Libye : le casse-tête des migrants

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F.C avec Isabelle Ory , modifié à
Les 27 se réunissent à Bruxelles pour évoquer l’arrivée massive de sans-papiers.

Le sujet est ultra-sensible au sein des 27. Les six pays de l'Union européenne riverains de la Méditerranée, l’Italie, la France, l’Espagne, la Grèce, Malte et Chypre s’inquiètent de l’arrivée attendue de milliers de migrants en provenance de Libye. Mercredi, ils ont exhorté l'UE à créer un "fonds de solidarité" spécifique en prévision d'un exode massif. Et veulent que les émigrants ou demandeurs d'asile soient répartis dans l'ensemble de l'UE.

L’Italie craint "un exode biblique"

En première ligne, l’Italie. Le pays pourrait devoir faire face à l'arrivée de 200.000 à 300.000 migrants en provenance de Libye en cas de chute de Mouammar Kadhafi. "Nous savons à quoi nous attendre si le système au pouvoir en Libye tombe : une vague inhabituelle de 200.000 à 300.000 immigrés. Soit dix fois le phénomène des réfugiés albanais que nous avons connu dans les années 1990", a expliqué le chef de la diplomatie transalpine Franco Frattini dans une interview au Corriere della Sera. "Ce sont des estimations basses. Ce serait un exode biblique" a-t-il prophétisé.

Jusqu’à présent, la Libye formait un véritable rempart contre le départ vers l'Europe de centaines de milliers de candidats à l'émigration en provenance d'Afrique subsaharienne. Un traité conclu en août 2008 entre l'Italie et la Libye avait en effet abouti à la diminution de 94% des débarquements de clandestins en Italie. Dans ces conditions, la Commission européenne prend très au sérieux les menaces des autorités libyennes de cesser toute coopération avec l'UE dans ce domaine. Il y aurait, à l’heure actuelle, en plus des Libyens, environ 1,5 million de clandestins en Libye, venus essentiellement des pays du Sahel, d’Irak et d’Afghanistan.

Politique de la patate chaude

L’agence Frontex, qui surveille les frontières de l’Union, doit présenter jeudi aux 27 pays membres les différents scénarios pour faire face à un éventuel afflux de migrants. Rome veut que les autres pays prennent leur part du fardeau dans les demandes d’asile. Une demande qui, pour l’instant, suscite peu d’enthousiasmes au sein des pays membres. Interrogé mercredi sur le sujet, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux a pris soin de rester très évasif sur la question. L’Allemagne et la Scandinavie n’ont pas pris autant de gants et ont déjà indiqué qu’ils refusaient d’accueillir des migrants.