Libye : l’UE divisée sur l'option militaire

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avec Isabelle Ory , modifié à
Les 27 réclament à l'unanimité le départ de Kadhafi. L’option militaire, voulue par Paris, fait débat.

Mouammar Kadhafi doit démissionner "sans délai". Sur ce point, le Conseil européen a parlé d’une seule voix à l’issue d’une réunion extraordinaire sur la crise libyenne à Bruxelles. Les violences en cours contre la population civile ont aussi été condamnées.

La reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) libyen comme un interlocuteur "légitime" a également fait l’unanimité. Les dirigeants européens ne sont toutefois pas allés aussi loin que Paris. Jeudi, Nicolas Sarkozy avait présenté le Conseil national de transition (CNT), comme "le seul représentant légitime du peuple libyen".

Divergences palpables

La possibilité d’une intervention militaire est loin, en revanche, de faire consensus. "La sécurité de la population libyenne doit être garantie par tous les moyens nécessaires", souligne ainsi prudemment la déclaration commune. Si rien n’est formellement exclu, les divergences sont palpables.

Nicolas Sarkozy poussait pour une mention plus explicite de l’option militaire. En arrivant à Bruxelles, le chef de l'Etat avait assuré que la France et la Grande-Bretagne étaient disposés à des actions "ciblées". Trois conditions ont été posées en préalable à toute intervention : "un besoin démontrable, une base juridique claire et un soutien régional". Autrement dit : le bombardement de population civiles par le régime Kadhafi, un mandat des Nations Unies et le soutien de la Ligue arabe.

Merkel "sceptique"

De nombreux pays européens, l'Allemagne en tête, ont refusé d'aller aussi loin. Angela Merkel s'est ainsi dite "fondamentalement sceptique" quant à une intervention militaire à ce stade.

Le passage portant sur l’éventuelle mise en place d’une zone d'exclusion aérienne, chère à Londres et Paris, n'a pas non plus été retenu dans la déclaration finale. "Que ferons-nous si ça ne fonctionne pas ? Nous irons avec des troupes terrestres ?", a ainsi pointé le ministre allemand des Affaires étrangères, en appelant à tirer les leçons de l'Irak et de l'Afghanistan.

Sur le papier, l’option militaire reste toutefois ouverte. Deux rendez-vous diplomatiques pourraient être déterminants pour trancher : la réunion lundi et mardi des ministres des Affaires étrangères du G8 et le sommet tripartite -Union européenne, Ligue arabe et Union africaine- qui se tiendra "dans les prochaines semaines".