. Peine perdue, l'homme est retourné en détention une nuit de plus en attendant une prochaine audience.

Un jeune homme sûr de son fait. Les lunettes protectrices de ski qu'il portait lors de son arrestation ? Elles étaient bien à lui, il les avait emportées de chez lui pour se protéger les yeux dans la rue.

Et le lecteur Blu-Ray qu'il portait dans les bras ? Il nie l'avoir volé. Il se trouvait simplement au milieu du pillage d'un magasin où près de 200.000 livres de marchandises ont été dérobés. Retour en détention.

Un postier arrêté à bord d'une voiture remplie de téléviseurs et d'ordinateurs volés, un garcon de 18 ans qui s'est servi de son vélo pour endommager un véhicule de police, une jeune fille interpellée avec un écran plat qui a répondu aux policiers que "tout le monde faisait la même chose"…

Les comparutions ne sont pas près de s'achever devant les tribunaux britanniques, alors que les arrestations vont se poursuivre dans les jours à venir. Tôt ou tard, le problème du nombre de places disponibles en détention devrait finir par se poser.